Voici la suite et la fin de l’article du Bulletin d’André Noël consacré au Coran (première partie disponible ici) :
Le temporel, le spirituel et la charia
Dans le Coran, Dieu annonce le triomphe inévitable de l’islam « sur toute autre religion » (sourate 48, verset 28). Quant à ceux qui s’opposeraient à l’islam, leur sort est décrit au verset 6 de la même sourate (rappelons que les « associateurs » ce sont les chrétiens qui « associent » le Père, le Fils et le Saint Esprit à la divinité) : « Il châtie les hypocrites, hommes et femmes, et les associateurs et les associatrices, qui pensent du mal d’Allah. Qu’un mauvais sort tombe sur eux. Allah est courroucé contre eux, les a maudits, et leur a préparé l’Enfer. Quelle mauvaise destination ! »
La promesse de la victoire finale de l’islam va de pair avec l’obligation d’appliquer la charia (loi islamique) par étapes, jusqu’à ce qu’elle s’impose au monde entier puisqu’elle est réputée d’origine divine et prophétique, la Sunna étant l’application du Coran dans la législation.
Mahomet étant le modèle par excellence, son expérience doit être suivie. On doit faire ce qu’il a fait dans tous les domaines. Or, à Médine, jusqu’à sa mort en 632, le « prophète de l’islam » – tout en gardant ses prérogatives religieuses – a conçu et gouverné la première cité islamique de l’histoire. Il y a exercé tout à la fois « le principat et le pontificat », selon les théologiens musulmans. Dès le début, il y a donc eu confusion des pouvoirs. C’est pourquoi l’islam ignore le concept de laïcité, que ce soit sous forme d’une distinction ou d’une séparation entre le temporel et le spirituel. L’Etat islamique était donc dans le droit fil de Mahomet quand il a instauré un califat, le calife concentrant en sa personne le pouvoir temporel et spirituel.
Mais, sans aller jusqu’au califat, tous les penseurs de l’islam s’accordent à dire que seul un dirigeant musulman, même s’il n’est pas religieux – et quel que soit par ailleurs le régime en place (monarchie, république) – bénéficie seul de la légitimité pour gouverner un pays où l’islam est majoritaire. On arrive ainsi à ce paradoxe : un musulman athée est plus fondé à diriger un tel Etat qu’un chrétien ou un juif croyant. Seul un chef d’Etat musulman est censé pouvoir veiller à l’application de la charia, celle-ci concernant aussi bien la vie publique que la vie privée. Pour les musulmans, la laïcité à l’occidentale équivaut au refus des peuples chrétiens ou post-chrétiens de se soumettre à la loi de Dieu. D’où leur opposition en France à la laïcité qui leur demeure une idée étrangère si ce n’est étrange.
Pour les catholiques, la « saine laïcité », selon Pie XII, c’est la distinction du temporel et du spirituel étant entendu que le pouvoir temporel a l’obligation d’observer et de faire observer la loi naturelle, loi qui n’est pas confessionnelle mais dont l’universalité est inscrite dans la nature humaine.
L’Islam et la liberté religieuse
C’est un fait historique que la conquête musulmane s’est faite par la violence, offrant le « choix » aux populations conquises, essentiellement chrétiennes, entre la conversion ou la mort. Si, en 732, Charles Martel n’avait pas vaincu les hordes musulmanes, nous ne savons pas où cette conquête se serait arrêtée. L’Etat islamique, là encore, est hélas ! fidèle à l’islam des origines en conquérant par la force les territoires qu’il veut soumettre.
Ouvrons ici une parenthèse en vous livrant le propos inquiétant que nous a tenu un professeur d’histoire de la banlieue de Paris : « Pendant longtemps j’ai pu évoquer sans problème comment l’islam a conquis une partie de l’Afrique et de l’Europe par la violence. Il y a quelques années, des élèves musulmans – parfois soutenus par d’autres qui ne l’étaient pas – contestaient cette violence ou prétendaient, contre l’évidence, qu’elle n’était que la réplique à la persécution due aux chrétiens. Mais depuis à peu près deux ans, mes élèves musulmans non seulement ne nient pas cette violence mais l’approuvent et applaudissent quand je leur raconte cette conquête ! »
C’est un autre fait que, aujourd’hui encore, l’abandon de l’islam et la conversion au christianisme est punie de mort dans nombre d’Etats musulmans, comme l’Arabie saoudite ou le Soudan, et bien entendu dans l’Etat islamique. Dans un blog où cette discussion était engagée un musulman « modéré » a répondu ainsi pour justifier cette pratique : « Les détracteurs de l’islam parlent effectivement souvent de la mise à mort des apostats selon la loi islamique. En fait, il convient de situer les choses dans leur contexte. Lorsque le prophète ordonne l’exécution capitale de toute personne qui reviendrait au polythéisme, il vit dans la Péninsule où les idolâtres lui livrent une âpre lutte pour détruire l’islam. Imaginez un résistant français qui annoncerait publiquement son adhésion au nazisme, alors qu’il évolue dans les réseaux clandestins de la résistance ! » Drôle de comparaison !
