Cette semaine, Le Figaro Magazine a publié un long article passionnant réunissant Sonia Mabrouk et le sociologue Mathieu Bock-Côté. Avec un titre très pugnace :
Face aux nouveaux racistes, ils lancent l’alerte.
Sonia Mabrouk vient de publier un essai intitulé : Insoumission française. Décoloniaux, écologistes radicaux, islamocompatibles : les véritables menaces.
De son côté, le québécois Mathieu Bock-Côté publiait :
La Révolution racialiste et autres virus idéologiques.
Alexandre Divecchio a sélectionné les extraits suivants des deux essais :
1 – Sonia Mabrouk
Vous avez dit “Intersectionnalité“ ?
L’intersectionnalité est-elle forcément fructueuse ? Est-ce que les luttes antiracistes, post-coloniales, néo-féministes et toutes les autres, telles que décrites dans ce livre, finissent par s’additionner et se nourrir entre elles ?
En apparence, oui. C’est d’ailleurs le fondement même de ce combat qui consiste à fabriquer des victimes communes. Dans cette optique, les personnes cibles de plusieurs discriminations simultanées s’agrègent. En additionnant les figures considérées comme oppressées, les militants con- testataires entendent porter un combat plus large et donc, à leurs yeux, plus universel. Mais une discrimination ajoutée à une autre discrimination équivaut-elle à deux discriminations ? Être à la fois une femme, noire et homosexuelle vous place-t-il d’emblée au croisement de trois discriminations ?
En réalité, les adeptes de cette lutte ne se posent pas la question, ou plutôt préfèrent ne pas l’aborder. Pourtant, la question mérite d’être creusée, dans le but de mettre en avant des contradictions évidentes et, de mon point de vue, insupportables pour qui dispose d’un peu de bon sens. L’exemple le plus édifiant concerne les féministes intersectionnelles qui placent la lutte contre une supposée « islamophobie » loin devant le combat pour l’émancipation des femmes. Leur position sur le voile, telle que décrite dans le chapitre consacré aux néoféministes, est révélatrice d’une confusion coupable qui les mènera droit vers l’engloutissement de leur lutte.
Un prénom en particulier symbolise la somme de leurs lâchetés, celui de la jeune Mila, aujourd’hui encore harcelée, insultée et menacée de viol et de mort pour ses critiques formulées dans un langage très cru sur l’islam. L’affaire dite « Mila » est apparue comme un puissant et cruel révélateur de la confusion idéologique qui règne chez ces féministes. Face à une jeune fille de 17 ans, lesbienne, cible d’attaques d’une rare violence, l’intersectionnalité n’a pas fonctionné. Si certaines associations et militantes féministes lui ont bien apporté leur soutien, elles y ont systématiquement ajouté un « oui mais », car de leur point de vue, on ne peut pas impunément insulter une religion et donc des croyants, oubliant au passage que Mila avait répondu au départ de toute cette affaire à des avances grossières d’un garçon de confession musulmane.
Les néoféministes sont restées aveugles au péril islamiste, pire, elles s’en sont rendues complices. A vouloir épouser toutes les causes, on finit par n’en épouser aucune. L’intersectionnalité n’est plus à une incohérence près. Il faut ainsi s’accrocher pour comprendre pourquoi les antispécistes évitent de prendre pour cibles les commerces halal, contrairement aux devantures des boucheries traditionnelles. D’abord, rappelons que la destruction de vitrines est un acte violent et condamnable quelle que soit la nature du commerce visé. Selon les militants radicaux de la cause animale, vandaliser une vitrine d’une boucherie halal ou bien critiquer l’abattage rituel reviendrait à verser dans l’islamophobie et à prêter le flanc aux xénophobes de tout poil. Les populations immigrées sont donc dispensées, dans la logique antispéciste et intersectionnelle, de se plier à l’obsession végane au nom de l’antiracisme. Il ne faut pas non plus leur imposer une culture qui n’est pas la leur, de crainte de perpétuer des réflexes coloniaux. En revanche, le « Blanc », considéré de fait comme un privilégié, est sommé de ne plus exploiter les animaux.
Jusqu’où l’extension et l’exploitation des notions de race, de classe et de sexe peuvent-elles aller ? Il semblerait qu’il n’y ait pas de limites à une vision victimaire et communautarisée des luttes. La convergence des luttes n’est qu’un fantasme qui donnera bientôt lieu à une lutte interne intenable. Le choc est inévitable. Défendre tous les « dominés » en mettant sur le même plan les différentes discriminations dont ils seraient l’objet conduira irrémédiablement à une concurrence féroce entre les opprimés. Trop de confusions internes minent l’édifice intersectionnel pour qu’il puisse se maintenir debout encore longtemps. Il y a fort à parier que des militants de bonne foi finiront par s’éloigner pour continuer à défendre des causes de manière cohérente …
Sonia Mabrouk.
