Je suis de droite, et donc, du côté de l’ordre.
Enfin, je suis pour l’ordre quand on parle d’ordre juste. Dans le mouvement des Gilets jaunes, j’avoue n’avoir pas pris au sérieux, pendant les premières semaines, les diverses critiques et témoignages concernant des violences policières. Je me sentais naturellement du côté des forces de l’ordre durement mises à l’épreuve par plusieurs mois de plan Vigipirate, d’assassinats par des terroristes islamiques et maintenant par d’agressions de casseurs en marge des manifestations des Gilets jaunes.
Mais de plus en plus de vidéos, forment des témoignages accablants contre des violences policières parfois gratuites. Par ailleurs, les nombres de gardes à vue (plus de 5 000), et de condamnations semblent disproportionnés par rapport à ces événements, notamment quand on les compare à ce qui se passait pendant les manifestations contre la loi El Khomeri qui avaient été souvent aussi violentes.
Beaucoup d’observateurs dénoncent une collusion Exécutif-Justice qui débouche sur une sévérité semble t-il exagérée. Hier, j’ai pris connaissance d’une directive envoyée par la Garde des sceaux, Nicole Belloubet, à tous les procureurs de France. En voici un extrait, le document intégral étant consultable ici :
Nous vous demandons une clémence particulière et bienveillante pour les particuliers automobilistes, professionnels et entreprises du transport routier ayant provoqué le décès de manifestants suite à des accidents sur des ronds-points ou des routes bloqués dans le cadre de filtrage illégaux.
Nous vous recommandons une sévérité exemplaire et l’application de la loi dite « anti-casseurs » pour tous les participants, pacifiques ou non, arrêtés suite à des manifestations non déclarées, à Paris ou en province.
N’y a t-il pas une disproportion entre la clémence bienveillante d’une part et la sévérité exemplaire d’autre part ?
On aimerait que la Garde des sceaux soit aussi déterminée contre les racailles de banlieue que l’on trouve toujours en liberté après … 27 condamnations !
Visiblement l’exécutif a poursuivi deux objectifs depuis le début du mouvement :
- Décrédibiliser le mouvement des gilets jaunes et en cela, il a été grandement aidé par les chaines d’infos en continu, qui n’ont relayé pratiquement que les scènes de violences.
- Tenter de dissuader les Gilets jaunes de manifester par des arrestations en masse et des condamnations. Du jamais vu dans le passé des manifestations sociales.
Deux articles parus tout deux dans Causeur illustrent bien cette double stratégie qui a fait long feu puisque, après 9 semaines, le mouvement perdure et s’est même renforcé récemment et que le soutien des Français ne se dément pas.
Ils ont tenté de dresser le peuple contre la police
Extraits :
Pour tenter de reprendre la main, le gouvernement a donné l’impression d’instrumentaliser les « violences » qui ont lieu en France pour dresser le peuple et la police l’un contre l’autre. Cette « politique » de pompiers pyromanes a été douchée par l’acte IX des gilets jaunes.
Au fil des semaines en effet, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux et le président Emmanuel Macron lui-même, en parfaits pompiers pyromanes, n’ont cessé de jeter de l’huile sur le feu d’une manière pour le moins déconcertante.
L’épisode grotesque de la guerre des cagnottes et les déclarations loufoques du staff macronien, Marlène Schiappa et Aurore Bergé en tête (de linottes ou de gondoles, nul ne sait…), auront parachevé ce déplorable édifice qui ne fait pas honneur à la noblesse politique ni à la hauteur de vue requise par le sens de l’intérêt général et commandée par la gravité de la situation.
