Pratiquement aucun média ne nous en parle !
C’est pourtant un conflit qui dure depuis plus de trois semaines, mais ni LCI, ni BFMTV, ni même CNews ne couvrent ces manifestations d’agriculteurs qui se déroulent dans toute la France.
A partir d’octobre 2018, les Gilets jaunes devinrent un fameux symbole des manifestations des ronds-points!
Aujourd’hui, ce sont les panneaux d’entrée d’agglomération qui sont retournés par les agriculteurs en colère. Plus de 10 000 panneaux ont ainsi été retournés en France !
Cet article du Club de Valeurs actuelles nous en dit plus :
Le grand ras-le-bol des agriculteurs
Hausse des taxes, prolifération des normes, menace sur la souveraineté alimentaire… Après avoir retourné des milliers de panneaux d’entrée de commune, les paysans mettent en garde le gouvernement.
Le ciel s’assombrit au-dessus de Salency (Oise), les nuages noirs menacent les plaines situées de part et d’autre de la commune. Ce petit village du Noyonnais, au cœur de la Picardie, incarne le mouvement de colère des agriculteurs qui gagne la France entière depuis une dizaine de jours. Vendredi dernier, le panneau signalétique à l’entrée du village a été retourné par l’un des paysans, Éric B., à la suite de l’appel lancé par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), premier syndicat agricole, et des Jeunes Agriculteurs (JA). Le maire du village, Hervé Deplanque, avait été prévenu de l’initiative : « Non seulement je comprends nos paysans, mais je les soutiens », glisse l’élu municipal.
Un maire, lui-même issu du monde agricole, qui a vu les petites fermes disparaître les unes après les autres, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que trois sur sa commune :
On sait bien que les paysans râlent tout le temps, parce qu’ils ont trop de soleil ou trop de la pluie. Mais là, ils ont raison, on marche sur la tête.
Il prend l’exemple des obligations de jachère :
Comment expliquer que les agriculteurs soient obligés de mettre en jachère alors qu’on a les meilleures terres céréalières et que dans certains pays, la population meurt de faim ?
Ce mouvement des panneaux à l’envers, qui a touché plus de 10 000 communes à travers la France selon la FNSEA, est inoffensif et apparemment pacifique : les agriculteurs ont promis de remettre les panneaux à l’endroit sous dix jours. Or, c’est bien une révolte paysanne qui gronde. Hervé Deplanque poursuit :
Le sentiment d’abandon est là depuis longtemps mais là, ça s’amplifie. Si les agriculteurs ne sont pas écoutés, j’ai peurqu’ils aillent plus loin et que ça dégénère comme avec les “gilets jaunes” .
Dans de nombreuses villes, la tension monte. À Rouen, la pelouse de la préfecture a été labourée par des agriculteurs en colère. En Vendée, tracteurs, bœufs et chevaux de trait se sont retrouvés devant la préfecture de La Roche-sur-Yon. Dans le Tarn-et-Garonne, des pneus et encombrants ont été brûlés devant la sous-préfecture de Castelsarrasin. À Orthez, Pau et Saint-Palais (Pyrénées-Atlantiques), des palettes et des bottes de foin ont été déversées devant les bâtiments administratifs. Il y a quelques semaines, à Rodez (Aveyron), la direction des finances publiques a été murée.
Taxes multipliées par trois
Car cette noble profession est en fait au bord de la crise de nerfs. C’est une annonce de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances et ancien ministre de l’Agriculture, qui a mis le feu aux poudres : la fin progressive de l’exonération fiscale sur le gazole non routier inscrite dans le projet de loi de finances pour 2024. Cette mesure prévoit un sextuplement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) d’ici à 2030, qui passerait de 3,86 centimes par litre actuellement à 23,81 centimes. Le surcoût, certes compensé par d’autres aides, est évalué à 2 000 euros pour une exploitation agricole de 100 hectares qui consomme 10 000 litres de gazole par an. Une décision qui intervient au pire moment.
Les agriculteurs ont vu leur facture énergétique tripler depuis le début de la guerre en Ukraine. Illustration avec le secrétaire général adjoint de la FNSEA, Thierry Coué, éleveur de porcs en Bretagne. Il confie : « Ma facture mensuelle est passée de 5 000 à 15 000 euros pour mon atelier de 400 truies et l’exploitation de 140 hectares de terres. » Il pointe ensuite l’augmentation de la taxation sur l’eau, très exactement « une hausse de la redevance sur le prélèvement d’eau pour l’irrigation », elle aussi inscrite dans le projet de loi de finances 2024. Gérée par les agences régionales de l’eau, cette redevance pourrait doubler, voire tripler dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Thierry Coué continue de décrire l’accumulation des charges financières, mais aussi administratives : « On a un État contrôleur. Je consacre 30 % de mon temps aux obligations administratives et je n’arrive même plus à remplir tous les documents exigés. » Il prend l’exemple de la directive nitrates, qui le contraint à faire appel à un bureau spécialisé. « Je ne vous parle pas du coût. Ça devient une horreur. » Il dénonce aussi les incohérences du plan Écophyto d’alternatives aux pesticides, le futur règlement Sur de la Commission européenne, l’accord avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) qui favorise les importations, le financement de la transition énergétique dans l’éolien, la biomasse, le solaire…
Crédibilité de la parole publique
« La France doit choisir entre l’estomac à nourrir et le téléphone portable à recharger. Si elle recouvre ses terres de panneaux photovoltaïques, elle ne produira plus beaucoup de denrées agricoles », lance Thierry Coué. Et déjà, il dresse le constat d’une France agricole déclinante : – 5 % pour la production de lait au premier semestre, – 6 % pour les porcs au premier semestre 2023, – 4 % pour les volailles… Désormais, la France importe 70 % des poulets qu’elle consomme. Pour le bio, les chiffres sont pires : baisse de 12 % de la production et de la consommation pour le lait, de 30 % pour le porc.
Pour la FNSEA, sauver les agriculteurs et la souveraineté alimentaire passe par la future loi d’orientation agricole, annoncée successivement pour l’été 2023 puis pour septembre, décembre… et finalement décalée en 2024. Reçu, le 30 novembre, par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, résume : « Le premier sujet, c’est le ras-le-bol normatif. » Il rappelle qu’Emmanuel Macron avait assuré aux agriculteurs « pas d’interdiction sans solution » et que la Première ministre avait promis « pas de surtransposition à l’échelle française ». Il presse le gouvernement d’agir, estimant qu’il y va de la « crédibilité de la parole publique ». À trois mois du Salon de l’agriculture, Arnaud Rousseau prévient : « Maintenant, tout dépend de la façon dont le président de la République a envie de déambuler dans les allées du Salon. » Ambiance.
Marie de Greef-Madelin pour le Club de Valeurs actuelles.
Voici une vidéo réalisée par un agriculteur militant :
@confiance_en_soi77 les manifestations des agriculteurs en France et pas de média qui parle #france #agriculteur #manif ♬ son original – big box
Suivre @ChrisBalboa78