Ils ont donc eu la peau de Laurent Wauquiez !
Je crois malheureusement que le malheureux était carbonisé et qu’il a bien fait de se retirer avant que le reste des Républicains n’explose.
Laurent part !
Il part avec, en son for intérieur, la fierté d’avoir suivi la ligne majoritaire chez les militants qui l’avaient élu à la présidence des Républicains.
La première satisfaction que j’en tire a été d’imaginer la tête d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen tels deux hyènes à qui l’on retire la bête blessée à mort qu’ils étaient déjà en train de se disputer.
Honte à tous les transfuges passés des Républicains vers la macronie – tels Sébastien Lecornu, Thierry Solère et autre Gilles Boyer – qui appellent à d’autres trahisons.
La seconde satisfaction, c’est de penser à la tête des chapeaux à plumes – spécialité des Républicains – qui vont devoir gérer désormais la situation catastrophique du parti.
C’est à qui ne tirera pas le mistigri !
- Gérard Larcher a le sénat, il a donc une excuse toute trouvée.
- Ce n’est pas Valérie Pécresse, qui n’avait déjà pas jugé bon de se porter candidat contre Laurent Wauquiez, et qui n’a cessé de lui savonner la planche, qui va mettre aujourd’hui les mains dans le cambouis. Elle aurait trop peur de tâcher ses tailleurs Chanel !
- Le gros matou sournois des Hauts-de-France ne va surtout pas se mouiller. Il attend patiemment les présidentielles pour sortir de son panier.
Je parierai pour Eric Woerth qui, à mon sens, serait le moins pire et probablement le choix qui m’évitera de renvoyer ma carte d’adhérent coupée en deux, rue de Vaugirard.
Et Marion arrive !
Coïncidence amusante, deux heures avant l’annonce de la démission de Laurent Wauquiez sur TF1, Marion Maréchal faisait, quoi qu’elle en dise, sa rentrée politique en donnant une longue interview sur LCI.
J’ai été assez époustouflé par la maturité politique de cette jeune femme de 29 ans. Certes elle a été biberonné à la politique depuis sa plus tendre enfance. Elle n’a probablement entendu qu’un seul son de cloche, celui de l’extrême droite, mais elle apparait beaucoup plus ouverte qu’on aurait pu l’espérer.
Son analyse de la chute des Républicains dont elle date le début au moment de la fusion du RPR dans l’UDF me parait pertinente. A l’opposé de celle des cadors des Républicains, qui prônent un retour vers le centre.
J’ai particulièrement apprécié sa définition du conservatisme : « Une disposition de l’esprit qui consiste à vouloir « conserver » des héritages séculaires, millénaires dans lesquels on a des leçons du passé, des bénéfices du bien, du vrai, du juste. » qui m’a rendu fier d’être de ce conservatisme-là, moi qui est en horreur le mot de conservateur que la gauche a promu au rang d’insulte.
Son analyse du mouvement des Gilets jaunes est aussi très intéressante.
Cette jeune femme a beaucoup de qualité. Son niveau de compréhension de la politique et des Français me semble sans commune mesure avec la vision étriquée de Marine Le Pen. Elle s’exprime avec fluidité, dans un français impeccable et accessible à tous. Sa culture politique et historique parait solide.
Elle a probablement un avenir en politique mais elle devra se tanner le cuir car elle sera l’objet d’attaques terribles de la part de la gauche et des médias. Ce sera comme contre Sarkozy … en pire !
Pourrait-elle être une chance pour la droite ? Peut-on imaginer, qu’un jour, elle parvienne à l’union de toutes les droites ? Ce sont les questions que je vous pose …
J’ai retranscrit quelques extraits de son interiew qui m’ont paru les plus marquantes. La vidéo intégrale étant disponible ici.
Nous avons vocation, humblement, à contribuer à l’émergence d’une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques, sur le constat des carences de formation des élites actuelles, de cet entre-soi sociologique qui sévit dans nos élites actuelles, du conformisme, du prêt-à-penser, du politiquement correct qui sévit jusqu’au sectarisme dans le système universitaire français.
