Depuis quelques semaines, Dominique Jamet a réintégré l’équipe éditoriale de Boulevard Voltaire.
C’est une très bonne nouvelle pour le vaisseau amiral des sites de réinformation en France, ce que nos adversaires (souvent fascistes) nomment la fachosphère !
Dominique Jamet a commencé sa carrière de journaliste à Combat, dans les années 50, mais il est fascinant de noter tous les organes de presse auxquels il a collaboré : France-Soir, Le Figaro littéraire, L’aurore, le Quotidien de Paris, France Inter, RMC, Paris Première, l’Evénement du jeudi, Marianne, France 3.
En 2012, avec Robert Menard, il fonde Boulevard Voltaire qu’il quitte en 2016 pour des divergences de vue avec l’évolution de la ligne éditoriale.
Il intervient depuis sur LCI, CNews et Europe1.
C’est un des meilleurs éditorialistes et analystes politiques français et il le prouve encore avec cette chronique parue dans Boulevard Voltaire qu’il vient donc de rejoindre.
Il nous y propose une fine analyse politique des forces en présence à quelques semaines du scrutin européen :
Strictement personnel – Dans le fond des urnes
À peine sonnés, les soirs d’élections, les huit coups de 20 heures, vient celle des comptes, sur lesquels s’abattent aussitôt, comme un vol de gerfauts, candidats, militants… et commentateurs. Inscrits, votants, abstentions, blancs ou nuls, élus, battus. Confrontés à l’évidence et à l’éloquence des chiffres, les pronostiqueurs, propagandistes et autres politologues s’inclinent, ne serait-ce que quelques minutes, devant la réalité. On est dans le quantitatif qui, sauf à dénoncer ou à inventer des fraudes, à l’image d’un certain Donald Trump, mauvais joueur dans la défaite, ne se conteste et ne se discute pas.
Les chiffres, cela dit, ne sont pas tout. Lors de sa campagne victorieuse de 1974, le plus sentimental des Présidents de la Ve République, le (si peu) regretté Valéry Giscard d’Estaing, prétendait regarder la France dans le fond des yeux, dans l’espoir, anatomiquement acrobatique, de toucher le fond de son cœur. Si, passant du quantitatif au qualitatif, on s’attachait et l’on parvenait, violant le secret de l’isoloir, à identifier ce qui se cache dans l’anonymat du vote, ce que recèle le fond des urnes, on y ferait des découvertes riches d’enseignements.
Au moment où ces lignes sont écrites, à moins de six semaines du 9 juin, la liste conduite par Jordan Bardella pour le Rassemblement national distance, à en croire la totalité des sondages, celle que mène au nom de la majorité minoritaire la plutôt sympathique et très novice Valéry Hayer, elle-même talonnée par l’outsider Raphaël Glucksmann, qui incarne avec conviction le renouveau du socialisme germanopratin et post-soixante-huitard.
Bardella : l’ambiguïté du succès?
Or, le moins que l’on puisse dire de l’irrésistible ascension du RN est que celle-ci n’est pas exempte d’une certaine ambiguïté qui n’est pas pour rien dans son succès. Avec plus de 30 % des intentions de vote, Bardella pulvérise les scores atteints jusqu’ici par le parti que fonda Jean-Marie et que dirige aujourd’hui Marine Le Pen, avec en ligne de mire 2027.
Quelle est la composition de l’électorat acquis au RN et, surtout, quelle est sa perception du passage potentiel de ce parti de l’opposition au pouvoir ? Dans des proportions qui ne sont pas exactement connues, une partie de ses nouveaux adeptes croit à la dédiabolisation, prêchée et assumée par sa présidente. Pour ceux-là, le RN actuel est un parti de droite comme un autre et occupe aujourd’hui, dans l’espace politique français, peu ou prou la place qu’y a tenue en son temps le RPR de Pasqua et Séguin, autoritaire, national et populaire. Pour d’autres, au contraire, le RN au pouvoir tiendrait les promesses tonitruantes dont le FN naissant était prodigue sous Jean-Marie et donnerait dans tous les domaines le grand coup de balai indispensable. Une troisième fraction de ceux qui s’apprêtent à voter RN est composée de ceux qui, peu soucieux d’idéologie, constatent, vivent, subissent le déclin, la fracturation, la paupérisation, le Grand Remplacement, l’avilissement et la vassalisation de la France. Ceux-là, n’ayant plus rien à perdre, sont résolus à essayer la solution qui n’a pas encore été expérimentée. Un électeur FN, disait-on il y a quelques années, c’est un communiste qui a été cambriolé.
Aucune de ces trois fractions ne possède la réponse à la question qui taraude le milieu politique. Marine à l’Élysée, ce serait Orbán, Meloni ou Chirac ?
Le problème qu’affronte aujourd’hui Reconquête est l’exact inverse de celui du RN. Ce n’est pas la sincérité de leurs propos, moins encore la radicalité des convictions de Marion Maréchal et d’Éric Zemmour qui sont mises en doute par les électeurs. Elles constituent à la fois leur meilleur atout et leur plus grand handicap, puisque ce qui séduit les partisans d’un vrai changement effraie ceux qui en redoutent les dangers et les conséquences.
De Macron à Hayer via Attal
La relative bonne tenue du candidat des Républicains et de celui de Place publique tient à deux facteurs : l’un et l’autre bénéficient de l’adhésion résiduelle de ceux qui veulent croire encore, contre toute vraisemblance, que le Parti socialiste est toujours socialiste et que le parti d’Éric Ciotti et de Gérard Larcher est toujours gaulliste. En revanche, ni François-Xavier Bellamy ni Raphaël Glucksmann n’ont été mêlés ni de près ni de loin aux erreurs, aux reniements, aux manœuvres et aux magouilles qui, liées à l’exercice du pouvoir, ont caractérisé et discrédité parallèlement ce qui, au fil des années et des alternances, est progressivement apparu comme deux syndicats professionnels plus attachés au pouvoir et à ses prébendes qu’à des idées générales et généreuses.
Un mot, pour finir, sur l’inconnue de la Mayenne, sur cette Valérie Hayer à qui incombe la tâche ingrate de représenter un Président proche du bilan et du dépôt de bilan. Candidate des hipsters, des traders, des startupperset autre dealers en tout genre, elle regroupera sur son nom ceux qui n’ont pas à se plaindre de la vie, ceux qui se sont laissés persuader que la dette et la banqueroute sont les signes d’une gestion exemplaire, ceux qui restent convaincus que les deux écueils sur lesquels risque d’échouer le Belem macronien, ce trois-mâts fin comme un oiseau de malheur, sont la Russie et le RN, ceux qui reportent sur le jeune Gabriel Attal les espérances qu’a déçues l’ex-jeune Emmanuel Macron et ceux qui ont plus peur du changement, avec ses risques, que de la continuité, malgré la certitude de l’échec. Et tous ceux-là, en somme, cela fait encore du monde.
Dominique Jamet pour Boulevard Voltaire.
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Une réponse à “Dominique Jamet est de retour !”
sauf que pendant qu’on donne à cette élection une valeur nationale, on oublie que chaque jour l’UE dans sa forme actuelle nous imposes des directives contraignantes et souvent liberticides, décidées en catimini, par des technocrates non élus, dont nous subissons les effets sans pouvoir rien dire …