Voici la suite de l’excellente tribune de Anne-Sophie Chazaud parue dans Causeur :
Trump voit sa légitimité contestée depuis quatre ans !
La première partie était consacrée à l’analyse du mandat de Donald Trump et à l’incroyable coalition des élites américaines ( médias, sphères intellectuelle et universitaire, milieu autorisé et bien-pensant du show-biz, sondeurs aveugles ou mensongers…) qui s’était liguée contre lui.
Voici la seconde partie qui projette sur la France les conséquence de la résilience incroyable du vote Trump, qu’aucun média français n’avait prévu :
La “Redneck nation” de Trump et les Gilets jaunes de Macron
Ce malaise dans la démocratie est le même que celui qui s’est manifesté en Europe lorsque le mainstream a été incapable de prévoir, de comprendre puis d’accepter la légitimité du vote « non » au référendum sur le Traité Constitutionnel européen. Légitimité qui a été tellement contestée du reste qu’elle a été niée et contournée par le félon Traité de Lisbonne, trahison parlementaire dont la démocratie française n’est pas remise. Ce malaise dans la démocratie est le même que celui qui nimbe d’un sentiment d’illégitimité (ce qui ne signifie pas l’illégalité formelle) qui entoure la présidence Macron rendue possible à la faveur du raid médiatico-judiciaire que l’on sait visant le candidat Fillon et appuyé par une presse quasi entièrement ralliée au jeune banquier. Le mouvement des Gilets Jaunes fut l’expression de cette même fracture, qui n’en a pas fini de produire ses effets.
Ce malaise dans la démocratie est le même qui a vu toute une partie des élites boboïsées britanniques simplement incapables d’accepter le vote pourtant clair du peuple souverain en faveur du Brexit.
Dans tous les cas, la contestation de la légitimité du peuple s’est toujours d’abord opérée contre les classes populaires, réputées incultes, haineuses, égarées, pourvoyeuses ou victimes de fake news. Ce combat obsessionnel des élites et des prescripteurs d’opinion contre les fake news devrait d’ailleurs interpeller : la notion même de fake news a été élaborée en réaction à l’élection de Donald Trump, puis s’est nimbée d’un vernis universitaire et intellectuel sur fond de grandes envolées au sujet de la « post-vérité ». Les entreprises de réseaux sociaux ont bondi sur l’occasion pour justifier la censure au nom de cette lutte contre la désinformation tandis que les gouvernances néo-progressistes, comme la Macronie, s’empressaient d’adopter des dispositifs liberticides en ce sens (loi anti fake news promptement adoptée en France).
Deux populations face à face
Cette contestation s’est ensuite opérée par tous les moyens possibles : grotesques accusations d’interventions russes (un grand classique du complotisme anticomplotiste), tentatives hystériques et désespérées d’impeachment, agitation de rue encouragée de manière irresponsable et délibérée par le camp du Bien au point que le pays a basculé depuis les outrances du mouvement Black Lives Matter au bord de la guerre civile (mais qu’importe, puisque certains préfèrent sacrifier leur pays plutôt que leur idéologie), etc.
Tout ce qui était possible pour délégitimer le pouvoir « populiste » en place a été entrepris, depuis des années, et par tous les moyens. En France, la répression visant le « Gaulois réfractaire » a été inouïe et sans aucune comparaison dans notre histoire récente depuis la guerre d’Algérie.
Nos démocraties voient donc et de manière profonde et durable, deux populations se faire face, sans compter les multiples ferments séparatistes qui les parasitent, et ces deux entités semblent désormais difficilement conciliables, imperméables radicalement à la rhétorique et à l’idéologie de l’autre, ce qui rend l’acceptation du processus électoral de plus en plus malaisée pour ne pas dire impossible. En revanche, accuser les « populistes » (ici Trump), d’avoir attisé les braises lorsqu’on a passé quatre ans à leur contester toute légitimité, y compris par l’action de rue violente, relève du très mauvais scénario si ce n’est de la farce tragique.
Anne-Sophie Chazaud pour Causeur.
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