Fillon – Macron : deux poids, deux mesures !

Plus l’affaire du McKinseyGate avance
plus elle nous rappelle l’affaire Fillon !

Mais ces deux affaires n’ont qu’un seul point commun : ce sont deux scandales touchant les favoris à la présidentielle  et révélés à quelques semaines de l’élection présidentielle.

Pour le reste, les traitements médiatique et judiciaire qui ont suivi la révélation de ces deux affaires n’ont rien à voir !

Sur le plan médiatique, en 2017, la révélation du PenelopeGate par le Canard enchainé avait été immédiatement et massivement reprise par la presse généraliste qui en avait fait ses choux gras tous les jours pendant des semaines.

Aujourd’hui, les révélations de l’enquête du Sénat sur l’affaire McKinsey ont mobilisé les réseaux sociaux mais les médias de grand chemin ont été bien plus longs et timides à s’emparer de l’affaire.

Quant à la Justice, la justice politique appliquée par le Parquet National Financier (PNF) est désormais parfaitement établie quand on compare sa fulgurance dans la mise en examen de François Fillon et la léthargie qu’il affiche dans l’affaire #McKinseyMacronGate !

Mais il y a bien plus grave !

Bien plus inacceptable est l’omerta totale qui règne dans les médias généralistes sur l’affaire du patrimoine d’Emmanuel Macron révélée par l’enquête (Off Investigation) de deux journalistes.

J’ai déjà consacré deux articles à cette affaire (#RothschildMacronGate) :

• Vous avez aimé le McKinseyGate ? Vous allez adorer le RothschildGate !
• Patrimoine de Macron : qui peut y croire ?

C’est beaucoup plus grave puisque, dans le cas du patrimoine Macron, il y aurait d’une part enrichissement personnel par dissimilation de revenu et d’autre part parjure devant la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique !

Le Parquet National Financier, une fois encore, est aux abonnés absents !

Si ce scandale avait éclaté, Emmanuel Macron aurait été contraint de retirer sa candidature !

Voici des extraits d’une interview de l’ancien magistrat Philippe Bilger parue dans Le Club de Valeurs actuelles :

Philippe Bilger : « Malgré le scandale McKinsey,
on est plus frileux avec Macron qu’avec Fillon »

Valeurs actuelles : À 9 jours du premier tour de la présidentielle, l’affaire McKinsey bouleverse la campagne électorale. Peut-elle coûter l’Élysée au président sortant, comme naguère François Fillon avec les “affaires” ?

Philippe Bilger : Je le souhaiterais bien ! Bien que François Fillon ait mis du sien dans sa défaite, c’est bien le sinistre judiciaire qui l’a accablé délibérément. McKinsey, malgré les explications de deux ministres, continue à faire soupçon dans les têtes citoyennes. Force est de constater qu’on est plus frileux avec Macron qu’avec Fillon.

Il y a eu un abus dans le recours aux cabinets de conseil privés pendant ce quinquennat.

Les sommes versées à McKinsey dépassent l’entendement.

Je trouve un peu surprenant que seul le Sénat ait sonné l’alerte. D’ailleurs, il voit juste et sauve l’honneur en saisissant le procureur de Paris d’une plainte en faux témoignages pour le responsable de McKinsey. Emmanuel Macron dit avec mauvaise foi : « Qu’ils aillent au pénal », comme s’il oubliait que le pouvoir judiciaire décisionnaire est sous son emprise. Il est important de savoir discriminer le vrai du faux, mais j’ai tendance à considérer que si le secret est important la transparence est fondamentale lorsqu’elle a une tonalité démocratique.

Valeurs actuelles : La montée dans les sondages d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen ne pousse-t-elle pas Emmanuel Macron à muscler son programme en matière de justice ? Peut-on imaginer une “droitisation de la justice” si le président sortant brigue un second mandat ?

Philippe Bilger : Il commence à le faire. J’entends bien que tous les présidents, à la fin de leur mandat, essaient de rattraper ce qu’ils n’ont pas fait. Je trouve qu’Emmanuel Macron le fait d’ailleurs avec un cynisme totalement assumé. Quand on voit la manière dont il a organisé ces derniers mois un Beauvau de la sécurité et des états-généraux de la justice, on se dit bien qu’il veut persuader les Français qu’il a une main ferme contre le laxisme judiciaire. Il essaie de rattraper le temps perdu. Je déplore qu’on ne mette pas assez en cause cette méthode politique qui se moque des citoyens. Croyez-moi, ces diverses réunions n’auront pas beaucoup d’effets sur l’élection.

Valeurs actuelles : En plus d’Emmanuel Macron, Éric Dupond-Moretti a aussi cette insécurité croissante sur la conscience …

Philippe Bilger : Oui. Je rajoute également que notre garde des Sceaux mène une politique pour les avocats. J’ai été scandalisé par la manière dont il a été nommé à la Chancellerie. C’est un véritable scandale régalien. Il faut se souvenir que l’épouse du président voit cet avocat au théâtre puis suggère son nom au président. On connaît la suite. Le peuple ne comprend pas cette nomination, les magistrats non plus, puisqu’ils ont toujours été détestés par Éric Dupond-Moretti. Emmanuel Macron ne s’est guère soucié des conséquences politiques et démocratiques d’une telle nomination. On en paie le prix aujourd’hui.Valeurs actuelles : En tant que chroniqueur sur CNews et Sud Radio, comment expliquez-vous le succès de ces médias ?

Philippe Bilger : Je suis ravi d’être chroniqueur sur CNews. Je n’ai jamais été entravé dans ma liberté d’expression. Cette chaîne a du succès car on peut y dégager une liberté et une capacité de penser contre soi-même. Je me rends aux débats plus pour écouter les contradicteurs que pour exposer mon point de vue.

Ce n’est pas la faute de CNews si des gens de gauche, sauf quelques exceptions, préfèrent caricaturer une chaîne qu’ils ne  regardent pas. Quant à Sud Radio, j’y suis tous les soirs de 17h à 19h. Je suis vraiment très heureux d’être depuis des années sur cette radio qui est dirigée par un très grand professionnel, Patrick Roger qui est respecté par tout le monde. Le slogan de Sud Radio, « parlons vrai », témoigne de ses valeurs, de ses vertus, de sa déontologie qui laissent la place à la liberté d’expression et qui luttent contre le mépris médiatique à l’égard du peuple.

Propos recueillis par Adélaïde Barba pour Le Club de Valeurs actuelles.