Deux poids deux mesures
La culture de l’excuse et du relativisme qui a constamment été appliquée face aux violences urbaines des quartiers perdus de la République, cette culture qui conduisait Emmanuel Macron en visite aux Antilles à poser sur un selfie aux côtés de repris de justice faisant des doigts d’honneur, l’amenant à les chapitrer gentiment sur leurs petites « bêtises » (braquages et autres menues broutilles du même acabit), n’a soudainement plus été de mise dès lors qu’il s’est agi de comprendre les faits de violence d’un peuple en colère. Le grossier deux poids deux mesures n’aura échappé à personne.
Gilets jaunes: quand la justice se prend pour la police
Extraits :
La justice est là pour rendre justice, pas pour rétablir l’ordre !
Que se passe-t-il dans la magistrature française ? Dans le silence obstiné des organisations syndicales, un pouvoir aux abois semble avoir instrumentalisé une répression judiciaire sans précédent pour tenter de mater un mouvement social. Il y a la stratégie du ministère de l’Intérieur autour de la violence pour tenter de disqualifier le mouvement. Mais, malheureusement, la magistrature accepte ces dérives et joue sa partition dans ce qui s’apparente, désormais, à une entreprise de masse qui entretient des rapports très lointains avec l’État de droit dont on nous rebat pourtant les oreilles.
Cravachés par Nicole Belloubet en personne (!) se déplaçant au tribunal de Paris un dimanche, et par les interventions permanentes de la place Vendôme voire de Matignon – y compris des instructions individuelles pourtant interdites par la loi -, les parquets déchaînés basculent avec zèle dans la sanction de masse, font procéder à des arrestations souvent préventives, par milliers, défèrent également par milliers des gens devant les tribunaux, à l’aide de procédures d’urgence dans lesquelles, par des réquisitoires violents, ils demandent des peines folles. Et, de façon stupéfiante, la magistrature du siège a accepté de rentrer dans cette logique et distribue en cadence des peines ahurissantes. Depuis le début du mouvement, plus de 5000 arrestations, 1000 condamnations, 350 personnes incarcérées sur la base d’incriminations parfois farfelues. Et avec des interprétations de la loi répressive souvent audacieuses, pour ne pas dire plus. Désolé, mais ceci n’est pas de la justice, c’est de l’abattage.
Le parti de la Justice
On a ainsi assisté à une série de dérives, généralement orchestrées par les institutions d’exception que sont le Parquet national financier (PNF) et le Pôle d’instruction financier, systématiquement couvertes par les juridictions supérieures. D’abord la chasse au Sarkozy sous Hollande, ensuite la destruction judiciaire de la candidature présidentielle de François Fillon, applaudie à tout rompre par les syndicats et la hiérarchie judiciaire. Il faut cesser de finasser : le contester aujourd’hui relève du grotesque. De ce point de vue, la sincérité du scrutin de la présidentielle a été faussée. Comme elle l’a été par les moyens financiers et médiatiques massifs, pour la plupart illégaux, qui ont été utilisés à l’appui de la candidature Macron, et qui n’ont pas arraché une plainte aux organes de contrôle et à la justice.
C’est d’ailleurs cette illégitimité initiale qui explose à la figure de celui qui en avait été le bénéficiaire. Une fois le jeune roi au pouvoir, il y a eu la protection judiciaire dont a bénéficié son entourage et sa cour. C’est Richard Ferrand, Muriel Pénicaud, Gérard Collomb, Ismaël Emelien et quelques autres. Avec à leur tête la star de la complaisance judiciaire : Alexandre Benalla. L’homme qui embarque et planque son coffre-fort sous le nez de la police sans que cela arrache un froncement de sourcils au procureur, qui prétend grossièrement contre l’évidence n’avoir été en possession que d’un pistolet à eau, que l’on maintient sous le statut de témoin assisté, qui semble depuis son départ de l’Élysée multiplier les infractions sans que, là aussi, il ne se passe grand-chose.
Dans cet article, vous apprendrez comment, selon le Canard enchaîné, l’exécutif envisage de laver François Bayrou de tout soupçon afin de permettre son éventuelle entrée au gouvernement, peut-être même comme premier ministre …
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