« C’est une grève avant tout pour les usagers ! »
clame, sans vergogne, et contre toute réalité, les cheminots grévistes !
Néanmoins, il y a un peu de vrai dans leurs mensonges puisqu’ils ne se battent pas pour eux – qui conserveront leur statut de privilégiés quoiqu’il arrive – mais pour les futurs embauchés !
On observe qu’aussi bien à la SNCF qu’à Air France, ce sont les « seigneurs » roulants pour les premiers, volants pour les seconds qui sont les plus mobilisés dans ces grèves. Il est vrai que 20 000 euros de salaires mensuels pour les pilotes (13 fois le SMIC) les rapprochent dangereusement de la paupérisation !
Mais ces grèves ne frappent pas que le Français moyen. Elles frappent également l’économie française dont certains secteurs accusent durement le coup.
Voici, à ce sujet, l’édito de Nicolas Beytout, rédacteur en chef de l’Opinion :
La grève SNCF et les dégâts à bas bruit
Pendant que l’on se focalise sur le bras de fer entre les syndicats de la SNCF et le gouvernement, pendant que l’on se félicite du système D auquel ont recours les passagers, tout doucement, sans faire de bruit, l’économie française commence à payer les pots cassés de cette grève à répétition. C’est évidemment dans le monde du tourisme que les premiers dégâts se font sentir : la période des ponts et viaducs du mois de mai, plus importante encore en ce millésime 2018, s’annonce déjà comme décevante chez les hôteliers et restaurateurs. Une partie du chiffre d’affaires de l ‘année menace de s’envoler, sans aucune chance de le rattraper. Plus généralement, de nombreux secteurs commencent à souffrir de l’impossibilité d’organiser des échanges fluides, rendez-vous commerciaux, réunions lointaines, transport de matières premières ou livraisons.
C’est pour l’instant encore peu de choses, et les statisticiens disposent de quantité d’exemples historiques de grands mouvements sociaux qui à eux seuls n’ont pas cassé net la croissance économique du pays. Pas de chance, cependant : cette fois, ces mauvais coups portés par les grévistes risquent d’amplifier un mouvement de retournement de la conjoncture que l’on sent déjà poindre dans les toutes dernières livraisons de l’Insee. Après avoir atteint un plus haut depuis 17 ans, le climat des affaires dans l’industrie se dégrade depuis deux mois. Les perspectives à l’exportation se rétrécissent, et les industriels se montrent désormais moins optimistes sur l’évolution de la demande.
Toutes les enquêtes d’opinion le démontrent : cette grève de la SNCF et celle d’Air France qui s’y surajoute sont impopulaires chez les Français. Tant mieux, mais le danger à terme est plus grave : la dégradation du moral dans les entreprises et la fin prématurée du rebond tant espéré.
Nicolas Beytout pour l’Opinion.
Pour plus de détails chiffrés, lire cet article de Marc Touati paru sur le site Capital.fr :
« Grèves SNCF, Air France : un coût énorme pour l’économie française »
Extraits :
Sans vouloir polémiquer, rappelons simplement qu’un jour de grève nationale représente un coût proche de 2 milliards d’euros, notamment au travers des effets négatifs qu’elle suscite en termes de consommation des ménages et d’activité des entreprises dans l’industrie et les services. Cette estimation du coût de la grève s’opère comme suit : le PIB français de 2017 est de 2.289,5 milliards d’euros, chaque jour ouvré représentant un PIB d’environ 9,2 milliards.
On peut globalement estimer que le coût d’une grève forte représente environ 15 % d’activité en moins au niveau national (dans le commerce, cela peut même atteindre voire dépasser les 40 %), soit un coût d’environ 1,38 milliard d’euros. Autrement dit, si l’on estime que le coût économique national d’une journée de grève se situe entre 1 et 1,5 milliard d’euros, nous sommes vraisemblablement proches de la réalité.
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