2 – Mathieu Bock-Côté
Trop blanc !
Au début des années 2000, l’humoriste Michel Mpambara, originaire du Rwanda, lançait dans son pays d’adoption son premier spectacle, qui avait pour titre : Y a trop de blanc au Québec. Chaque fois, il suscitait l’hilarité des spectateurs, amusés par cet homme venu d’ailleurs qui posait un regard caustique sur sa terre d’accueil. Nul n’aurait imaginé, à ce moment, que l’humoriste puisse dire cela sérieusement. et d’ailleurs. ce n’était pas le cas.
Un quart de siècle plus tard, on utilise les mêmes mots, mais désormais sans rire. C’est sur un ton inquisiteur qu’on répète la même formule dans le cadre d’un grand exercice se réclamant de la lucidité collective pour dénoncer la suprématie blanche au Québec. Ainsi, il n’est pas rare de voir des reportages des médias publics s’inquiéter du caractère « trop blanc 》 de la fonction publique, du monde des affaires ou du milieu du spectacle – le rap québécois serait lui aussi trop blanc, ainsi que l’univers des célébrités.
Même la littérature pour enfants serait apparemment trop blanche. Le journal La Presse affirmera : « La littérature jeunesse québécoise met en scène des héros presque tous blancs, qui s’appellent plus souvent Tremblay et Gagnon que Wong ou Khan. » Il n’était apparemment pas venu à l’esprit du quotidien qu’il est encore bien plus courant, au Québec, de s’appeler Tremblay que Wong et Gagnon que Khan. Cette dénonciation ritualisée n’est évidemment pas exclusive au Québec. Le journaliste occidental se transforme en adepte de la comptabilité raciale et multiplie ainsi les enquêtes pour voir où en sont les institutions censées s’adapter aux exigences nouvelles de la diversité et quels efforts elles déploient pour se déblanchir. La traque à la société trop blanche est à la mode. Ainsi, en France début 2020, on a pu entendre dire à Aïssa Maïga, au moment de la cérémonie des César : « C’est plus fort que moi, je ne рeux pas m’empêcher de compter le nombre de Noirs dans la salle. » II s’agissait, sur le mode insolent, de faire le procès d’une salle trop blanche en réinventant le délit de faciès. « Salut les Blancs », avait quant à lui lancé l’humoriste Fary à la 31 ème cérémonie des Molières avant d’ajouter : « Il faut que quelqu’un leur dise… Euh… C’est trop blanc. » Ces remarques, déjà fréquentes des deux côtés de l’Atlantique depuis plusieurs années, se sont multipliées, comme on l’a vu d’ailleurs en Écosse le 18 août 2020 lorsque le ministre Humza Yousaf a fait la liste de plusieurs figures en position d’autorité en les définissant par leur couleur de peau, pour en conclure que son pays était trop blanc et avait un problème de « racisme structurel ». Comme d’autres, il considère que le pays dans lequel ses parents se sont installés est trop blanc, et entend en finir avec cette injustice structurelle.
Un regard rapide sur les thèmes privilégiés par la presse confirme la prédominance de cette approche. La gendarmerie, la police, les sciences de la terre, la médecine, les mathématiques, la mode, l’univers du spectacle vivant, l’Opéra, l’univers de la musique classique … seraient trop blancs. On ne se demande plus, en se rendant à un concert, si l’orchestre jouera bien mais à quoi il ressemblera. Il n’est donc plus rare, au-delà des frontières américaines, de voir des inspecteurs mandatés par le régime diversitaire tenir une comptabilité raciale stricte des organisations publiques et privées, pour en arriver à la conclusion attendue que les Blancs y sont encore trop présents et que la diversité peine à s’y faire une place. « Diversité » étant le terme codé pour dire que les Blancs sont trop nombreux dans des sociétés historiquement « blanches », même si elles ne se représentaient pas dans ces termes.
Dans le monde occidental du début des années 2020, on peut donc, très ouvertement, reprocher à quelqu’un la couleur de sa peau au nom de l’antiracisme.
Mathieu Bock-Côté.
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Une réponse à “Face aux nouveaux racistes, ils lancent l’alerte !”
Il y a un racisme anti blanc ( deja existant ) qui se developpe et qui profite des travers et faiblesses, des pseudo elite a deux balles.
Ces racistes invente un monde totalement biaisé, qu’accepte veulement les pseudos elites.