Après mon précédent article : « Rendez-nous Martinez ! » je reviens sur l’élection de la nouvelle Secrétaire générale de la CGT : Sophie Binet !
C’est Arnaud Benedetti qui, dans Le Club de Valeurs actuelles, repart de l’incident ayant opposé Sophie Binet à une journaliste de CNews pour nous brosser un tableau complet de cette jeune femme.
Il nous explique d’où vient cette preuve de sectarisme, de ses débuts politiques au sein du syndicat étudiant très politisé qu’est l’UNEF et de tout son parcours au sein d’une gauche consanguine qui vit, discute, échange, se cultive, forme des couples, divorce et meurt exclusivement entre gauchistes.
Sophie Binet ou le délitement idéologique de la CGT
En reprenant à son compte le dogmatisme boboïsant de la gauche morale, Sophie Binet, fraîchement élue à la tête de la CGT, a renoncé à incarner les valeurs ouvrières de la centrale et à défendre les vrais perdants de la mondialisation.
Interrogée alors qu’elle manifestait en tête de cortège, la toute nouvelle secrétaire générale de la CGT a refusé, sourire ostensible aux lèvres, de répondre aux questions d’une journaliste de Cnews au prétexte que cette chaîne ne respecterait pas la pluralité d’expression.
Évidemment, Madame Binet n’a sans doute jamais entendu le président de l’Arcom qui récemment, lors d’une conférence, ne manqua pourtant pas de souligner que le média visé par la syndicaliste n’enfreignait manifestement aucun des engagements que la loi lui dicte via son cahier des charges.
Sophie Binet, le visage de l’intolérance
La saynète vaut d’abord pour ce qu’elle dit de ce qu’il faut bien appeler le sectarisme décomplexé de la nouvelle responsable syndicale. On peut ne pas aimer une ligne éditoriale, on peut en effet ne pas y apprécier certains des partis pris, on ne peut pas néanmoins pour la dénoncer en légitimer son opposition en s’affranchissant de la réalité. Non seulement Madame Binet a montré le visage de l’intolérance, mais elle a professé une lecture partiale et tronquée de la situation, se conformant à cette vieille sentence qui veut que pour tuer son chien, l’on prétende qu’il ait la rage…
Soit, après tout rien de nouveau sous le soleil du front obtus des idéologues dont la “vérité” consiste toujours à substituer à l’intelligence humaine le râle réitéré de leurs certitudes. Misère de l’homme,ou de la femme pour la circonstance, dont l’engagement a l’étroitesse du préjugé.
Formée à l’école de l’UNEF du début des années 2000, elle incarne une gauche post-populaire
Le plus frappant dans ce comportement est ce qu’il révèle d’une certaine gauche qui, à force de s’enfermer dans la diabolisation de tout ce qui s’opposerait à elle, en vient à rendre impossible toute idée de débat. Une gauche qui déciderait de qui a le droit de débattre ou non, n’acceptant de se confronter qu’avec ceux qui de facto reconnaîtraient leur “infériorité morale”, qui intérioriseraient une forme de soumission en s’acculturant pour une part à nombre des préceptes de leurs contempteurs. C’est ainsi que les droites en France ont laissé bien de leurs valeurs et autres convictions au vestiaire des injonctions idéologiques de leurs adversaires les plus radicalisés.
Madame Binet appartient à cette génération nourrie à l’avoine de l’hyper-dogmatisme dont l’origine trouve sa source dans les effets combinés de la “boboïsation” de la sociale-démocratie et de la propagande de la gauche sociétale. Formée à l’école de l’UNEF du début des années 2000, elle incarne une gauche post-populaire, dont les a priori doctrinaux accompagnent un engagement dépourvu du moindre doute. Au moins la CGT avait-elle jusqu’à maintenant porté à sa tête des figures qui collaient à sa base ; avec la nouvelle leader de la vieille et historique confédération rien n’est moins sûr, tant le profil de celle-ci apparaît sociologiquement en rupture avec celui de ses prédécesseurs.
Ce court-circuit s’inscrit dans le processus qui depuis plusieurs années voit ceux qui historiquement ont la charge de défendre les plus modestes se défaire de cette mission pour se concentrer sur la protection exclusive de leur réduit idéologique.
Avec des adversaires de ce type, force est de constater que les adeptes de la globalisation économique n’ont même pas besoin de soutiens… Ils disposent là du meilleur levier à la perpétuation de leur ordre, tant ils peuvent se reposer sur cet antidote inespéré d’une petite-bourgeoisie gauchisante dont les positions, tout comme les intérêts, sont aux antipodes des vrais perdants de la mondialisation.
Arnaud Benedetti pour Le Club de Valeurs actuelles.
Suivre @ChrisBalboa78