Je suis interpellée par la situation politique actuelle, par le fait qu’Emmanuel Macron est un président qui résiste malgré tout assez bien, qui parvient à réunir, en tout cas partiellement la famille progressiste, à capter une partie de l’électorat du centre. Et ce qui m’inquiète beaucoup, dans cette dynamique politique-là, c’est que nous assistons au remplacement d’un clivage par un autre qui n’est pas forcément plus sain. Quand on analyse les chiffres, on voit qu’on assiste à un glissement vers un nouveau clivage qui est d’abord générationnel puisque 47 % des électeurs qui ont voté Macron aux européennes ont plus de 65 ans. Ils ont été sensibles au parti de l’ordre dans lequel Macron s’est drapé.
Le second clivage est sociologique. On est dans une nouvelle lutte des classes qui prend une forme un peu moderne : les gagnants de la mondialisation contre les perdants, les métropoles, les grandes villes contre les territoires périphériques, et pour moi, cet antagonisme social est la pire des choses parce que c’est celle qui empêche un peuple de se retrouver.
Comment en sommes-nous arrivés là ?
La première raison, c’est parce que l’idée progressiste que défend Emmanuel Macron est une idée qui, par nature, affaiblit toutes les institutions construites par le peuple, et qui, précisément, tendent à réduire ces antagonismes sociaux, au premier rang desquels est la Nation. En affaiblissant l’échelon national, on aggrave ces antagonismes sociaux.
La seconde raison, c’est le fait que le centre, par nature, est une forme de technocratie économique. Mécaniquement, les gens vont se positionner sur des choses matérielles.
Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que Macron est un diviseur. C’est un diviseur sur le plan social. C’est un diviseur – d’ailleurs il l’a montré lors de l’affrontement avec les Gilets jaunes – lorsqu’il a réduit le débat auprès des Français en disant : soit vous êtes pour les forces de l’ordre, soit vous êtes pour les Gilets jaunes. Soit vous êtes pour la France qui défend l’ordre public et la sécurité, soit êtes pour la chienlit.
Ce qui est inquiétant, c’est qu’on a un homme qui est à la tête de l’Etat et qui divise – il divisait déjà durant sa campagne – et qui, malgré ça arrive à réunir la grande famille centriste progressiste et face à cela, on a une famille alternative conservatrice, de droite populaire, nationale, qui elle, est divisée.
Je me qualifie de droite, droite nationale, souverainiste, populaire, conservatrice oui pourquoi pas, si tant est qu’on s’entende sur les mots … Non pas traditionaliste car il y a une connotation religieuse intégriste négative qui me déplait, même si je n’ai aucun problème à dire que je suis catholique, bien au contraire.
Quand je vois qu’Emmanuel Macron, malgré ses échecs, arrive à se maintenir en place et qu’il y a une telle division de l’électorat et surtout – bien plus inquiétant – qu’une grande partie de l’électorat de droite au sens large se réfugie dans l’abstention. Il n’arrive plus à se mobiliser pour lutter contre ce projet politique.
Le Rassemblement national est indispensable à la vie politique mais je pense que, malheureusement, il n’est pas suffisant.
Il faut s’efforcer qu’il y ait d’autres voix qui s’expriment, d’autres mouvements qui puissent permettent un grand compromis patriotique, autour de cette idée vue défense de la Nation qui puisse aboutir à des coalitions gouvernementales ou des alliances de circonstances à des élections, comme ça peut se pratiquer dans d’autres pays. Ce serait la seule solution, eu égard à nos modes de scrutin – c’est ça le vrai sujet – pour contrer le grand projet progressiste qu’Emmanuel Macron est en train de mettre en place.
Quand on totalise le score du Rassemblement national, des Républicains, de Debout la France, de l’UPR et des patriotes, on arrive à un total de 37 %, y voyez-vous une convergence idéologique ?
Cette convergence m’interpelle. D’abord elle ne fait pas une majorité mais c’est la démonstration qu’il y a aujourd’hui tout un ensemble de Français qui pourraient adhérer à ces grandes thématiques mais qui restent dans l’abstention. Soit parce qu’ils ne croient pas aux forces politiques en place, soit ils ne croient plus que la force politique puisse agir.
Je suis convaincue que ces grandes thématiques développées par ces grandes familles de droite peuvent être majoritaires dans le pays, mais qu’il y a une incapacité à croire à une dynamique, et à croire à la possibilité de contrer Emmanuel Macron, notamment en 2022.
Quid des Républicains ?
