Les sondages le confirment : la France penche à droite !
La France, peut-être … Mais pas les Républicains !
Quand je parle des Républicains, que je me félicite d’avoir quitté il y a plusieurs mois maintenant, je pointe les instances dirigeantes qui campent sur l’aile gauche du parti et s’emploient en ce moment à savonner la planche des candidats trop à droite à leur goût.
Ils ont déjà tué Laurent Wauquiez et s’emploie aujourd’hui à décourager Bruno Retailleau. Christian Jacob relit en boucle les statuts pour leur faire dire qu’il n’est pas obligatoire de faire une primaire. Il veut imposer la candidature de Xavier Bertrand qui emmène la droite tout droit dans le mur (16 % au dernier sondage et absent au second tour).
Mais tout ce petit monde doit trembler devant la montée en puissance d’un nouveau venu, inconnu il y a encore quelques mois, David Lisnard, le maire de Cannes.
Voici des extraits d’un article dédié à David Lisnard paru dans un récent numéro du Figaro Magazine :
Depuis la publication de sa tribune contre la bureaucratie française sur LeFigaro.fr le 14 novembre dernier, le maire de Cannes est l’objet, à droite, de nombreuses sollicitations. Les prétendants ont compris qu’ils devront compter avec lui pour la présidentielle de 2022.
Les gants de boxe sont posés sur un fauteuil. Le sac de frappe pend à côté, prêt à recevoir les coups. Dans son bureau de l’hôtel de ville de Cannes, David Lisnard a joint l’utile à l’agréable Les dossiers s’accumulent sur la table de travail comme sur son bureau. dans un désordre que seul le maire peut gérer. Le visiteur est d’ailleurs prévenu par un texte d’Albert Einstein, posé en évidence face à lui : « Si la vue d’un bureau encombré évoque un esprit encombré, alors que penser de celle d’un bureau vide ? »
Au mur, des tableaux d’artistes locaux voisinent avec la photo officielle du président de la République, des photos du maire avec des stars, des affiches du festival, mais aussi des photos de la chanteuse Nina Hagen et du leader du groupe Motörhead, Lemmy Kilmister. En plus de courir le marathon, David Lisnard est aussi un passionné et un spécialiste de musique punk. Et s’est mis à la boxe voici quelque temps. Ça tombe bien car, depuis quelques se maines, des proches comme des Fran- çais, qui ont entendu parler de lui aimeraient qu’il monte sur le ring de la politique nationale.
Rarement tribune aura eu un tel effet ! En l’écrivant un samedi matin chez lui, David Lisnard était loin de se douter qu’il y aurait pour lui un avant et un après publication de son texte le site du Figaro. Le maire de Cannes dénonce depuis longtemps, en libéral revendiqué, un Etat déficient sur ses missions de base, injuste et inefficace.
Macron cherche à le séduire
Mais, cette fois-ci, épidémie de Covid et confinement aidant, les mots ont davantage marqué les esprits. « Il s’est passé quelque chose, reconnaît David Lisnard. Je savais que je donnais plus de moi que d’habitude. J’avais l’impression que ce qui relève de mes convictions profondes n’était plus exprimé dans le débat public. » Pour lui, c’est simple :
« Il faut tout revoir dans cette matrice d’un État qui sur prélève et sous-contrôle. »
Sa tribune, publiée le 14 novembre, intitulée « La crise du Covid révèle la folie bureaucratique française » lui vaut d’innombrables messages. Xavier Bertrand bien sûr, en précampagne présidentielle ; Bruno Retailleau, dont il est proche ; Valérie Pécresse, qu’il a suivie dans son mouvement Libres !: François Baroin, dont il est le vice-président à l’AMF (Association des maires de France). François Fillon sort aussi de son silence pour le féliciter de son constat. Alain Minc l’appelle pour déjeuner avec lui, mieux connaître cet homme, dont on lui a
beaucoup parlé, et sonder, comme il aime le faire, ses ambitions politiques
Tout l’inverse de David Lisnard.
Pour lui, le discours de vérité est plus important que les promesses de campagne. Raison pour laquelle il est resté auprès de François Fillon pendant la présidentielle de 2017, même s’il n’était pas au meeting du Trocadéro. Raison pour laquelle il a été réélu à plus de 88 % en mars dernier, dès le premier tour, maire de Cannes ? « C’est un homme brillant et de bon sens, s’enthousiasme Florence Kammermann, propriétaire d’Autour d’un livre, la libraire qui a refusé de fermer pendant dix-huit jours en novembre. Il écoute. il est accessible. »
Il faut le suivre dans sa ville pour comprendre qu’elle vit en lui. Né à Limoges d’un père footballeur professionnel qui changeait souvent de ville, son coeur bat pour Cannes. Ses ancêtres étaient pêcheurs, après leur carrière – sa mère était danseuse étoile -, ses parents y ouvrent des boutiques de vêtements. Lui-même en ouvrira une, qu’il revendra en 2016. Deux à trois fois par semaine, en voiture ou sur sa moto, il sillonne les rues de sa ville, dès 6 heures du matin. Le but de ce cheminement matutinal ? Repérer ce qui ne va pas, un lampadaire éteint, des détritus amoncelés … « Je note tout, ce n’est jamais du temps perdu », explique le maire, avant d’aller saluer le personnel municipal en train de nettoyer une plage.
