L’Europe occidentale s’est reniée en refusant d’inscrire dans sa Constitution la réalité de ses racines chrétiennes.
Ce n’était pas politiquement correct et tout à fait contraire aux politiques communautarisme et immigrationniste que conduisent les instances dirigeantes de l’Europe.
Le salut, pour l’Europe occidentale, pourrait venir de ces anciens pays de l’est, libérés du joug communiste, et qui, à la surprise générale, refusent obstinément de rayer d’un trait de plume, leur passé et leur histoire.
Le droit-de-l’hommisme radicalisé n’a pas encore fait là-bas, les ravages que l’on observe plus à l’ouest. Point de déni d’histoire, point de repentance mortifère, mais à l’inverse une volonté farouche de défendre leur identité face, notamment à la menace de l’immigration de masse.
C’est le thème de la chronique d’Eric Zemmour paru cette semaine dans le Figaro Magazine :
Le concept d’« illibéralisme » développé par Viktor Orban peut devenir la chance de la droite française si elle sait s’en saisir.
Illibéralisme. Ce mot difficile à prononcer est appelé à un grand avenir idéologique et politique. Le triomphe électoral en Hongrie de Viktor Orban en est la dernière preuve éclatante, qui vient après les scrutins autrichiens, italiens, slovaques, polonais, voire allemands. Les élites occidentales y fustigent le populisme, sans voir que ce concept ne signifie plus grand-chose.
C’est Orban qui a théorisé l’illibéralisme, qu’il oppose au libéralisme, mais pas à l’économie de marché. Des pays qui ont subi le joug communiste ne peuvent être hostiles à l’économie de marché. En revanche, la crise de 2008 a fait comprendre aux dirigeants hongrois que le libéralisme mondialisé était devenu une machine folle et hégémonique où la finance a tous les pouvoirs et tous les droits. Mais c’est la crise des migrants de 2015 qui va consacrer la coupure entre deux Europe, entre sociétés libérales et illibérales. Les sociétés libérales allemande et française sont devenues des sociétés multiculturelles qui ont renoncé à défendre leurs frontières et identité. Le juge y définit des normes, inspirées de la religion des droits de l’homme, qui s’imposent à tous. Ce que l’on appelle avec emphase l’Etat de droit, que l’on confond – confusion délibérée ou ignorance – avec la démocratie. Or, c’est tout le contraire. L’Etat de droit, c’est le gouvernement des juges, oligarchie qui impose sa loi au peuple – le contraire de la démocratie, qui est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple.
Cet affrontement entre libéralisme et illibéralisme, entre Etat de droit et démocratie, est le clivage de l’avenir en Europe. Il se substitue aux oppositions surannées entre souverainistes et fédéralistes, entre socialistes et libéraux. Ce concept d ‘ illibéralisme venu de Hongrie a essaimé dans toute l’Europe centrale, aire de l’ancien Empire austro-hongrois. Ce qui n’est sans doute pas un hasard quand on se souvient que c’est cette région qui a connu le plus vivement la pression musulmane avec le siège de Vienne en 1683.
Mais ce concept hongrois peut devenir la chance de la droite française si elle sait s’en saisir. Orban tente de distendre le lien entre libéralismes économique et culturel, imposé par la gauche soixante-huitarde après sa conversion, au cours des années 1980, à l’économie de marché. Il accepte le premier – mais en l’encadrant par l’Etat – et rejette le second au nom des racines chrétiennes de l’Europe. Il s’efforce ainsi de conjurer cette malédiction de Michéa – du nom du théoricien marxiste qui a brillamment montré le lien entre les deux libéralismes.
L’illibéralisme réalise une union des droites qui rallie l’électorat populaire en dénonçant « le grand remplacement » et le danger de l’islamisation de l’Europe. L’illibéralisme est le nouvel ennemi des médias bien-pensants et des idéologues européistes de Bruxelles.
La meilleure preuve, s’il en était besoin, que c’est le vent d’est qui est à suivre.
Eric Zemmour pour le Figaro Magazine.
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