Sur France Inter le 16 juin, l’humoriste salariée du service public Charline Vanhoenacker a lu sa “lettre de motivation pour CNews”. Pour justifier cette missive, elle s’est appuyée sur une enquête du journal Libération affirmant que, sur un an, 36 % des invités de CNews ont été des représentants « d’extrême-droite. »
Vous venez de lire l’introduction d’un article paru dans Causeur sous la signature de Didier Desrimais.
Avant de vous laisser avec cet article, j’aurais juste deux petites remarques à formuler :
Tout d’abord, j’aimerais connaitre les critères utilisés par Libération pour classer les intervenants à l’extrême droite sachant qu’historiquement, il y a bien longtemps que l’extrême droite a disparu du paysage politique français.
Ensuite, il y a de quoi mourir de rire (ou de chagrin) en entendant une humoriste de la très gauchiste et très progressiste radio France Inter donner des leçons de pluralisme à CNews ! Depuis quand Marine Le Pen n’a t-elle pas été invitée par France Inter ? Vous verrez plus bas que France Inter n’invite que 3 % de personnalités du Rassemblement national alors que ce pays reçoit les suffrages d’un quart des Français !
Charline Vanhoenacker a envoyé sa lettre de motivation à CNews !
Charline Vanhoenacker veut, dit-elle en riant, aider CNews à améliorer ce score, d’où cette fameuse lettre de motivation. Passons rapidement sur l’absence évidente d’un quelconque humour de cette chroniqueuse qui ne fait glousser que ses collègues, surtout lorsqu’elle révèle vouloir se faire embaucher par CNews pour réaliser son rêve : se faire maltraiter en direct par … Élisabeth Lévy. Et confirmons le proverbe biblique : « On voit la paille dans l’œil de son voisin mais pas la poutre dans le sien. »
Les fact-checkers repartent à la chasse aux « fachos »
L’enquête en question est très intéressante. Le titre de présentation est doublé, en gras, sur la page du DataMatin de Libération, on ne peut pas le rater : « 36 % de invités politiques de CNews sont d’extrême-droite. » La ligne correspondant à cette assertion est bien visible en haut d’un tableau coloré. Il aurait été honnête de commenter la totalité de ce tableau. Pour constater deux choses : 1) Oui, CNews invite, plus que les autres, des représentants dits d’extrême-droite, mais… 2) Si l’on se reporte à l’antépénultième ligne du tableau qui concerne France Inter, on constate que la radio publique “la plus écoutée de France” n’invite de son côté qu’à peine… 3% de représentants d’extrême-droite (score le plus faible de toutes les radios publiques et privées), tandis que LREM + Modem passent allègrement la barre des 40%, et que la gauche + l’extrême-gauche approchent les 30%.
Encore plus intéressant : Libération propose d’affiner cette lecture via un lien qui conduit à CheckNews, c’est-à-dire à l’officine de vérification du journal… Libération. Cette officine a compté le nombre d’apparitions des responsables politiques dans les seules matinales depuis début avril. Libération souligne que la matinale de CNews se distingue en étant celle qui invite le plus de représentants de « l’extrême-droite » (26,5 % du total) mais avoue qu’il a intégré les interventions de différentes personnalités qui peuvent être “apparentées” RN. Et France Inter ? Aucun commentaire sur France Inter. Rien. Nada. Pourtant, la 1ère radio de France ne déroge pas à sa principale règle déontologique qui est, en période électorale, de donner le moins possible la parole au parti dont on peut penser ce qu’on veut, mais qui représente aujourd’hui potentiellement plus d’un quart des électeurs français.
En conséquence de quoi, bon dernier du classement, France Inter n’a octroyé que… 3 % de ses invitations matinales à des représentants d’extrême-droite, score de loin le plus bas de toutes les radios et chaînes d’information continue. Comme Libé a dû voir que cela clochait quelque part, il précise : « Pour rappel, depuis le 10 mai et le début de la période électorale, les chaînes sont tenues de respecter une certaine équité, mais sans que cela ne se traduise par un pourcentage précis de temps de parole à donner à chaque parti. » Ah bon, me voilà rassuré, j’ai cru un instant que France Inter ne respectait pas « la pluralité des expressions politiques » qui lui tient tant à cœur.
C’est la notion du pluralisme de France inter qui est drôle!
3 % c’est pas mal, mais je pense qu’on peut faire mieux, c’est-à-dire moins. J’aimerais participer. J’ai donc décidé de postuler à un poste de programmateur sur la radio publique. En prenant comme modèle la lettre de motivation de Charline Vanhoenacker, j’ai écrit la mienne pour France Inter.
Extraits :
« Chère France Inter, je me porte candidat pour vous aider à choisir vos invités, parce qu’il me semble important de contribuer à la pluralité des idées… de gauche. Bien sûr, je respecterai l’équilibre de la parole : par exemple, si on a un intervenant de LFI, on prendra comme contradicteur quelqu’un de droite comme… Aurélien Taché. Parce qu’il faut faire preuve de nuance dans ce métier, chose qu’on ne voit pas assez dans les médias privés. Pour eux, tous les progressistes sont des abrutis ! Allez hop, tout le monde dans le même sac, et ils ne sont même pas payés avec nos impôts, les cons. […]
Je pense avoir le profil pour le poste : hier j’ai agressé verbalement un ami qui avait tweeté un message de soutien à Jean Messiha ! C’est le métier qui rentre. […]
Je sais me montrer convaincant aussi : sachez par exemple que j’ai réussi à convaincre un ami de l’intérêt des éoliennes en me foutant gentiment de sa gueule devant tout le monde. L’humour, ça sert aussi à ça. […]
Je suis quelqu’un d’ambitieux et je ferai tout mon possible pour réaliser mon rêve : me faire maltraiter en direct par Charline Vanhoenacker. […]
Je voudrais que France Inter devienne ma nouvelle famille. Sans vouloir me victimiser, j’ai été élevé par des parents pétainistes. Je vis encore des moments très éprouvants : mon père regarde tous les soirs Zemmour sur CNews et m’appelle ensuite pour me rapporter les meilleures analyses de son éditorialiste préféré. La honte. […]
Et enfin, passionné de communication, je propose aussi de compléter votre campagne d’affichage par ce slogan : “Pourquoi on se gênerait alors que c’est nous qu’on est du côté du bien ?” »
Si avec ça France Inter ne m’embauche pas …
Didier Desrimais pour Causeur.
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3 Réponses à “France Inter : la paille et la poutre”
Ils vont finir par nous avoir à l’usure … A force, je suis découragé.
Ils y travaillent, les résultats sont tellement encourageants qu’ils vont persévérer!
Moi aussi j’envois ma candidature a ces fêlés !