Quelque chose a changé
Quelques instants plus tard, il sera avec le chef de la police municipale et un de ses agents pour visiter un local dans une HLM sensible. Ils lui proposent de le transformer en bureau afin de pouvoir poster un agent quelques jours par semaine et rassurer la population. « David Lisnard est un élu de terrain dynamique et visionnaire, estime Sébastien Leroy, maire de Mandelieu-la-Napoule. Il est dans l’efficacité, pas dans la doctrine. » « J’ai toujours aimé la politique », raconte le diplômé de I’IEP de Bordeaux, seul dans ce cas dans sa famille.
Pour autant, il se pose toujours la question de sa légitimité. Un questionnement qui agace Nicolas Sarkozy quand il lui en parle. Même Xavier Bertrand, récemment, a dû le conforter : « Bien sûr, tu es légitime. » Avant de se lancer dans la course à la mairie en 2014, il a travaillé avec acharnement pendant des mois. « Je suis un éternel insatisfait. Qui suis-je pour y aller ? » se demande souvent celui qui a démarré en politique comme bras droit de Jacques Pélissard, député-maire de Lons-le-Saunier. « IỈ était exigeant, honnête, un des plus grands écologistes de France. Il voulait quelqu’un qui ne soit recommandé par personne. Je lui ai dit, je suis votre homme », s’amuse David Lisnard en racontant ses premiers pas politiques.
Mais quelque chose a changé. Il ne balaye plus d’un revers de main ceux qui lui disent de se préparer à une carrière nationale, voire à un destin national. II a freiné les sollicitations médiatiques. « au bout d’un moment, on arrive à être commentateur de soi-même », mais accepte de franchir un cap. Il cite saint-Augustin : « Avance sur ta route, car elle n’existe que par ta marche » et file la métaphore sportive : « Quand on joue au football avec son club, on pense à la Coupe du monde. » « Je ne sais pas s’il a une ambition nationale, mais je sais qu’il a une envergure nationale », témoigne son voisin Sébastien Leroy. Même écho chez son ami Arnaud Danjean : « Il commence à se rendre compte de ce que sa tribune a déclenché. Elle a été le catalyseur, mais moi je vois quelque chose monter autour de lui depuis plusieurs mois. Depuis la crise, il a réussi à installer sa musique faite d’humilité, de réflexions et d’expérience de terrain. » Le député européen est persuadé que David Lisnard va prendre une nouvelle dimension : « Íl va prendre de l’envergure. Il va devenir indispensable à droite. Celui qui émergera comme candidat sera obligé de l’avoir dans son éguipe. »
« Il faut renverser la table ! »
Le livre refermé, David Lisnard semble prêt à relever le défi. Et comme le dit joliment Florence Kammermann : « À Cannes, on se pose la question. Est-ce qu’on le garde pour nous égoïstement comme maire ou accepte-t-on de le partager généreusement avec les Français ? » David Lisnard, après avoir hésité, estimant que c’était démesuré, semble prêt désormais à franchir le Rubicon : « Je ne veux pas me priver d’apporter ma voix au débat, mais il faut renverser la table. Si c’est pour сhаngеr lа парре, се n’еѕt раѕ lа peine. Il faudra s’ y mettre à plusieurs car la table est très lourde. ».
Carl Meeus (texte) et Jérémy Suyker (photos) pour Le Figaro Magazine.
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5 Réponses à “David Lisnard, l’incontournable ?”
Pécresse est citée, alors là pour moi c’est rédhibitoire
J’ai également sursauté… Cela dit, il faut à droite quelqu’un qui rassemble et avec des convictions, une expérience de terrain, alors pourquoi pas lui?
Du moment qu’on arrête de nous casser la tête avec le peu charismatique Xavier Bertrand!!
Je crois sincèrement qu’on a tout intérêt à suivre son parcours de près.
Dans une autre perception, peut-on se permettre d’écarter quiconque ne correspond pas à 100% à nos attentes ? Nous risquons d’attendre perpétuellement avant de trouver chaussure à notre pied !
c’est dire à quoi nous en sommes réduits … bon, après, il faut lui laisser le temps de se tailler un costume national. Il a fréquenté Pécresse, mais s’est engagé avec Fillon, ça rattrape.
Hélas, il reste peu de temps, et après le coup de la tribune, les peaux de bananes ne vont pas manquer !
https://observatoiredumensonge.com/2021/02/03/lettre-ouverte-aux-deputes/
Excellent article qui montre que les LR parlent mais ne font rien.