Les Républicains payent aujourd’hui une ambivalence de longue date qui est la création de l’UMP, née d’une grande fusion entre le centre, l’UDF à l’époque er le RPR, la droite populaire de l’époque. On s’est retrouvé, structurellement, avec un mouvement avec des élus plutôt centristes et un électorat qui était plus proche du Front National et qui pendant longtemps et encore aujourd’hui, plaisait pour des alliances avec le Front National.
On voit bien qu’aujourd’hui, cette ambivalence a été payée très chèrement sur le plan électoral. On se retrouve avec des initiatives comme celle de Gérard Larcher qui un géant institutionnel mais un nain électoral et qui continue de penser que l’ouverture se fera vers le centre, en maintenant un postulat dépassé. C’est parti de Giscard en fait qui voulait s’appuyer sur les classes moyennes qui selon lui allaient se développer. Sauf que cette donnée sociologique n’est plus vraie.
Pour en revenir aux Républicains, aujourd’hui, j’espère que ce courant de droite qui a été quelque peu malmené ces dernières années, trahi à certains égards, a subit une sorte de terrorisme intellectuel de la gauche, et qui a été victime de cette stratégie au centre, va se faire entendre.
J’estime que le Rassemblement national ne peut pas capter, à lui seul, l’ensemble des personnalités politiques ou des élus et des électeurs. Il y a des différences notables, à droite, dans les rapports à l’Europe ou sur l’économie, et tout le monde n’est pas amené à fusionner. Je pense néanmoins indispensable que puisse émerger, de cette débâcle des Républicains, ce courant de droite qui se structure, qui puisse demain accepter le principe d’une grande coalition avec le Rassemblement national en gardant ses spécificités.
Qu’est-ce que le conservatisme ?
Le conservatisme, en France, n’est pas un courant politique structuré. C’est un courant qui a disparu au moment de la III ème République. Nous n’avons pas de traditions conservatrices, avec une doctrine bien définie qu’on pourrait retrouver dans les pays anglo-saxons.
Le conservatisme, tel que je l’entends, et comme, je crois, l’entend François Xavier-Bellamy, et dans lequel peut se retrouver l’immense majorité des Français et en particulier des Français de droite, c’est une sorte de disposition de l’esprit. Une disposition de l’esprit qui consiste à vouloir « conserver » des héritages séculaires, millénaires dans lesquels on a des leçons du passé, des bénéfices du bien, du vrai, du juste. Donc ne pas regarder le futur avec une espèce de fascination enfantine comme le font les progressistes, avec une prudence.
Dénoncer le conservatisme, c’est dénoncer le combat civilisationnel. Le conservatisme, c’est conserver la civilisation, donc l’identité, donc les moeurs et les usages, donc la Nation. C’est bien sur conserver la spécificité des terroirs et des territoires avec des sujets très actuels comme l’écologie, comme l’environnement au sens large.
Mais qui est conservateur aujourd’hui ?
Les conservateurs, c’est la grande traditions de la liberté. L’une des grandes forces de la droite, cela a été de lutter contre les totalitarismes, totalitarismes durs, les régimes totalitaires, et les totalitarismes mous, c’est à dire la limitation de la liberté d’expression, d’opinion qui étaient, quand même, disons le clairement, une tendance propre à la gauche.
Et le conservatisme, c’est aussi de conserver ce dont on a hérité jusqu’alors, l’égalité des chances par la méritocratie. C’est à dire l’école, évidemment l’éducation et la liberté d’entreprendre. Ça n’est simplement que l’alliance de la liberté d’entreprise et de la France éternelle.
Je me trompe peut-être mais je suis convaincue qu’une majorité de Français et notamment d’électeurs de droite, sont dans cette disposition d’esprit !
Quid des réformes sociétales ?
Oui, je redéfilerais aujourd’hui contre le mariage pour tous ! Je ne l’ai pas fait par idéologie, Mar « méchanceté, par homophobie. Je l’ai fait parce que je considèrais que cette loi aurait des incidences, par effet dominos, et qu’elle impacterait l’ensemble de la société. C’est si vrai qu’aujourd’hui, on a commencé par le mariage homosexuel qui a entrainé mécaniquement l’adoption qui a ouvert la voie à la PMA et qui ouvrira la voie – c’est écrit, c’est inéluctable – à la GPA !
Le conservatisme c’est aussi une certaine idée de l’homme qui est l’héritière des valeurs grecques, latines, chrétiennes qui ont forgé ce que nous sommes. Je ne pense pas qu’il faille en avoir honte.
