
Macron, son bloc central, et tous les partisans forcenés de l’Ukraine font commencer le conflit ukrainien en février 2022 avec ce qu’ils nomment « l’invasion russe » et que Vladimir Poutine appelle « l’opération spéciale ».
Il faut être, soit ignare en géopolitique, soit de mauvaise foi, pour faire semblant d’ignorer que les combats avaient commencé huit ans plus tôt, dès 2014, avec les bombardement des populations russophones du Donbas par l’armée ukrainienne.
Le démantèlement de l’USAID par Donald Trump et Elon Musk a montré que la révolution de Maiden, qui avait promu un gouvernement ukrainien anti-russe avait été financée par l’Etat profond démocrate avec l’objectif d’en découdre avec la Russie.
L’économiste américain Jeffrey Sachs a proposé devant le Parlement européen une clé de lecture intéressante des origines du conflit en Ukraine, via l’OTAN.
Voici un article de La Sélection du Jour qui présente sa vision du conflit :
Qui a déclenché la guerre en Ukraine ?
Trois lectures du conflit
Le débat sur l’origine de la guerre en Ukraine oppose deux principaux narratifs couramment mis en avant. Pour Moscou, il s’agissait de protéger le Donbass. Kiev évoque une double trahison russe : en Crimée d’abord, puis l’agression de 2022. Mais des voix comme Jeffrey Sachs, dénoncent surtout l’ingérence américaine depuis 2014, sans laquelle, selon lui, ni la Crimée ni le Donbass n’auraient été perdus.
Donald Trump a étonné en reprenant l’affirmation des Russes selon laquelle les Ukrainiens auraient déclenché la guerre. Les Russes et ceux qui soutiennent leur narratif, comme la journaliste française Anne-Laure Bonnel, répètent en boucle que 13 000 victimes civiles sont mortes entre 2014 et début 2022, et qu’il était donc du devoir des Russes de protéger les populations du Donbass. D’autres affirment que les Ukrainiens s’apprêtaient à attaquer les républiques auto-proclamées de Donetsk et Lougansk et que l’intervention russe était à but préventif. Mais les chiffres détaillés semblent montrer que ces 13 000 victimes se répartissent à moitié entre combattants des deux côtés et civils, et, dans chaque catégorie, pour moitié entre Ukrainiens pro-russes et Ukrainiens fidèles au gouvernement de Kyiv. Quant aux observateurs des Nations unies, ils ont noté des tirs des deux côtés et certainement pas une offensive ou une pré-offensive ukrainienne.
Les Ukrainiens, eux, se basent sur le protocole de Budapest signé en 1994 par la Russie. Ce protocole garantissant l’intégrité des frontières de l’Ukraine, y compris la Crimée, en échange du retour en Russie des armes nucléaires stockées par l’URSS sur le territoire ukrainien. Les Ukrainiens accusent ainsi les Russes d’une double trahison : celle de 2014 d’abord, avec l’annexion de la Crimée et le soutien aux républiques séparatistes en violation de ce protocole de Budapest, et la tentative d’invasion du pays en février 2022 ensuite. Ils mettent en avant le cynisme des Russes dont le représentant aux Nations unies affirmait quelques jours avant le début de l‘invasion, que les Russes n’avaient aucune intention d’envahir l’Ukraine !
Les Russes répliquent que les Ukrainiens n’ont jamais appliqué les accords de Minsk, signés en 2014. Ces accords visaient à donner une large autonomie aux habitants du Donbass, et ils ajoutent, qu’Angela Merkel aussi bien que François Hollande, ont montré leur duplicité à ce sujet en affirmant publiquement que ces accords n’étaient pas faits pour être appliqués mais pour donner aux Ukrainiens du temps de se réarmer.
Mais il existe une autre et véritable tache aveugle : l’ingérence des Américains. En 2010, le président Ianoukovytch a été élu lors d’une élection jugée par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe comme étant « transparente et honnête », et « une démonstration impressionnante de démocratie ». Mais en décembre 2013, suite à son refus de signer un acte d’association avec l’Union européenne, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues de Kyiv pour des affrontements de plus en plus violents avec les forces de l’ordre (82 morts du côté des manifestants, mais également 13 du côté des forces de l’ordre). Or, dès le 15 décembre 2013, les sénateurs américains, John Mc Cain et Chris Murphy, se sont adressés aux manifestants sur la Place Maidan à Kyiv pendant que Victoria Nuland, la Vice-Secrétaire d’État aux Affaires Étrangères US chargée de l’Ukraine, et l’Ambassadeur américain en Ukraine, non seulement encourageaient les manifestants, mais étaient, en plus, en train de composer… le prochain gouvernement ukrainien comme le montre une fuite de Wikileaks. Ainsi, Victoria Nuland écarta Vitali Klitschko, le Maire de Kyiv (pourtant l’un des leaders de l’opposition), au profit d’Arseni Iatseniouk, qui deviendra bel et bien le Premier Ministre ukrainien deux mois plus tard, après le renversement illégal du président du pays. Ce dernier s’est enfui 24h après avoir signé un accord de fin de crise avec l’opposition… que celle-ci s’est empressée de ne pas respecter. Victoria Nuland nous apprend par ailleurs, que les Américains ont consacré une partie de leurs 5 milliards de dollars d’aide à l’Ukraine, pour « promouvoir la démocratie », c’est-à-dire en clair, pour s’ingérer dans les affaires ukrainiennes en soutenant les partis pro-Occidentaux. Quant au sénateur Murphy, il assumait sans gêne le rôle des Américains dans le renversement du président ukrainien et il se félicitait des contrats que cela allait apporter à son État !
Sans cette déstabilisation de l’Ukraine visant à obtenir son alignement sur l’Occident, la Crimée et le Donbass seraient peut-être encore ukrainiens aujourd’hui, comme le pensent l’économiste américain Jeffrey Sachs, dans son discours au Parlement européen du 19 février dernier, et John Mearsheimer, dans un article récent (notre sélection).
Jeffrey Sachs rappelle aussi la question de la progression de l’OTAN vers l’Est, en évoquant les promesses faites aux Russes du temps de Gorbatchev et après. Certain de l’importance de cette question, il avait démandé explictement au secrétaire d’État américain Anthony Blinken, d’affirmer que l’Ukraine n’entrerait jamais dans l’Otan, en lui expliquant que sinon, une guerre terrible allait se déclencher. Mais Blinken lui avait répondu en affirmant qu’il n’y aurait jamais de guerre entre la Russie et l’Ukraine !
L’analyse de la situation est donc plus compliquée que ce que beaucoup en disent. Si tout ceci a débouché sur une agression injustifiable, visant à renverser le gouvernement d’un pays indépendant et à annexer le plus possible son territoire, on voit qu’il n’y a sans doute pas seulement d’un côté, des méchants Russes et de l’autre, des pauvres Ukrainiens. Dès 2005, un documentaire de Canal+ intitulé « Les États-Unis à la conquête de l’Est » montrait le niveau d’ingérence des États-Unis dans les révoltes en Géorgie, au Kirghizstan, en Serbie, et (déjà) en Ukraine. Détail significatif : dans ce film, un jeune Kirghize s’émerveillait (déjà en 2004 !) du fait que les militants ukrainiens pro-occidentaux avaient « tellement d’argent » !
Jean Staune pour la Sélection du jour.




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