Il est bien dommage que le futur ministre de la justice Eric Dupond-Moretti n’ait pas écouté la réponse de l’avocat Eric Dupond-Moretti à la question d’Audrey Crespo :
« Si on vous proposait le poste de ministère de la justice, vous l’accepteriez ? »
Il avait alors répondu :
« Non ! Sûr ! Vous voulez que je vous le signe ? D’abord, personne ne me le proposera … Ce serait un bordel, mais alors … Non, personne n’aurait l’idée sotte, totalement saugrenue, incongrue, invraisemblable de me proposer cela ! Et moi, franchement, je n’accepterais jamais un truc pareil ! »
Oui, c’est bien dommage, que l’avocat n’ait pas tenu sa parole et cédé à l’attrait des honneurs et de la voiture à cocarde avec chauffeur !
Car cela nous aurait évité le calamiteux passage de ce triste personnage Place Vendôme ! Car à ce poste, il s’est montré d’un sectarisme incompatible avec la fonction !
Alors qu’il n’est plus ministre et que – horreur absolue ! – on parle de lui pour remplacer Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel, il vient de laisser libre cours à sa haine de l’extrême droite.
Comble du cynisme, il a traité CNews de chaine d’extrême droite au micro d’une radio gauchiste, France Inter, qui a tout oublié du pluralisme imposé par son cahier des charges !
CNews, « chaîne dédiée » à l’extrême droite,
selon Éric Dupond-Moretti
Il s’y croit encore. Alors qu’il n’est plus ministre depuis trois mois et qu’il s’apprête à lancer sa carrière d’acteur sur les planches du théâtre Marigny, Éric Dupond-Moretti n’a pas pu s’empêcher de tenir un discours très politique, mercredi matin, à l’antenne de France Inter. Impossible, pour lui, de s’exprimer publiquement sans s’en prendre à ses cibles favorites.
L’extrême droite a une chaîne dédiée […] D’ailleurs, madame Le Pen parle de CNews en disant « ma chaîne », c’est une réalité !
a-t-il déclaré, face à une Léa Salamé qui n’en demandait pas tant.
« L’extrême droite a une chaîne dédiée, un tas de médias à leur service », explique @E_DupondM, qui assure que « c’est un des facteurs » de sa montée ces dernières années. #le710inter pic.twitter.com/msY7jGVs2s
— France Inter (@franceinter) December 18, 2024
Les opinions de gauche seraient absentes de la chaîne privée ? Des socialistes et même des communistes sont pourtant présents quasiment en continu sur les plateaux de CNews. Et si ce n’était pas encore assez, M. Dupond-Moretti pourrait parfaitement aller y faire entendre son point de vue. De nombreuses invitations lui ont, d’ailleurs, été publiquement adressées, ces dernières années. Mais il se trouve que l’ex-ténor du barreau – tout comme la plupart des élus d’extrême gauche – les décline systématiquement …
La critique faite à CNews est d’autant plus baroque qu’elle a été formulée par Éric Dupond-Moretti sur France Inter, radio étrangère à tout pluralisme. Pendant que CNews convie – en vain – Sandrine Rousseau, Raphaël Glucksmann ou Marie Toussaint, la radio publique garde ses portes résolument fermées à des personnalités de droite comme Philippe de Villiers, Laurent Obertone et Gilles-William Goldnadel.
L’éternel procès en « récupération »
Ce que Léa Salamé nomme « l’empire Bolloré » serait, aux yeux de l’ancien garde des Sceaux, l’une des raisons de la progression du RN dans les urnes. Éric Dupond-Moretti reproche à CNews et à « l’extrême droite » de sombrer dans un populisme de bas étage. « Le populiste a toujours raison parce qu’il dit ce que vous avez envie d’entendre », explique-t-il, citant en exemple l’affaire Lola. « Madame Le Pen s’est servie du cercueil de cette enfant comme d’un marchepied. Elle l’a fait avec cynisme. »
Six mois après le viol et le meurtre de l’enfant par une Algérienne sous OQTF, France 5 avait suscité la controverse en diffusant le documentaire La Fabrique du mensonge dans lequel la chaîne dénonçait la « récupération politique » dont aurait fait l’objet le drame. « Pour ces gens d’extrême droite, c’est une belle opportunité, ils en font leur miel. Ils se régalent de ça comme des charognards », accusait déjà Éric Dupond-Moretti, au début du film.
« Le moment de deuil, de recueillement de dignité, ils s’en foutent. Tout ça à des fins politiciennes.» @E_DupondM, ministre de la justice
À voir sur :
➡️ https://t.co/VVMIdaLbR5 pic.twitter.com/eMXUgYNHlS— La Fabrique Du Mensonge (@LaFabriqueduM) May 21, 2023
Le ministre de la Justice d’alors y expliquait doctement que le statut migratoire de la meurtrière était hors sujet et ajoutait que la non-exécution des OQTF n’avait, finalement, rien de choquant. « Il y a des degrés d’urgence dans l’OQTF, on le sait parfaitement. Et puis il y a des OQTF que personne ne peut exécuter, je suis désolé », s’exclamait-il, exonérant d’un revers de main toute responsabilité de l’État. Un fatalisme mâtiné de dédain qui a dû ravir la famille de Lola…
Manque d’empathie ou simple antipathie ?
Lors de son entretien avec Léa Salamé, mercredi matin, Éric Dupond-Moretti a tenté d’analyser les raisons de sa grande impopularité personnelle. « Quand on place le terrain sur le compassionnel, vous répondez quoi, quand vous êtes garde des Sceaux ? Vous apportez une réponse technique et on dit de vous que vous n’êtes pas empathique… »
C’est une explication possible, en effet, mais il y en aurait d’autres à envisager. Et si ce n’était pas pour son manque d’empathie, que les Français détestaient l’ancien ministre ? Et si c’était plutôt pour son arrogance, sa suffisance et son sectarisme ?
Jean Kast pour Boulevard Voltaire.
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