On s’achemine vers la canonisation de Nicolas Hulot !
Alors, que les chaines d’infos ont passé toute la journée d’hier à commenter la démission du ministre de la transition écologique, beaucoup de voix s’élèvent pour saluer les convictions de Nicolas Hulot qui caracole, depuis Ushuaia, en tête des hit-parade de popularité.
Je partage avec elles une certaine admiration pour l’homme, malgré ou plutôt à cause de sa naïveté.
Mais après l’émotion, la part des choses doit être faite. Et plusieurs autres sons de cloche ont commencé à tinter.
C’est d’abord, Ségolène Royal, jamais avare de commentaires sur les radios – et peut-être pas tout à fait désintéressée – qui a déclaré ne pas comprendre la démission de Nicolas Hulot. Personnellement, elle n’aurait jamais démissionné !
Je me suis aussi beaucoup amusé, ce matin, pendant l’interview du lobbyiste proche des chasseurs, Thierry Coste, par Yves Calvi sur RTL. Mis en accusation comme responsable de la démission du ministre Hulot, il a habilement retourné la situation à tel point que Yves Calvi en a failli avaler son micro d’indignation.
Voici un extrait de cette interview dont vous pourrez écouter l’intégralité.
Yves Calvi : Est-ce que vous avez conscience que votre présence aussi proche du pouvoir peut interpeler voire tout simplement choquer ?
Thierry Coste : Ah, non, c’est une véritable hypocrisie ! Nicolas Hulot a été pendant vingt ans, et je l’ai combattu pendant vingt ans, puisqu’il était lobbyiste, président d’une fondation financée par des industriels. Il a influencé quatre présidents de la République. Comme moi, il a parlé à l’oreille de quatre présidents de la République, sur des sujets qui étaient protection de la nature alors que moi je parlais des sujets ruralité et chasse.
Yves Calvi (s’étranglant) : Donc le lobbyiste, c’est Nicolas Hulot ?!? Vous êtes en train de me dire sur RTL, que le lobbyiste, c’est Nicolas Hulot ?
Thierry Coste : Mais il l’a été ! Il a fait du lobbying pendant vingt ans ! Au moment du Grenelle de l’environnement, je me suis battu contre lui parce qu’il voulait écarter les chasseurs qui représentent 1 100 000 personnes. Il les a éliminé du Grenelle de l’environnement en influençant Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo et nous n’avons pas été intégrés au Grenelle de l’environnement ! Il faisait du lobbying pour ses amis, mais c’est pas grave !
Voici l’enregistrement complet de l’interview :
Et ce matin, Nicolas Beytout, dans l’Opinion, en a fait le sujet de son édito :
Nicolas Hulot ou l’histoire du « lobbyiste lobbyé »
Remake de l’arroseur arrosé, la démission de Nicolas Hulot est en réalité l’épilogue de l’histoire du « lobbyiste lobbyé ». Toute la carrière du ministre démissionnaire a été construite autour du lobbying, avec comme figure centrale de l’influence, la sienne. Usant d’abord de sa notoriété télévisuelle, il a rapidement construit un instrument de pression à son nom, à sa main : la bien-nommée Fondation Nicolas-Hulot (qui changera plusieurs fois de nom ensuite). Lobbyiste parmi les lobbyistes, il a inscrit en toutes lettres dans les missions de sa fondation qu’elle « participe au débat public ». Plus clair encore, l’ancien ministre avait créé une société commerciale, Eole, dont l’objet était, entre autres « le conseil en relations publiques et en communication sous toutes ses formes ».
Nul mal à cela, naturellement, et la cause est noble. Mais du coup, les effarouchements de Nicolas Hulot face aux lobbies et à leur présence autour du pouvoir paraissent bien décalés. Il a lui-même été un as de la discipline, ayant réussi, en usant de son influence, à faire signer par les principaux candidats à la présidentielle de 2007 un Pacte pour l’Ecologie.
Au fond, l’ancien animateur de télévision n’aurait jamais dû franchir le pas, passer des idées à l’action politique, des bonnes intentions écolos à la gestion ardue d’un portefeuille ministériel. Il n’aurait pas dû quitter le statut admiré de sympathique militant de la planète pour celui décrié d’homme politique confronté aux compromis quotidiens. Hulot ou la double méprise : il n’était probablement pas à sa place dans un ministère, vacillant à chaque arbitrage défavorable. Et pas à sa place dans ce gouvernement, lui qui confesse désormais ouvertement qu’il voulait « changer de modèle économique ». Jusqu’à preuve du contraire, ça n’a jamais été la ligne du chef de l’Etat.
Nicolas Beytout pour l’Opinion
Suivre @ChrisBalboa78