Jean-Paul Delevoye : de l’omission à la démission ?

Publié par le 16 Déc, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Jean-Paul Delevoye : de l’omission à la démission ?

Qui a dit ?

« Notre situation est une situation de franchise et de transparence avec l’opinion.

Vous savez la situation de confiance de nos concitoyens avec nos politiques, c’est certes l’exemplarité, c’est certes la transparence,

mais c’est aussi la vérité et je crois qu’il ne faut rien cacher. »

Qui a renchérit ?

« Personne n’est épargné du devoir de respecter les règles et les principes de transparence et de moralité par rapport à l’argent public. »

Pour finalement conclure :

« L’exemplarité est aujourd’hui un élément de construction de la confiance. La transparence est aujourd’hui aussi quelque chose de tout à fait déterminant. »

Il s’agit de Jean-Paul Delevoye, le commissaire chargé de la réforme des retraites !

Et c’est le même homme qui a violé la Constitution en « omettant » de déclarer à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), lors de son entrée au gouvernement, pas moins de 10 mandats sur les 13 qu’il détient !

C’est sous la pression de la presse qui avait révélé 5 de ces mandats omis, que Jean-Paul Delevoye a dû présenter à la HATVP une nouvelle déclaration.

Dans un entretien accordé samedi au Monde, Jean-Paul Delevoye invoque aussi sa « bonne foi » et dit assumer des erreurs résultant, selon lui, du fait que personne ne l’avait prévenu qu’il devait déclarer toutes ces activités, dont un certain nombre relevaient « de l’engagement social ».

Nul n’est censé ignorer la loi et surtout pas un homme,
à ce point engagé dans la vie politique et sociale !

Jean-Paul Delevoye occupait onze de ses postes bénévolement, dont ceux de président de l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France et de membre du conseil d’orientation de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance (IRG). Mais la nouvelle déclaration revoit aussi à la hausse les sommes perçues dans le cadre d’activités rémunérées.

« Si mon erreur devait desservir la cause pour laquelle je me bats, ce projet de réforme des retraites auquel je crois et auquel je tiens, alors j’en tirerais les conséquences», explique l’intéressé dans le quotidien du soir. Il déclare toutefois qu’il veut «continuer à défendre et soutenir ce projet (de réforme des retraites) dans le souci du dialogue social et dans une démarche d’apaisement de notre société». (Source Le Figaro)

Ce cumul de mandats était probablement la source de plusieurs conflits d’intérêts

Lundi, Le Parisien indiquait qu’il n’avait pas déclaré ses activités d’administrateur au sein d’un institut de formation de l’assurance, l’IFPASS. Alors que la réforme des retraites qu’il porte est accusée de favoriser le secteur des assurances, faisant planer l’idée d’un potentiel conflit d’intérêts. Jean-Paul Delevoye a préféré démissionner dans la foulée de ces révélations.

Selon le formulaire que le haut-commissaire a transmis à l’HATVP, il devait explicitement déclarer toute « participations aux organes dirigeants d’un organisme public ou privé ou d’une société à la date de l’élection ou de la nomination et au cours des cinq années précédant la date de la déclaration ».

Mais n’y avait-il pas déjà conflit d’intérêts quand Jean-Paul Delevoye était président du Conseil Economique, Social et Environnemental (CESE) ?

Outre ces oublis ou mensonges, n’est-il pas choquant qu’un seul homme puisse cumuler autant de mandats.

Depuis deux ans, Jean-Paul Delevoye est à la manoeuvre dans la préparation de la grande réforme des retraites et la négociation entre le gouvernement et les partenaires sociaux. Vue la complexité de la réforme, n’était-ce pas un travail à plein temps ? Comment a t-il pu trouver le temps d’honorer la charge de ces 13 mandats ?

La même question se pose lors de sa présidence du CESE !

Il était rémunéré, parait-il, pour son seul mandat d’administrateur au sein d’un institut de formation de l’assurance, l’IFPASS, par un salaire de … 5 000 euros par mois !

A t-il vraiment mérité ce salaire ?

« Franchise, transparence, exemplarité, vérité, moralité »

Telles étaient les valeurs auxquelles se référait le cumulard Delevoye, quand il donnait des leçons à « l’Ancien monde », après avoir trahi sa famille politique (les Républicains) pour rejoindre Emmanuel Macron.

Cela donne une haute idée du manque d’éthique de ce personnage qui reste pour les adversaires du mariage pour tous, celui qui avait jeté à la corbeille leur pétition qui avait recueilli 700 000 signatures pour demander le réexamen de la loi Taubira.

Il n’avait même pas eu le courage de prendre la décision lui-même et avait préféré ouvrir son parapluie en demandant ce qu’il devait faire au premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault. Rappelons que le CESE est censé conseiller l’exécutif et non pas se soumettre à ses injonctions !

Bref, seule la démission de Jean-Paul Delevoye pourrait mettre un terme à la polémique qu’il a créée. A moins qu’il ne fasse comme Richard Ferrand, accusé de conflit d’intérêt dans l’affaire les Mutuelles du Mans, et qui reste agrippé à son perchoir de l’Assemblée nationale.

Le même Richard Ferrand que j’ai entendu, il y a quelques jours, défendre la réforme des retraites du gouvernement au micro de RTL ! Est-il normal que le président de l’Assemblée nationale, numéro 3 de la République, viole aussi délibérément son devoir de réserve pour venir soutenir l’exécutif au mépris de la séparation des pouvoirs ?

C’est juste le Nouveau Monde, bien pire que l’Ancien !

Ajout à 13H30 :

Quelle efficacité ! A peine deux heures après la publication de cet article, Jean-Paul Delevoye annonce sa démission !

On attend encore un peu pour Richard Ferrand …

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