En France, nous n’en sommes pas là, dira-t-on. Mais, malgré les demandes du ministère de l’Intérieur, l’Union des Organisations islamiques de France (UOIF), émanation des fondamentalistes que sont les Frères musulmans, a toujours refusé d’inscrire dans sa charte le droit de changer de religion. Ce droit n’est pas reconnu non plus dans des Etats musulmans dits modérés, comme le Maroc, où pour épouser une musulmane, le futur mari doit abjurer sa foi et rejoindre l’islam.
Les musulmans qui prétendent que leur religion est respectueuse de la liberté religieuse, citent le verset 256 de la sourate 2 : « Nulle contrainte en religion ! » Outre que ce texte est du Coran de la Mecque, il faut le comprendre à la lumière du contexte. Il ne milite pas en faveur de la liberté religieuse pour les autres croyances. Rémi Brague, universitaire spécialiste de l’islam et arabisant réputé en dit ceci : « Je ne crois pas du tout que ce verset célèbre la liberté. Pour comprendre, il faut lire la suite : » La voie droite se distingue de l’erreur. » Le verset signifie qu’on ne ressent aucune contrainte quand on se »
Au demeurant, pour un verset comme celui-là, tant d’autres disent le contraire. Florilège :
- Sourate 9,5 – Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salât et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux.
- Sourate 9,38 – Dis à ceux qui ne croient pas que, s’ils cessent, on leur pardonnera ce qui s’est passé. Et s’ils récidivent (ils seront châtiés); à l’exemple de (leurs) devanciers.
- Sourate 8,39 – Et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association, et que la religion soit entièrement à Allah. Puis, s’ils cessent (ils seront pardonnés car) Allah observe bien ce qu’ils oeuvrent.
En conséquence, le Coran est hostile aux juifs et aux chrétiens, sans cesse dénoncés.
« Ô détenteurs de l’Ecriture ! Pourquoi travestissez-vous la vérité au moyen d’un faux ? » De ce reproche est née la doctrine de la falsification des Ecritures, Ancien et Nouveau Testament, Mahomet étant le Paraclet promis par Jésus, serait venu restaurer l’authentique parole de Dieu.
Le Coran reproche aux juifs leur refus de se soumettre à l’autorité temporelle de Mahomet, ce qui leur vaut d’être tombés en disgrâce aux yeux de Dieu. Quant aux chrétiens, leur monothéisme est faux, souillé par l’« associationnisme. »
Toutes ces croyances valent aux chrétiens d’être qualifiés d’ « impies », de « pervers » et d’être maudits par Dieu comme il en fut des « gens du sabbat », c’est-à-dire les juifs.
En outre, pour les punir, Dieu a divisé les chrétiens à cause de leurs « errements ». « Nous avons suscité entre eux l’hostilité et la haine, jusqu’au jour de la Résurrection. ». La croyance en la Trinité est le seul péché irrémissible : « Dieu ne pardonne pas qu’on lui associe quoi que ce soit ; il pardonne à qui il veut des péchés moins graves que celui-ci. Celui qui associe quoi que ce soit à Dieu commet un crime immense. »
Une fois vaincus, les juifs et les chrétiens sont assujettis à un statut juridique et fiscal imposé par l’Etat musulman. Il s’agit de la dhimmitude (dhimma = protection !) Les « gens du Livre » qui veulent garder leur religion sont tenus à se soumettre à diverses mesures destinées à les humilier, en étant des sous-citoyens par rapport aux musulmans. La dhimmitude concerne tous les aspects de la vie : le culte, l’impôt, la participation à la politique, les professions, les études, etc.
C’est ce qui se passait de nos jours dans les territoires contrôlés par l’Etat islamique, les quelques chrétiens qui n’ont pas été égorgés, qui n’ont pas fui ou qui n’ont pas abjuré ayant été traités comme des êtres inférieurs. Les islamistes n’acceptaient leur présence qu’à titre de propagande pour bien montrer qu’ils étaient … tolérants !
Extrait du Bulletin d’André Noël N°2606 du 22 avril 2019.
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