Je ne me permets aucune introduction à cette remarquable analyse proposée dans le Club de Valeurs actuelles par le politologue Guillaume Bernard :
Comparaison n’est pas raison : les États-Unis ne sont pas la France. Il n’en demeure pas moins que la victoire du ticket populiste Trump-Vance permet de tirer des leçons quant à l’état d’esprit et les besoins profonds de l’opinion publique occidentale qui, quels que soit le pays, est confrontée aux mêmes types d’enjeux. Le politologue Guillaume Bernard en propose une analyse.
Les leçons de la victoire du ticket Trump-Vance
Les peuples des pays occidentaux sont tous confrontés à trois types de fragilité :
- l’insécurité physique et matérielle (délinquance, criminalité),
- l’insécurité économique et sociale (chômage, inflation, spoliation fiscale),
- l’insécurité culturelle et morale (immigration, dérégulation des mœurs).
Dès lors, malgré les différences entre la France et les États-Unis, il semble possible de tirer certaines leçons de la victoire du ticket Trump-Vance.
Leur campagne illustre parfaitement le fait que le populisme n’est pas une idéologie, mais le principe actif d’une politique. Il consiste dans la valorisation, d’une part, de ce qui vient du peuple (angle socio-culturel) et, d’autre part, de ce que fait le peuple (angle démocratique). Le populisme s’oppose aux élites (intellectuelles, médiatiques…) mondialisées adeptes de la globalisation et du multiculturalisme, actrices de la postdémocratie (idéologie de la gouvernance). Il entend œuvrer à la protection de celui qui, dans une relation d’altérité, est le plus faible : défense de la main-d’œuvre nationale contre la concurrence déloyale, sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre sa réification.
La défiance vis-à-vis de la classe politique installée conduit à ne plus assimiler le légal au juste et à réinvestir l’idée du bien commun, qui est à la fois le bien du tout (le peuple) et celui des parties le composant (les hommes du peuple). La démarche populiste d’un candidat de droite le conduit donc, logiquement, à préconiser, entre autres choses, d’assurer la cohésion du corps social par le contrôle de l’immigration, de privilégier la production nationale à l’aide d’un protectionnisme douanier, de libérer les énergies en luttant contre le fiscalisme, de résister aux idéologies totalitaires en garantissant la liberté d’expression, etc.
Le recours à une expression radicale
Le résultat de l’élection a montré qu’une expression pouvant être parfois brutale et un positionnement radical (en particulier anti-woke et pro-vie) ne font pas obstacle à la victoire.
Cela s’explique par le fait que le discours du ticket Trump-Vance a proposé une vision globale de la société.
Une vision qui se voulait concrète et pragmatique (par souci stratégique mais aussi de volonté d’être intelligible) et que les mesures préconisées répondaient aux angoisses d’une grande part de l’électorat, à savoir briser l’invisibilisation et rompre avec l’humiliation de la majorité laborieuse et silencieuse.
Capter des électeurs et élargir son spectre politique ne nécessite donc pas d’édulcorer son discours et de faire des concessions idéologiques à l’adversaire (qui ne vous en sait jamais gré). Certains points d’un programme peuvent déplaire à l’un ou l’autre des segments du corps électoral. Cependant, cela ne bloque pas de manière rédhibitoire le vote si le candidat offre :
une analyse du passé (dans laquelle l’électeur se retrouve) et une vision de l’avenir (dans laquelle il se projette).
La campagne électorale a pour objectif, d’abord, d’établir de la complicité entre le candidat et ses électeurs, ensuite, de diffuser de l’espérance voire de l’enthousiasme (qui ont une indubitable force d’attraction) dans l’ensemble de la société.
L’intégration du programme dans un storytelling
Dans ces conditions, un programme politique doit, bien entendu, chercher à répondre à l’ensemble des besoins individuels et collectifs mis notamment en exergue par la pyramide de Maslow :
- les besoins physiologiques (alimentation, habitation),
- les besoins de sécurité (physique, matérielle, psychologique),
- les besoins d’appartenance (faire partie d’un groupe, être aimé),
- les besoins d’estime (être utile, se voir reconnaître de la valeur),
- les besoins d’accomplissement (développer ses compétences, réaliser ses objectifs).
Mais, plus encore, pour être victorieux, un programme politique doit être un storytelling permettant à l’électeur (qui n’adhère jamais à l’intégralité d’un discours politique) de faire un choix en raison d’une proximité (vote sur clivage) et/ou d’une préférence (vote sur enjeux).
À l’évidence, le ticket Trump-Vance a compris qu’établir un programme ne consiste pas à additionner des mesures pour flatter les électeurs et tenter de les séduire dans leurs intérêts particuliers ou communautaristes. Cela suppose de rechercher une alchimie entre, d’une part, apporter une réponse aux inquiétudes et doléances des électeurs et, d’autre part, les faire converger vers une vision responsable de l’avenir de telle manière qu’il n’y ait pas trop de distorsion entre ce qui a été annoncé par le candidat et ce qu’ils ont projeté sur lui.
Reste maintenant à savoir jusqu’à quel point, une fois élu, l’homme politique populiste est capable de tenir ses promesses …
Guillaume Bernard pour le Club de Valeurs actuelles.
Guillaume Bernard, docteur et habilité à diriger des recherches, est historien des institutions et des idées politiques ; il est notamment l’auteur de “La guerre à droite aura bien lieu, le mouvement dextrogyre” (desclée de Brouwer).
Suivre @ChrisBalboa78
Une réponse à “La victoire de Trump est celle de
la majorité silencieuse occidentale”
D Trump, qui n’est pas populiste mais realiste, represente ceux qui ont ete delaissés, abandonnés, trahis par la goche democrate qui se fout de son pays comme la goche en france.