« La pensée perverse au pouvoir »

Publié par le 8 Déc, 2024 dans Blog | 1 commentaire

« La pensée perverse au pouvoir »

J’aimerais revenir sur mon précédent article :

Le pervers narcissique dans toute sa splendeur !

en relayant une analyse bien plus sérieuse du caractère de Macron qui a durement impacté la France.

En préalable, je rappelle la définition du pervers narcissique (source Medadom) :

Un pervers narcissique est par définition une personne présentant une maladie psychiatrique qui la pousse à manipuler et à faire souffrir son entourage sans ressentir d’empathie. Un manipulateur pervers (ou manipulatrice perverse) joue sur la culpabilisation et cherche à établir une emprise sur ses victimes. 

Voici donc une analyse sociologique beaucoup plus fouillée que propose le site Slate.

« La Pensée perverse au pouvoir »,
une analyse psychosociologique d’Emmanuel Macron

Marc Joly prolonge ses travaux sur la perversion narcissique, d’abord développés dans le cadre du couple, en s’intéressant à la domination politique.

Le 9 juin 2024, Emmanuel Macron décide de dissoudre l’Assemblée nationale à la suite des résultats historiques du Rassemblement national aux élections européennes. « Dans ce contexte, le champ sémantique de la folie irrigue le débat politique comme jamais », associé, dans la bouche du président de la République, au terme de « clarification ». Pour le sociologue Marc Joly, auteur de La Pensée perverse au pouvoir, la « superposition » des deux est symptomatique, alors que tout est fait pour que la clarification annoncée soit impossible. Macron « a inventé la clarté confuse, la clarté dans le brouillard de la peur et de l’incompréhension ».

Au bout du compte, le président de la République en vient à s’allier avec la droite, ce qu’il aurait pu faire avant et sans dissolution, le tout au mépris de la logique des institutions, qui aurait voulu qu’il appelle le Nouveau Front populaire (NFP), arrivé en courte tête, pour essayer de former un nouveau gouvernement. Pour Joly, une « folie narcissique » est bien à l’œuvre et s’inscrit dans des processus sociaux. Autrement dit, nul besoin d’opposer psychologie et sociologie, individu et société, bien au contraire, pour saisir que :

le macronisme est un délire individuel qui s’étaye sur des dynamiques sociales-historiques.

Du couple au pouvoir: transposition d’une analyse sociologique

L’ambition de Marc Joly, auteur dernièrement d’une somme sur la perversion narcissique, est de comprendre Emmanuel Macron à l’aune de la sociologie, notamment celle de Norbert Elias, et de la psychologie, en particulier celle de Paul-Claude Racamier. Au cœur de sa thèse, on retrouve l’idée qu’« il n’y a de prospérité de la pensée perverse qu’à la faveur d’une crise de la violence symbolique ». Il transpose son interprétation sociologique développée dans le contexte du couple. La perversion narcissique est, selon lui, une pathologie sociale. Celle-ci naît d’un désajustement entre une violence symbolique (la domination masculine), qui n’est plus légitime au sein de la société, et des individus qui perdurent dans de tels comportements, générant une violence morale à l’égard de leurs conjoints.

Marc Joly a en effet été frappé par les similitudes entre les joutes verbales, pendant la réforme des retraites, entre le président de la République et Laurent Berger, alors leader de la CFDT, et les comportements de compagnons manipulateurs envers leurs femmes. Pour Joly, Berger semble au fait de la personnalité de Macron et répond en conséquence, tout en restant maître de lui-même, pratiquant même la contre-manipulation. Le sociologue contraste également les personnalités des deux hommes, entre sincérité et empathie du premier et malhonnêteté autocentrée du second.

Emmanuel Macron a fait de la défense des femmes, notamment contre la violence masculine, l’une des grandes causes de ses deux mandats et s’affiche comme un mari attentionné. Il existe pourtant une continuité entre son fonctionnement et celui des pervers narcissiques en couple. « Embrouiller pour nuire; nuire en embrouillant », telle semble sa devise selon Marc Joly. La dissolution équivaut à la volonté de détruire une femme qui veut quitter un pervers. Par ailleurs, le sociologue rappelle le soutien du président à Gérard Depardieu, le destin contrarié de la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), ses difficultés à travailler avec des femmes, son entourage très masculin ou encore son management toxique.

