Au risque de me répéter – pardon, avec la volonté affichée de la répétition – je vais encore consacrer un article à la liberté d’expression et aux atteintes multiples qu’elle subit depuis quelques années.
En effet, dans l’indifférence quasi générale:
– on interdit ici à une philosophe (pourtant de gauche) de s’exprimer contre la PMA pour toutes,
– on fait interdire là une conférence sur les signes extérieures de la radicalisation islamique.
Des mouvements radicaux venus d’outre atlantique contaminent nos universités devenues des porte-voix du lobby gay, de l’indigénisme et du communautarisme.
Partout, c’est la dictature des minorités !
Il semble que la citation apocryphe de Voltaire :
Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’à la mort pour que vous ayez le droit de le dire.
soit en passe d’être remplacée par :
Je ne suis pas d’accord avec vos idées et je vais me battre pour que vous n’ayez plus le droit de les exprimer
Je laisse la parole à Guillaume Roquette qui, dans un article du Figaro Magazine, a dénoncé cet « esprit Charlie » que la gauche et les médias revendiquent mais qu’ils bafouent en permanence :
Vous avez dit Charlie ?
Cinq ans après le drame, il paraît que l’esprit Charlie souffle sur la France. Politiques, médias, people en tout genre rivalisent de déclarations pour claironner « Je suis Charlie », jurant la main sur le coeur leur attachement irréductible à la liberté d’opinion. Mais les manifestations commémoratives et les déclarations ronflantes à la gloire des valeurs de la République ne doivent pas faire illusion : la liberté d’expression a sensiblement régressé depuis cinq ans.
D’abord à cause de la peur.
Tous ceux qui critiquent l’islamisme ne craignent pas de finir assassinés comme les journalistes de Charlie Hebdo. Mais tous savent qu’ils s’exposent au harcèlement judiciaire d’associations attachées à faire taire les voix hostiles au salafisme et à l’islam politique. Tous savent que chacune de leurs interventions déclenchera sur les réseaux sociaux une flopée de menaces, parfois très précises et évidemment anonymes. Tous savent qu’ils seront taxés d’« islamophobie », et accusés d ‘être d’extrême droite. Il est tellement plus facile de tenir des discours doucereux sur les bienfaits du vivreensemble et du « pas d’amalgame ».
Si notre pays était vraiment Charlie, il se battrait pour préserver ce trésor qu’est la liberté d’expression. Mais dans la France d’aujourd’hui, on préfère empêcher une philosophe (Sylviane Agacinski) d’intervenir à l’université parce qu’elle est hostile à la PMA. On essaie d’interdire d’antenne des journalistes comme Éric Zemmour. On bannit une campagne d’affichage qui promeut la maternité et la paternité, au prétexte qu’elle émane d’une association pro-vie, Alliance Vita. Chaque jour, les comptes Twitter de délateurs sans visage traquent toute pensée non conforme et font pression sur les annonceurs pour qu’ils boycottent les médias s’écartant du politiquement correct.
Si notre pays était vraiment Charlie …
… les responsables publics tenteraient de contrer ces pulsions liberticides. Mais dans la France d’aujourd’hui, on préfère les encourager, quand on ne les organise pas.
C’est la maire de Paris en personne qui a exigé le retrait de la campagne d’Alliance Vita. Ce sont les organismes officiels (radio publique, CNRS, universités … ) qui tolèrent ou même organisent les nouvelles censures. C’est une députée de la majorité, Laetitia Avia, qui a élaboré une nouvelle loi pour réprimer sur internet toute opinion s’apparentant à de la « haine ». On se gardera bien ici de promouvoir ce détestable sentiment, mais la jurisprudence démontre combien ce mot a été détourné de son sens pour faire taire tout point de vue trop défavorable à la nouvelle doxa : race, genre, orientation sexuelle … tous les sujets sensibles peuvent désormais donner lieu à condamnation.
L’esprit de Voltaire semble bien loin.
Le dernier chic, quand on n’est pas d’accord avec quelqu’un, est aujourd’hui de se battre pour qu’il n’ait plus le droit de s’exprimer.
Mais, heureusement, il reste des médias attachés à la confrontation des idées et au pluralisme. Et vous savez que notre ambition, au Figaro Magazine, est de compter parmi eux.
Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine.
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