La droite ne sait plus où elle habite !
Elle a oublié d’où elle vient et Emmanuel Macron a chamboulé son terrain de bataille habituel. Du coup, elle ne sait plus où elle va !
Depuis la création de l’UMP, par Chirac et Juppé, la droite n’a cessé de se dissoudre dans une soupe centriste tiédasse.
Un homme pourrait peut-être aider la droite à réfléchir sur elle-même et à trouver une autre voie pour la reconquête du pouvoir. C’est François-Xavier Bellamy, un philosophe, élu à Versailles, qui pourrait conduire la liste des Républicains aux élections européennes.
Voici un article paru dans Valeurs actuelles qui nous permet de faire sa connaissance :
Le philosophe qui veut redonner du sens à la politique.
Pressenti pour conduire la liste LR aux européennes, François-Xavier Bellamy tranche avec le vide intellectuel qui a trop longtemps régné à droite. Portrait d’un surdoué qui veut rompre avec le bougisme dominant.
La nuit est tombée tôt, en ce soir frisquet du 26 novembre, mais cela n’empêche pas un public compact de se presser au théâtre Saint-Georges, sur cette ravissante place du IX ème arrondissement de Paris. La tête d’affiche fait beaucoup parler d’elle depuis que le JDD, huit jours plus tôt, a révélé que Laurent Wauquiez pensait à le placer en tête de la liste de son parti à l’élection européenne de mai prochain. Pourtant les centaines de personnes qui se pressent dans la salle de velours rouge ne sont pas là pour ça, mais pour l’une de ces soirées philo que François-Xavier Bellamy, sous l’égide de l’association Philia, anime depuis cinq ans. Comme toujours, la salle est comble, regroupant un public très « manif pour tous » de personnes de tous âges – dont des journalistes réputés, qu’on n’aurait pas imaginés tout délaisser, chaque lundi soir, pour écouter un jeune homme de la moitié de leur âge (il a 33 ans) leur asséner un cours magistral.
Pendant une heure et demie, le jeune prof arpente la scène, sans notes, avec une fluidité de parole et une limpidité de pensée qui continuent de fasciner ceux qui, comme l’auteur de ces lignes, le connaissent depuis une décennie. Une semaine sur deux, il traite d’une grande question – « Existe-t-il une vérité ? », « Voulons-nous vraiment vivre ensemble ? » – , l’autre d’un auteur. Ce soir, c’est saint Augustin. Cet exposé brillantissime sur l’évêque d’Hippone (354-430) nous entraîne-t-il loin de la politique ? Jamais vraiment, avec Bellamy. L’orateur fait sourire son public en notant qu’au début de sa vie, Augustin «hésite à se lancer dans une carrière politique, perspective qui fait frémir d’effroi sa pauvre mère ». Plus tard, il souligne que dans une période troublée (il est mort alors que sa ville était assiégée par les Vandales), Augustin, penseur et homme d’action, « nous humilie dans les difficultés que nous avons à conjuguer les impératifs de l’action et les devoirs de la réflexion ».
À ceux qui le pressent de rester sourd aux sirènes de la politique et de poursuivre son oeuvre d’essayiste, il rétorque donc qu’à l’heure où des pans entiers de la civilisation menacent de tomber sous les coups des vandales de la modernité, il est tout bonnement impossible de se tenir à distance de la chose publique quand on croit pouvoir, d’une manière ou d’une autre, servir la Cité des hommes. Pourtant, c’est la politique qui est venue le chercher, et non François-Xavier Bellamy qui est venu à elle. Et, chose surprenante pour ce garçon qui est le contraire d’un excité, tout a commencé par une garde à vue. En 2006, à Versailles où il a passé son enfance, l’élève de l’ENS assiste à une manifestation qui tourne à l’échauffourée; François-Xavier se retrouve accusé d’avoir fait le coup de poing – une absurdité absolue pour qui le connaît un tant soit peu. Mais le diable porte pierre, l’incident médiatisé attire l’attention sur lui et, de fil en aiguille, des politiques repèrent son intelligence phénoménale. Il fait ses armes au cabinet de Renaud Donnedieu de Vabres, à la Culture, puis de Rachida Dati, à la Justice, sans que cet amoureux de la vérité soit convaincu par « ce monde irréel » où le relativisme règne en maître.
Le concret de l’action municipale
Devenu prof de philo (il enseigne aujourd’hui en khâgne à Paris), il apprécie au contraire la mission très concrète que lui confie François de Mazières, maire divers droite de Versailles qui, en 2008, en fait l’un de ses adjoints. Il y goûte la politique, non plus comme un art de la communication, mais dans « l’efficacité du service rendu ». Servir, c’est aussi le nom du mouvement politique qu’il lancera à l’automne 2017, après avoir contribué à la naissance de Sens commun, mouvement auquel il a finalement préféré rester extérieur, estimant qu’il serait plus utile en défendant ses idées sur le terrain intellectuel. Au risque d’entretenir la réputation « hamletienne » d’un homme qui ne cesse de se demander, avec une angoisse masquée par son grand calme mais que traduit un regard volontiers inquiet, où il peut être le plus utile.