La rencontre entre une personnalité et des institutions inadaptées

Comment le président a-t-il fait plonger, lors de l’épisode des retraites, puis de celui de la dissolution, tout un pays dans un état de « sidération » (Élisabeth Borne), se demande alors le sociologue ? Marc Joly revient sur l’histoire familiale du futur président. Enfant, il est adulé par sa grand-mère, chez qui il va vivre à sa demande, puis il le sera par sa femme. Ces relations seraient à l’origine de – et entretiendraient – son fantasme d’auto-engendrement, sa très haute estime de lui-même ainsi que son immaturité. Pour le sociologue :

il a l’âge mental d’un premier de la classe docte et volontiers moralisateur, persuadé d’incarner la seule voie du juste, du vrai et de la réussite que révèlent ses petites phrases.

En s’appuyant sur les travaux de Racamier, Joly estime que Macron est un adepte de la pensée paradoxale – le fameux «en même temps» – qui génère contradictions, insécurité et culpabilité chez les autres. Et de citer l’éditorialiste Catherine Nay, qui considère le président comme l’« inventeur de la logique illogique ». En revanche, Macron serait bien conscient de ses propres intérêts. Pour le sociologue, le concept de « pensée perverse » de Racamier s’applique à celle du président, avec des conséquences pour toute la France.

Finalement, le but de Macron serait de durer à tout prix et d’empêcher le retour de la gauche au pouvoir.

Outre le caractère du président, Marc Joly estime que la société française a évolué: elle ne tolère plus la domination autoritaire et symbolique, dont témoigne le rejet révélateur du 49.3. À ce titre, la pratique du pouvoir de l’actuel président est particulièrement problématique. Contrairement à Jacques Chirac, qui n’hésita pas à reculer pour certaines réformes trop impopulaires comme celle du CPE, afin de préserver la cohésion de la nation. Qui plus est, Macron paraît à la fois « anachronique » et « insaisissable », puisqu’il s’est présenté comme l’héritier de la deuxième gauche en 2017 avant de pratiquer une politique néolibérale.

Dans le contexte d’une crise de l’acceptation des hiérarchies sociales,

Emmanuel Macron est incapable de prendre la mesure de la contradiction entre sa soif individuelle de pouvoir souverain et la faible disposition sociale à accepter une autorité qui ne fasse pas la preuve de sa contribution au service de l’intérêt commun.

Marc Joly rappelle le projet (non réalisé) de Georges Pompidou, de faire évoluer les institutions de la Ve République pour les adapter aux hommes ordinaires, alors qu’elles avaient été conçues par et pour un homme exceptionnel, le général de Gaulle. Jacques Chirac, le successeur désigné de Pompidou, aurait dû achever son œuvre après sa disparition brutale. Les changements n’ayant pu être réalisés, les partis se sont tous organisés pour conquérir l’Élysée, alors que de Gaulle cherchait à dépasser ces mêmes partis. Pour Marc Joly, Macron est le révélateur des vices constitutifs du régime actuel, et la rencontre entre sa personnalité et les institutions conduit à des résultats néfastes.

Le centrisme de Macron rend de facto impossible l’alternance politique, puisque son parcours s’est construit sur le dynamitage du clivage gauche-droite et que le président brandit en permanence la menace de l’extrême droite, ou de ce qu’il qualifie d’extrêmes en général.

En bref, il y a les choix qui ne peuvent pas avoir valeur de choix – ce sont de terribles accidents. Et il reste un choix qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il n’y a pas le choix.

Finalement, le but de Macron serait de durer à tout prix et d’empêcher le retour de la gauche au pouvoir. La dissolution lui aurait permis d’éviter sa propre disparition progressive avec la fin de son mandat et de se remettre au centre du jeu, au service du capital et de lui-même. Une situation qui appelle, pour Marc Joly, une urgente réforme des institutions de la Ve République.

La Pensée perverse au pouvoir est un livre très incisif, à la fois analyse sociologique convaincante, portrait au vitriol –comme au sujet des prétentions intellectuelles du président– et essai politique.

Benjamin Caraco pour Slate.

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Une réponse à “« La pensée perverse au pouvoir »”

  1. michele francois dit:

    il a deux pathologie, pervers narcissique et mégalomane. Le mélange de ses deux personnalités en fait un individu dangereux qui devrait être mis hors de nuire. Hélas ces gens là ne sont jamais responsables de rien, ce sont toujours les autres qui sont dans l’erreur et tant qu’il aura une cour autour de lui pour le maintenir dans ses délires il s’accrochera au pouvoir comme une moule à son rocher. Quand je l’ai vu à côté de Trump tout freluquet, j’ai eu l’impression de voir le gigot et sa gousse d’ail

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