J’ai regretté que la Manif pour tous ne soit pas aux côtés des Gilets jaunes ! Je vois une cohérence dans le fait de défendre la dignité au travail, la justice sociale, l’égalité entre les territoires, la solidarité inter-générationnelle et ces sujets de société qui traitent de la filiation, du refus de la marchandisation du corps. Tout ça, pour moi, c’est l’héritage de ce que nous sommes, c’est à dire une société façonnée par des valeurs, notamment chrétiennes, et qui font aussi notre noblesse, et que la civilisation française a su se démarquer et souvent montrer la voie à l’international.
Sur l’archipel français …
Jérôme Fourquet parle de l’archipel des Gilets jaunes, la France périphérique, la France rurale, la France des banlieues-dortoirs. Souvent, cette France du milieu qui a le sentiment de payer pour la France d’en-haut qui a les moyen de pouvoir s’expatrier et de payer aussi pour la France d’en-bas qu’elle porte à bout de bras. Et la France des métropoles qu’on appelle les « anywhere », les nomades, l’élite mondialisée, les gagnants de la mondialisation.
C’est un défi politique inédit qui se présente à nous. C’est le résultat, entre autre chose, d’une immigration de masse qu’on n’a pas réussi à assimiler et qui s’est communautarisée, qui est la proie d’offensive culturelle très forte de l’étranger, notamment de l’Arabie saoudite et le Qatar et de pays comme l’Algérie et le Maroc qui cherche à influencer ces communautés et qui, donc participe de cette dissension avec la communauté nationale.
Auparavant, il y avait un brassage social. Aujourd’hui, il y a des régions entières où des cadres supérieurs ne fréquentent que des cadres supérieurs. Nous avons aujourd’hui deux France qui ont beaucoup de mal à communiquer et à se comprendre. La Nation et le patriotisme sont encore des leviers qui permettent de transcender ces clivages sociaux de lutte des classes.
L’archipel des Gilets jaunes a été rendu invisible parce qu’on ne comptabilisait pas le vote blanc, qu’on ne cherchait pas à comprendre ce que signifiait l’abstention, et aussi parce qu’on a marginalisé les partis pour lesquels ils ont voté. Et chaque fois qu’on leur a donné les moyens de s’exprimer, notamment par référendum, on leur a dit que leur référendum de valait rien et on l’a jeté à la poubelle !
Si déjà on n’est pas capable d’organiser le dialogue de ces différents archipels au sein-même de nos institutions, il ne faut pas s’étonner qu’il n’y ait pas de compromis patriotiques en tout cas de destinées patriotiques qui puissent se construire.
Sur les Gilets jaunes …
Oui, je me suis sentie concernée par le combat des Gilets jaunes mais je fais une distinction. L’immense majorité des débordements a été, soit du fait, soit poussée par des militants d’extrême gauche qui ont bien servi le gouvernement à l’époque pour bien délégitimer le mouvement. Et oui, cette France des ronds-points qui, précisément, se lève le matin, travaille et paye ses impôts, respecte la loi et a l’impression de porter à bout de bras des gabegies étatiques sans elle-même en bénéficier, oui ça m’interpelle !
Et je pense que plutôt que de continuer à construire une territorialisation de la France basée sur les métropoles qui alimente ces clivages, qui dévitalise ces territoires, on pourrait peut-être trouver une solution intermédiaire qui a été complètement abandonnée. Plutôt que de viser la France des 12 métropoles pour faire des villes-mondes parce qu’on veut copier l’étranger et compter à l’international, faire la France des 100 ou des 150 villes intermédiaires, comme Macon, Chalon ou Lens, qui ont encore du potentiel mais qui ne bénéficient plus de stratégies économique et politique d’investissement.
Je m’arrête là, de peur d’être trop long … Mais il y avait beaucoup de choses intéressantes dans cette interview dont vous pouvez voir ici la vidéo intégrale.
Marion Maréchal sur LCI.
Voici quelques articles publiés sur Boulevard Voltaire à la suite de l’interview de Marion Maréchal :
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Vaincre Macron en 2022 par l’alliance du RN et du bloc des droites
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Guillaume Bernard : « Marion Maréchal a pris de la hauteur par rapport à la tambouille électorale »
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