Les étudiants ont encore perdu !
Mais les syndicats étudiants, eux, ont gagné !
Un combat qu’ils auront gagné sans même combattre !
– Exit la sélection à l’entrée à l’Université !
– Disparu le vocable de « pré-requis » un temps avancé pour ne pas prononcer le mot tabou de « sélection » l’un des plus emblématiques totems de la gauche !
– Foulée au pied l’ambition macronienne de réformer en profondeur le pays et, en première priorité, l’enseignement supérieur !
Oui, les 60 % d’étudiants qui échouent au terme de leur première année de fac, seront, quoi qu’on dise, les grands perdants de ce début de quinquennat qui nous promettait un nouveau monde.
Ce matin, Eric Zemmour en a fait le sujet de sa chronique sur RTL.
Yves Calvi : le gouvernement a renoncé à mettre en place la sélection à l’entrée à l’Université et ne parle même plus des « pré-requis » …
Eric Zemmour : Et oui, l’eau du rubicond était trop froide ! Comme un baigneur qui renonce à plonger dans l’eau après l’avoir longtemps tâtée avec le pied, le gouvernement a finalement renoncé. La sélection à l’entrée de l’Université attendra encore un peu ! Même le terme de « pré-requis », qui avait été trouvé, pour imposer la chose sans prononcer le mot, a été rayé.
C’est une habitude ! déjà, il y a dix ans, Nicolas Sarkozy, président, l’avait fait enlever au dernier moment du projet préparé par Valérie Pécresse. Le dernier à avoir osé s’appelait Jacques Chirac. Il était premier ministre d’un gouvernement de cohabitation en 1986. Son ministre des Universités était un naïf audacieux qui voulait bien faire … En politique, on appelle ça un candidat au suicide ! Son nom était Alain Devaquet. Dans la fureur des manifestations étudiantes, on releva un mort sous les coups de la police : Malik Oussekine. Depuis, le syndrome Malik Oussekine tétanise tous les politiques … Même plus besoin de manifestations ! Il suffit que les syndicats étudiants qui ne représentent pourtant qu’eux-mêmes, froncent le sourcil pour que des armées de technocrates et de politiques battent en retraite. Pour une fois, le nouveau monde est au même régime que l’ancien ! Il s’incline devant le tabou !
Pourtant, tout le monde sait que l’Université croule sous le nombre de bacheliers qui n’ont pas le niveau pour suivre les enseignements dispensés. Tout le monde sait que le niveau du secondaire s’est effondré et qu’il faut avoir tué sa mère pour ne pas obtenir le bac ! Tout le monde sait que l’Université est donc aspirée vers le bas tandis que les Grandes Ecoles, qui, elles, ont le droit de sélectionner, prennent les meilleurs ! Tout le monde sait que le refus de la sélection provoque la pire des sélections, celle par l’échec ! Quand ce n’est pas la mascarade du tirage au sort !
Yves Calvi : Si tout le monde est d’accord, pourquoi Emmanuel Macron n’ose t-il pas ?
Eric Zemmour : Et bien, il y a quelques semaines, on a appris qu’Emmanuel Macron songeait à commémorer, l’an prochain, les 50 ans de Mai 68 … Or, c’est mai 68 qui a rendu impossible la sélection à l’Université ! C’est déjà pour combattre cette idée du général de Gaulle, relayée alors par Alain Peyrefitte, que les étudiants se sont dressés contre le pouvoir gaulliste. De Gaulle avait vu que la massification de l’enseignement secondaire entrainerait inexorablement une baisse du niveau scolaire qui rejaillirait sur l’Université sans une salutaire sélection. Mais Macron est coincé ! Un des premiers à l’avoir soutenu dans sa campagne est Daniel Cohn-Bendit, l’icône de 68 … Et ce n’est pas un hasard ! Le marxisme rhétorique des gauchistes de l’époque s’est transformé depuis en un libéralisme libertaire européiste et mondialiste. Exactement le positionnement politique d’Emmanuel Macron. Le livre de campagne de Macron, s’appelait … Révolution ! Instaurer la sélection à l’Université serait symboliquement fermer la parenthèse funeste ouverte en ce printemps-là.
Il faut savoir si on célèbre mai 68 … ou si on le tue !
Eric Zemmour pour RTL.
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