Le « J’accuse » de Philippe de Villiers (3)

Publié par le 27 Déc, 2020 dans Blog | 3 commentaires

Le « J’accuse » de Philippe de Villiers (3)

Voici la troisième partie du Grand entretien donné par Philippe de Villiers à Valeurs actuelles.

La première partie était consacrée à un jugement sévère sur la gestion de la lutte contre le coronavirus par le pouvoir.

La deuxième partie avait sonné l’alerte contre l’invasion migratoire et la paralysie du pouvoir par un état de droit dévoyé.

La troisième partie est dédiée au terrorisme, à la police et plus généralement à la sécurité.

Liberté d’expression, : la France est attaquée deux fois !

Valeurs actuelles : La laïcité, la République, le droit au blasphème sont-ils des armes suffisantes ?

Philippe de Villiers : La laïcité, la République et la liberté d’expression sont des codes, comme le code de la route ou le code civil … Ce n’est pas seulement avec des codes que l’on arrête un conquérant qui a le feu au cœur et qui est prêt à mourir plus encore qu’à vivre. On l’impressionne si l’on a quelque chose à lui dire qui vienne des tripes, du cœur, de l’âme, qui vienne de la filiation ancienne. Ceux qui croient que nous allons arrêter l’islamisme avec la laïcité, la République et la liberté d’expression me rappellent la phrase de Pierre Paul Royer-Collard qui constatait: « Les révolutions commencent toujours avec les juristes et se terminent toujours sans eux. »

Valeurs actuelles : Soutenez-vous Charlie Hebdo?

Philippe de Villiers : Oui. A leur manière, ils résistent … Dans la situation actuelle, je repense souvent à la parole de mon père. Grand résistant, il me disait que, pendant l’Occupation, certains Français faisaient la fine bouche parce qu’ils ne voulaient pas être dans la même armée de fortune que des voisins qui n’étaient pas de la même sensibilité, de la même foi, qui n’avaient pas la même manière d’aimer la France. Il citait la Rose et le Réséda : « celui qui croyait au Ciel, celui qui n’y croyait pas ». Mon père disait: si nous avons gagné, c’est parce que les FTP et les FFI se sont accordés, mitraillette au poing. Quand on est au front, on regarde son voisin de tranchée comme un compagnon d’épreuve, sans chercher à le confesser. On partage la gourde et l’odeur de la mort. Ce qui nous unit est infiniment supérieur à ce qui nous divise. On se mithridatise ensemble. C’est la raison pour laquelle je n’ai pas d’état d’âme par rapport à tous ceux qui combattent l’islamisme avec des motivations parfois différentes … Quant à Charlie, je
connais bien leur avocat, Richard Malka. J’admire son courage, sa cohérence, et nous avons d’ailleurs échangé, pendant le procès, des messages amicaux et chaleureux. Je lui ai écrit que « nous étions du même maquis ». Ainsi va la vie …

Valeurs actuelles : Quels enseignements tirez-vous des récents attentats?

Philippe de Villiers : Après la décapitation de Samuel Paty et l’assassinat du sacristain de Nice, on n’a pas osé dire toute la vérité. On n’ose s’avouer que la France n’est pas attaquée pour ce qu’elle fait mais pour ce qu’elle est. Elle est attaquée deux fois, d’abord parce que c’est une terre chrétienne les islamistes nous appellent encore les croisés et ensuite parce que c’est une terre athée depuis la Révolution française convertie à la religion des droits de l’homme. On nous appelle deux fois les « mécréants ». Si on ne se défend que sur une jambe – celle des droits de l’homme – on passe à côté de la réponse exhaustive et la réponse devient une non-réponse.

Autorité de l’Etat : la police est la cible, leur arme est l’émotion

Valeurs actuelles : De quoi les attaques récurrentes contre les policiers sont-elles le nom ?

Philippe de Villiers : D’une guérilla, ou plutôt d’une « drôle de guerre » qui s’ébauche, qui nous teste et qui s’en prend à la police comme symbole de l’État. Notre police est le dernier rempart de la paix intérieure. Après ce rempart, il y a la guerre civile, les justiciers et les milices, l’illégitimité.

Dans cette guérilla, il y a deux fronts. D’un côté, nous avons, par-delà les idiots utiles, les minorités actives, l’extrême gauche et les Black Blocs. On retrouve Assa Traoré ainsi que tous ceux qui veulent détruire la société. Quelle est leur stratégie ? Elle consiste en une guerre d’intimidation, avant la guerre d’élimination. La police est la cible et leur arme est l’émotion. En l’occurrence, ces militants ont tenté de remplacer l’émotion provoquée par l’assassinat de Samuel Paty par celle qui concerne le pauvre Michel Zecler. Leur force d’appoint, ce sont les médias. Et la morale de l’histoire est asymétrique. Un policier blessé est vu comme un provocateur, seul le producteur blessé est une victime.

