A une dizaine de jours du scrutin européen, il serait utile que les Européens prennent conscience de l’impasse géostratégique dans laquelle nous emmènent, à bride abattue, les deux va-t-en-guerre Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron, à l’occasion de la guerre en Ukraine.
Si nous avions une presse indépendante jouant effectivement son rôle de quatrième pouvoir, un débat devrait s’instaurer sur la situation et surtout sur les sombres perspectives d’avenir de l’Europe.
Car enfin, que penser d’une Union européenne qui en est à son 14 ème paquets de mesures contre la Russie et qui voit la Russie, avoir plus de croissance que l’Europe, et reformatter le monde dans son intérêt en se rapprochant de la Chine et d’autres pays ?
Ne voyons-nous pas que ce sont les Américains qui tirent les marrons du feu en laissant l’Europe au premier plan du conflit, et en en profitant pour nous ventre des armes et du gaz à un prix délirant ?
Il est ahurissant que dans cette campagne pour les européennes, cette situation désastreuse de l’Europe ne soit pas abordée. En fait, la vérité est tabou. Une seule hypothèse est autorisée : la défaite de la Russie. Qui peut croire qu’un pays disposant de l’arme nucléaire et présidée par un nationaliste comme Poutine pourrait accepter de perdre face à l’Ukraine ?
Avec toutes les précautions qui s’imposent, je verse au dossier des européennes un article du dans Saker francophone, signé par Russia Today, l’organe de presse russe interdit en Europe.
Cet article nous décrit la façon dont la Russie considère aujourd’hui l’Europe. Le jugement est sévère et tranche avec le récit dominant qui nous est imposé par l’Europe, le gouvernement et les médias.
Je sais que mes lecteurs sauront faire la part des choses en lisant cet article partisan mais qui me parait néanmoins réaliste. Qu’en pensez-vous ?
L’Europe est en train de devenir un “continent perdu”
L’Europe reste un axe stratégique important pour la Russie, mais elle n’est plus le principal sujet de discussion. Aujourd’hui, beaucoup la considèrent comme un “continent perdu“, où la moitié occidentale a cessé d’agir en fonction de ses propres intérêts et a même du mal à les définir. Les États perdent de plus en plus leur autonomie et cèdent à la pression des États-Unis.
La présence croissante de l’OTAN aux frontières occidentales de la Russie inquiète notre pays. Des signes indiquent que le bloc dirigé par les États-Unis passe de l’hibernation à la préparation d’une confrontation militaire majeure en Europe. La voie de l’escalade et de la pression croissante sur la Russie est une impasse : Moscou prend la menace de l’OTAN au sérieux et a les moyens d’y faire face. La militarisation des États baltes, le renforcement de l’influence du bloc dans la mer Noire et près de la frontière russe multiplieront les épisodes de collision entre nos intérêts et nous, maintiendront dans une tension constante.
La Russie n’a pas de plans agressifs contre les pays baltes – c’est une menace inventée par Washington et Bruxelles. Toutefois, si l’OTAN choisit la voie de l’escalade des tensions, Moscou n’hésitera pas à relever le défi. Je pense que cette voie est un parcours du combattant pour l’Europe occidentale – elle devient l’otage du désir américain d’isoler les principales économies de l’UE de la Russie.
L’escalade crée une série de phobies, supprime tout élan de coopération économique et lie finalement les États d’Europe occidentale à l’économie américaine, ce qui les rend beaucoup moins compétitifs.
En conséquence, les Américains “cannibalisent” les Européens de l’Ouest sous le noble prétexte de protéger le continent européen d’une menace russe imaginaire. Je pense que les Européens de l’Ouest ne doivent pas ignorer ce gonflement artificiel des tensions par les États-Unis – ils doivent agir dans leur propre intérêt.
La Russie s’est tournée vers d’autres régions du monde et développe avec vigueur ses relations historiques avec les pays d’Asie et d’Afrique. Dans une certaine mesure, l’Europe occidentale se détourne de la Russie et la Russie se détourne de l’Europe occidentale.
Je reconnais qu’il s’agit d’une spirale, comme beaucoup de choses dans l’histoire. Et avec le temps, il y aura un processus de retour. Mais il est évident qu’aujourd’hui, l’Europe occidentale n’est pas pour la Russie une région très importante ou offrant de nombreuses opportunités. Au contraire, ce que nous entendons aujourd’hui de cette région, ce sont les déclarations les plus belliqueuses, mais elles ne sont pas soutenues par une grande détermination politique. Alors que la Russie continue de percevoir les actions de l’Europe occidentale contre notre pays comme une menace, l’attention de Moscou se déplace vers d’autres parties du monde.
Dans le même temps, les États-Unis restent la force la plus active – au sens destructif du terme – dans les relations internationales, s’efforçant constamment de créer des coalitions ad hoc pour les utiliser contre leurs adversaires. Aujourd’hui, ils agissent de plus en plus fébrilement, réalisant que le temps ne joue pas en leur faveur.
Au lieu de ces absurdités, il serait sage que Washington accepte que des processus démographiques, économiques et sociaux objectifs fassent de l’Asie le principal centre de gravité du monde au cours du nouveau siècle, et qu’elle s’efforce de veiller à ce que les conditions de stabilité et de développement soient maintenues. Les actions des Américains montrent malheureusement le contraire : ils exacerbent la perception de leur propre déclin, qui serait moins grave s’ils se comportaient de manière plus constructive.
Le déplacement du centre de gravité de la région atlantique vers l’Asie de l’Est et du Sud est un processus objectif. Moscou et Washington n’y sont qu’indirectement impliqués, mais l’influence croissante des pays de cette région ne peut être niée ni stoppée. Dans ce contexte, les relations entre la Russie et la Chine sont remarquables – bien qu’il y ait eu des crises entre nos pays dans le passé, les relations russo-chinoises sont aujourd’hui à leur apogée et constituent l’un des piliers fondamentaux d’un nouvel ordre international équilibré.
Dès le milieu des années 1990, la Russie et la Chine ont formulé une vision commune du monde de demain. Celle-ci a été inscrite dans la “Déclaration sur un monde multipolaire et la formation d’un nouvel ordre international” de 1997. Depuis lors, la conception russo-chinoise du monde a évolué : elle repose sur la non-ingérence, le respect de la souveraineté, les intérêts mutuels et la reconnaissance du fait que la coopération entre les pays est possible quelle que soit la nature de leur gouvernement. Cette base de coopération a résisté à l’épreuve du temps et aux nombreuses crises internationales des dernières décennies, et porte nos relations à un niveau encore plus élevé.
Andrey Sushentsov, directeur de programme du Valdai Club.
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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Une réponse à “L’Europe à la dérive …”
pas un bulletin de vote pour « renaissance » « lr » le « ps » et encore moins pour lfi!
Ces partis sont des fous de guerre qui nous entrainent à la mort et les ricains vont passer à la caisse!