La crise migratoire divise l’Europe.
Entre les tenants irresponsables de l’ouverture toute grande des portes de l’Europe et les défenseurs déterminés d’une identité européenne niée par les premiers, aucun dialogue n’est plus possible.
Le peuple n’accepte plus aujourd’hui ce que ses élites veulent lui imposer. Deux logiques contradictoires s’opposent désormais violemment : la logique humanitaire et la logique démocratique. Soit on respecte la démocratie sortie des urnes, soit on agit contre elle en acceptant l’immigration contrainte.
C’est l’objet de l’édito de Guillaume Roquette paru cette semaine dans le Figaro Magazine :
Face aux migrants
Quand la démocratie heurte les droits de l’homme
Il ne croyait pas si bien dire. Eric Zemmour se demandait ici même, il y a une semaine, si l’Espagne n’allait pas remplacer bientôt l’Italie comme point d’entrée en Europe des migrants africains. Lundi dernier, c’est le chef du gouvernement espagnol en personne qui lui a donné raison en proposant d’ouvrir le port de Valence à l’ Aquarius, bateau de 629 immigrants, auquel l’Italie refusait l’accès.
Le socialiste Pedro Sanchez a expliqué sa décision par l’absolue nécessité d’éviter « une crise humanitaire ». Qui pourrait lui donner tort ? Même pas le nouveau Premier ministre italien, qui l’a remercié pour cet acte de solidarité. Mais la nouvelle équipe au pouvoir à Rome n’a pas changé d’avis pour autant : elle a été élue pour stopper l’immigration et compte bien continuer de refuser l’entrée dans ses ports des bateaux remplis d’Africains.
Dans cette dramatique crise des migrants, deux logiques s’affrontent désormais, l’une humanitaire, l’autre démocratique. Le pouvoir espagnol veut respecter les droits de l’homme tandis que son homologue italien honore la volonté de ses électeurs. Deux démarches également respectables, et on ne peut que saluer la réserve dont a fait preuve la France dans ce dossier difficile. Reste qu’il serait trop facile de renvoyer dos à dos nos deux voisins méditerranéens en considérant qu’ils ont chacun raison de leur point de vue : l’Europe est trop mal en point pour laisser chacun de ses membres gérer comme elle l’entend sa politique migratoire.
Pour tenter d’y voir un peu plus clair, on peut d’abord estimer que si le sauvetage des migrants doit être inconditionnel, il n’en va pas de même de leur accueil. Même l’Eglise catholique, malgré son engagement constant dans la défense des réfugiés, admet dans son catéchisme que les nations riches sont tenues d’accueillir l’étranger « autant que faire se peut », et conditionne cet accueil au respect par l’immigré du « patrimoine matériel et spirituel de son pays d’accueil ». Une expression que l’on pourrait résumer par le mot assimilation. Or, l’histoire récente de l’Europe démontre combien cette assimilation est devenue difficile.
De même, cet accueil ne peut pas être illimité. Les Espagnols qui accueillent aujourd’hui l’ Aquarius le savent bien, eux qui bloquent par la force depuis des années les immigrés qui se pressent aux portes des villes de Ceuta et Melilla, leurs deux enclaves sur la côte marocaine. En 2050, la jeune Afrique sera près de cinq fois plus peuplée que notre Vieux Continent: « la ruée vers l’Europe », pour reprendre le titre du livre de Stephen Smith, ne fait donc que commencer et les Etats de l’Union ne peuvent pas faire semblant de l’ignorer.
Nous n’avons aucune raison de nous sentir coupables. Deux millions d ‘étrangers sont entrés dans l’espace Schengen en deux ans, l’Europe finance la moitié de l’aide mondiale au développement et la France accueille chaque année plus de 200 000 immigrés supplémentaires, sans compter les dizaines de milliers de clandestins. Notre devoir est d’organiser cette immigration pour arrêter enfin de la subir.
Guillaume Roquette pour le Figaro Magazine.
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