Valeurs actuelles : Que répondez-vous à ceux qui accusent la police de pratiquer des contrôles au faciès ?

Philippe de Villiers : Qu’ils sont les alliés des démolisseurs de notre société, des ennemis de nos libertés. Parmi eux, se trouve, hélas, notre président. Par lâcheté, il flirte avec la haute trahison.

Valeurs actuelles : Qu’avez-vous pensé de la mobilisation autour de l’article 24 de la loi « sécurité globale », qui voulait réprimer le droit de diffuser des images de policiers dans le but de leur nuire ?

Philippe de Villiers : Nous avons, face à nous, une mouvance barbare, qui se répand de l’extrême gauche – la maladie sénile du tiers-mondisme – aux minorités visibles. Ces groupuscules infiltrés par les Black Blocs cherchent systématiquement à provoquer la police pour obtenir ce qu’on appelle une « bavure », qu’il est recommandé de filmer. Une fois la bavure obtenue et mise en boîte, les cléricatures médiatiques se tiennent disponibles, prêtes à faire la morale, avec les bandes passantes et le corps du délit en images. En espérant le grand lâchage. Et cela fonctionne: Macron lâche sa police, Darmanin titube et les militants gardent en tête leur idée simple qu’il faut faire la brèche et affaiblir le dernier rempart.

Loin de moi l’idée d’absoudre les policiers, qui, parfois, peuvent mal se comporter en cédant à la provocation. Mais je me sens instinctivement, pour les bien connaître, du côté des agents et cadres de la sûreté. Fils de soldat, frère du père système de la promotion Turenne, Bertrand, et d’un général d’armée, Pierre, je sais ce qu’est l’éthique des forces de l’ordre. La police ne peut être parfaite, elle comporte quelques brebis galeuses, mais elle fait la plupart du temps ce qu’on lui demande. Elle répond à une doctrine d’emploi. J’ai été très marqué par le drame de Magnanville, ce couple assassiné devant son enfant. Et je comprends parfaitement que les policiers aient besoin d’être protégés. Alors non, je ne partage pas ce délire, cette hystérie sur le floutage du visage des policiers.

Complotisme : de quoi ont-ils peur ?

Valeurs actuelles : Faut-il se battre contre les fake news, les fausses nouvelles?

Philippe de Villiers : Oui, bien sûr. Ce doit même être la préoccupation civique de toute une vie. Les fausses nouvelles ne sont peut-être pas là où on les répute ainsi. Qu’est-ce qu’une fake news ? C’est une nouvelle ainsi libellée quand elle ne plaît pas au pouvoir en place. Ah, les fake news ! Le pouvoir ne délivre, lui, que des vérités, c’est bien connu !

Valeurs actuelles : Doit-on s’inquiéter des discours complotistes ?

Philippe de Villiers : Et si c’était Véran et Salomon, les « complotistes » ? Si on dit qu’un peuple n’est pas fait pour être baillonné, qu’il ne sert à rien de courir avec un masque tout seul dans une forêt, qu’on n’a pas trop envie du vaccin génique, qu’on aurait dû fermer les frontières, que l’affaire des masques est trouble, on est accusé de devenir « complotiste ». Si, par delà la muselière, on met en doute la parole publique, qui n’a pourtant cessé de se contredire, on devient immédiatement « complotiste ». Si on ose dire qu’une assignation partielle, ciblée, aurait mieux convenu à la situation et que d’autres l’ont d’ailleurs fait en réussissant mieux que nous, on devient « complotiste ».

Ils n’ont que cet adjectif à la bouche. Quand on y réfléchit bien, un « complotiste », c’est littéralement quelqu’un qui dénonce un complot. Alors de quoi ont-ils peur ? À lire la panique dans le regard de ceux qui traquent le « complotisme », je finis par me demander si ces regards ombrageux ne ressemblent pas de plus en plus à ceux de véritables comploteurs masqués.

Philippe de Villiers pour Valeurs actuelles.

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3 Réponses à “Le « J’accuse » de Philippe de Villiers (3)”

  1. Philippe de Villiers, president.

  2. jacques boudet dit:

    Victimes de Covid, nos anciens furent incinérés comme des chiens !

    Rendu, Abdoullakh Anzorov assassin de Samuel Paty, reçut des funérailles solennelles à Chalaji, Tchétchénie.

    Islamistes tremblez !

  3. « les cléricatures médiatiques », il ne peut pas parler simplement, il faut qu’il place des mots rares, ou des citations littéraires, il aime trop s’écouter parler … Ca nuit à son discours, et ça contribue à l’image caricaturale que les imitateurs ont données de lui. Et si en plus il rappelle la famille à la rescousse, là, c’est fini : catalogué aristocrate !
    Villiers est un Cassandre, et il en faut, mais au delà de la critique, ou est l’action ? qui, comment ? voilà des questions sur lesquelles j’aimerais qu’il s’engage.

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