Chez ce garçon si parfaitement élevé, étranger à toute forme de négligé et qui ne se départit jamais d’un sourire un peu gêné – le masque que sa politesse impose à sa timidité -, deux tendances profondes freinent sa propension à l’engagement: une extrême pudeur, qui lui interdit à tout jamais la politique spectacle; et l’horreur du conflit. Qui n’interdit pas pourtant d’aller au combat, auquel l’appelle ce besoin fondamental, d’essence spirituelle, d’oeuvrer pour le bien de la collectivité.
L’urgence de transmettre
Dans la foulée des batailles contre la loi Taubira, Bellamy est devenu une figure médiatique, multipliant tribunes et plateaux de télévision. Sa légitimité est renforcée par le succès de son premier livre, les Déshérités (2014), où il plaidait « l’urgence de transmettre » contre les déconstructeurs de l’éducation. À l’automne 2018, son magnifique essai Demeure élargit la réflexion à la critique de la modernité où, s’appuyant sur la prophétique Lettre au général X écrite par Saint-Exupéry en 1943 (à lire en fin d’article), il décortique cette « passion pour le changement qui est à la fois le symptôme et la cause de la crise intérieure que le monde occidental traverse ». Lui plaide au contraire pour que nous ne marchions que vers des buts éternels, ces idéaux de justice et de vérité qui sont ceux qui rendent l’homme chaque jour plus humain. Cette critique du progressisme lui a valu, raconte-t-il,« un petit mot surprenant d’Emmanuel Macron », qui lui a dit qu’il allait s’y plonger, sans apparemment s’être senti visé. Elle a surtout inspiré à Laurent Wauquiez, ou confirmé chez lui l’idée, que Bellamy était la personne idoine pour éviter aux Républicains une déroute électorale aux européennes.
L’idée étonne au vu de l’absence d’expérience nationale de Bellamy, qui a échoué de peu, en pleine vague macroniste, à se faire élire député en 2017 : « Nous sommes sommés d’essayer et pas de réussir, commente-t-il en philosophe; en l’occurrence, j’ai été heureux de faire le meilleur score départemental dans la circonscription la plus difficile, contrairement à ce que le nom Versailles laisse entendre, alors que je n’étais ni maire ni député sortant. »Quand on lui demande si, lui qui déteste la polémique, il se sent taillé pour la rudesse du combat politique, il répond que nul ne sait comment il se comportera au feu avant d’y avoir été confronté; mais en tout cas, dit-il, « à ma grande surprise, j’ai beaucoup aimé faire campagne, et le fait de pouvoir transformer un diagnostic en proposition politique ».
Chez les Républicains, l’idée de Laurent Wauquiez a suscité des réactions contrastées: de l’enthousiasme de Bruno Retailleau, qui voit en Bellamy « le meilleur des candidats » et note qu’en « ces temps de vide idéologique, nous avons besoin de gens qui nous aident à penser », à Gérard Larcher soulignant à l’envi que le philosophe « ne correspond pas à tous [ses] choix »; sans oublier tous les caciques que le simple mot de « renouvellement » suffit à faire émerger, en mode belliqueux, du marigot où ils sommeillaient dans leurs habitudes recuites.
Bellamy, lui, n’en a cure: l’ancien scout marin, toujours passionné de navigation, sait fixer son cap aux étoiles, et reste à jamais marqué par une « pédagogie scoute [qui] a confirmé l’intuition que l’individu se réalise quand il se donne à quelque chose de plus grand que lui ». S’il entre véritablement en politique, ce sera pour, d’une autre façon, continuer l’expérience de transmission qu’il mène avec succès dans ces soirées philo qu’il voudrait bien ne pas abandonner:« Je voudrais vraiment continuer quoiqu’il arrive. C’est peut-être naïf de ma part, mais ce serait pour moi un acte politique de montrer qu’on peut être engagé en politique et continuer à réfléchir. »
Ce qui, vu l’état actuel de la droite, serait déjà une sorte de révolution …
Laurent Dandrieu pour Valeurs actuelles.
Nous souhaitons bon courage à François-Xavier Bellamy qui a d’ores et déjà été catalogué conservateur de droite par les médias, qui ne peuvent entendre son nom sans noter qu’à droite, il ne fait pas l’unanimité ! Sans compter, les nombreuses personnalités de la droite (Jean-Pierre Raffarin, Guillaume Peltier, Eric Woerth). qui se répandent dans les médias pour se désolidariser du choix de Laurent Wauquiez !
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