La guerre de sécession des gouverneurs a commencé

Publié par le 19 Oct, 2024 dans Blog | 0 commentaire

La guerre de sécession des gouverneurs a commencé

« La guerre de sécession a cessé. Ça, c’est sûr ! »

Les plus âgés d’entre vous se souviendront de ce célèbre sketch des comiques Roger Pierre et Jean-Marc Thibault.

Les autres me pardonneront cette transition plus personnelle qu’historique vers le sujet de cette nouvelle sécession qui s’empare des États-Unis d’Amérique et qui dément cette affirmation de notre duo comique.

On observe en effet un violent séparatisme culturel qui oppose les Américains, état par état. Les Etats-Unis sont une fédération et, la large autonomie dont bénéficient les Etats par rapport au pouvoir fédéral central, les pousse à se différentier sur les sujets politiques et surtout dans le domaine sociétal. On l’a vu avec les différences de statut du droit à l’avortement dans certains états.

Dans les états favorables à Donald Trump, de nombreux gouverneurs mènent un combat culturel féroce contre le wokisme comme le Texas et la Floride. Alors que d’autres états comme la Californie font du wokisme leur combat prioritaire.

Voici un article de Boulevard Voltaire qui illustre ce combat culturel en cours outre-atlantique avec l’exemple de la croisade anti-woke du gouverneur de Floride, Ron de Santis :

En Floride, « l’offensive des conservateurs est dangereuse »

Ron de Santis, gouverneur de Floride

La députée Sandrine Rousseau était remontée, sur le plateau de LCI, ce 14 octobre. Elle fulminait :

Il y a une offensive des conservateurs catholiques, on le voit aux États-Unis, où ils retirent les livres des bibliothèques, ce qui n’est pas bon signe sur la manière dont on éduque. Je suis contre tous les conservatismes, celui-ci est dangereux. Je voudrais vraiment qu’on préserve l’école des assauts des conservatismes.

Une séquence « ridicule » qui n’a d’ailleurs pas échappé à la sagacité de Gabrielle Cluzel. Quelles fautes a donc commis l’État de Floride, aux États-Unis, pour être ainsi brocardé, cloué au pilori ?

Sandrine Rousseau fait ici référence à une information véhiculée ces derniers jours : en Florid :

une série de lois oblige les écoles à retirer les ouvrages évoquant des scènes de nudité, ainsi que ceux traitant des questions de genre ou d’orientation sexuelle,

affirme France Info, reportage à l’appui au sein du New College. France Info relaie la parole d’étudiants et déplore la perte de « centaines de livres, dont certains classiques français, [qui] finissent ainsi à la poubelle ».

Au New College, le grand ménage

Ce qui n’est pas tout à fait faux : au mois d’août 2024 au New collège, université publique de l’État de Floride, des centaines de livres d’études de genre ont réellement été jetés à la benne. Pour bien saisir tout le sel de l’affaire, BV a interrogé Sylvie Perez, fine observatrice du mouvement woke dans le monde anglo-saxon et auteur de l’excellent ouvrage :

En finir avec le wokisme. Chronique de la contre-offensive anglo-saxonne (Éditions du Cerf).

Partant du constat que le transgenrisme « frappe la jeunesse dans des proportions terrifiantes », explique la journaliste (entre 2019 et 2023, aux USA, 14.000 mineurs ont entrepris une transition de genre).

Parmi eux, 5.200 jeunes filles mineures se sont fait couper les seins !

le New College de Floride a fermé son département d’études de genre dans l’optique de privilégier la rigueur académique à l’activisme idéologique.

Un de ses administrateurs, Christophe Rufo (« un des premiers à alerter sur la pénétration du wokisme dans les administrations publiques, les entreprises et les institutions culturelles », selon elle), a donc décidé de « déloger le wokisme des universités ». D’où cette mise au rebut d’ouvrages qui scandalise tant Sandrine Rousseau. Une décision qui s’inscrit dans un mouvement de rejet du wokisme plus large, qui traverse le monde anglo-saxon (voir l’ouvrage de Sylvie Perez sur la question).

« Les manuels et les cours à caractère sexuel ne sont pas adaptés aux écoles »

Pour les plus jeunes, sous l’impulsion du gouverneur de Floride, Ron DeSantis, « qui a déclaré la guerre au wokisme, notamment dans le secteur de l’éducation », poursuit Sylvie Perez, la loi HB 1069 interdit, depuis le 1erjuillet 2023 :

les cours à propos de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre pour les enfants de moins de 13 ans, l’usage des pronoms du sexe opposé dans les écoles publiques, et oblige à enseigner une définition biologique du sexe dans les cours de biologie.

Et si « aucun livre n’est interdit en Floride, proteste le porte-parole du ministère de l’Éducation de Floride Sydney Booker, pris à la gorge par les réactions des progressistes, les manuels et les cours à caractère sexuel ne sont pas adaptés aux écoles ».

Les parents ont le droit de protester et de se faire entendre

En outre, le texte de loi offre la possibilité aux parents de :

s’opposer à tout matériel dans la salle de classe ou la bibliothèque scolaire ou sur une liste de lecture qui représente ou décrit une conduite sexuelle, même si elle n’est pas pornographique.

Le matériel ainsi contesté est retiré pour être ensuite examiné par un comité de lecture qui décide de sa réintroduction ou non dans les salles de classe ou les bibliothèques. Des associations de parents engagés pour la protection de l’enfance contre l’idéologie du genre telles que Moms for Liberty ont largement participé à cette bataille contre l’endoctrinement de leurs enfants. Sylvie Perez ajoute :

Dans sa guerre contre le wokisme, Ron DeSantis s’attaque à la fois au transgenrisme et à la théorie critique de la race, ce nouveau racialisme.

À titre d’exemple, ont ainsi disparu des rayonnages destinés à la jeunesse, au grand dam des tenants du wokisme auxquels notre France Culture ouvre largement ses colonnes, des ouvrages décrivant des rapports sexuels, des viols d’adolescents ou le livre Gender Queer, de Maia Kobabe. L’État de Floride est visé par des recours en justice par ceux-là mêmes qui défendent la réécriture de l’Histoire, l’introduction de personnages LGBT dans les dessins animés, interdisent le baiser de Blanche-Neige et éradiquent de la littérature classique des titres comme Dix Petits Nègres d’Agatha Christie ou Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell.

Pour Sylvie Perez, « si la loi anti-woke de Floride (« Stop Woke Act ») déplaît à ses opposants, elle trouve grâce aux yeux de la majorité des parents aux USA » (à 67 %, selon un  sondage de mars 2022). Un encouragement à laisser les parents décider de ce qui est bon pour leurs enfants.

Ce que Sandrine Rousseau qualifie d’offensive conservatrice « dangereuse » n’est autre qu’une forme de respect de ce que veut le peuple.

Sabine de Villeroché pour Boulevard Voltaire.

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