« Les mouches ont changé d’âne ! »

On doit à Pierre Albaladejo, le célèbre commentateur de rugby, l’expression que j’ai reprise dans mon titre.

Pierre Albaladejo fit un duo avec Roger Couderc puis avec Pierre Salviac et utilisait cette expression quand la tendance d’un match de rugby s’inversait et que l’équipe menée au score reprenait l’avantage.

Cette expression me semble bien adaptée à la situation politique actuelle dans laquelle on voit la France Insoumise sombrer après avoir toujours été protégée par les médias, et au même moment, le Rassemblement national se comporter de façon exemplaire dans cette crise israélienne.

Il se peut que, durant ces quelques derniers jours, Jean-Luc Mélenchon ait planté le dernier clou dans le cercueil de la Nupes et ait sonné, en même temps, l’aboutissement de la dédiabolisation du Rassemblement national !

C’est l’objet de l’édito de Nicolas Beytout dans le magazine L’Opinion dont le titre peut-être vu comme une variante du titre de cet article :

LFI, RN: le diable a changé de camp

Jour après jour, l’onde de choc provoquée par les massacres du Hamas s’étend. Et plus on découvre l’intensité de l’horreur infligée aux victimes israéliennes, plus on comprend que ce jour funeste modifiera beaucoup de choses, bien au-delà du futur d’Israël et de la région.

C’est le cas en France, où la vie politique a brusquement changé de point d’équilibre. C’est La France insoumise qui est à l’origine de cette déflagration : par l’ambiguïté de leur position face au drame israélien et leur refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste, les dirigeants de LFI se sont bien sûr attirés un déluge de critiques. Ce pourrait être anodin, pour un parti politique qui a fait de la provocation sa marque.

Mais cette fois, c’est beaucoup plus grave.

Jean-Luc Mélenchon et ses fidèles se sont en effet placés loin de « l’Arc républicain », ce concept cher à Emmanuel Macron au nom duquel le camp des « raisonnables » propose de trier entre ceux qui sont politiquement fréquentables et les autres.

Ne pas condamner le terrorisme qui tue hommes, femmes et enfants parce qu’ils sont juifs est une abomination antisémite.

C’est, dans l’idéologie de La France insoumise, aller un cran plus loin dans l’islamo-gauchisme.

Ce tremblement de terre n’a pas fini de produire ses effets à gauche. Mais le plus spectaculaire est ce qui se passe, simultanément, à l’autre bout du spectre politique où le Rassemblement national a fait un pas de plus dans sa quête de respectabilité, Marine Le Pen soutenant ouvertement Israël et rejetant dans les oubliettes du Front national le vieil antisémitisme atavique de son père. Voilà la majorité d’Emmanuel Macron et les Républicains avertis : il sera à l’avenir difficile de mettre un signe égal entre les deux pôles extrêmes de la vie politique française. Mais cette fois, ce sera au bénéfice du RN.

Une immense tectonique des plaques s’est mise en mouvement.

Nicolas Beytout pour l’Opinion.

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