Décidément, l’Europe s’enfonce dans le déni !
Le déni qui rend ses instances aveugles à l’opposition grandissante des peuples contre elles notamment sur les questions d’immigration et de défense des identités nationales.
Le déni tout simplement de démocratie quand ces instances balayent d’un air méprisant le résultat des élections nationales quand le résultat leur déplait !
Ce qui s’est passé en Italie récemment illustre parfaitement cette fuite en avant, avec le veto du président italien – téléguidé par Bruxelles – contre un ministre pour l’unique raison qu’il n’est pas assez « européen » !
Ces dénis font l’objet de la chronique d’Eric Zemmour cette semaine dans le Figaro Magazine qui fête aujourd’hui ses quarante ans !
L’union fait-elle encore la force ?
La grave crise politique ouverte en Italie par le coup de force de son président sonne, pour l’Union européenne, comme un avertissement.
Comme ces boxeurs vieillissants qui ne se rendent pas compte qu’ils n’ont plus les moyens de combattre comme avant, l’Europe s’est peut-être engagée avec l’Italie dans le combat de trop. Ce n’est pas la première fois que les institutions bruxelloises montrent leur mépris du suffrage universel des peuples qui composent l’Union. Le principe a été émis par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »
Avec l’Italie, c’est toujours la même histoire, mais en plus gros. L’Italie n’est pas la Grèce : son économie est la troisième de l’Union. L’Italie n’a pas dit non à un référendum, mais a choisi ses députés et son gouvernement dans le cadre traditionnel d’une démocratie parlementaire, dont l’Europe se targue d’être un parangon universel. Mais quand le président de la République italienne, Sergio Mattarella, met son veto au choix d’un ministre des Finances, parce qu’il est hostile à l’euro, pour nommer un président du Conseil, ancien du FMI, conforme aux desiderata européens, il se met en travers du fonctionnement régulier de la démocratie. Il commet une forme de putsch, de coup d’Etat contre le peuple, même si la Constitution lui donne le droit de récuser un gouvernement. Cela évoque pour les Français la crise du 16 mai 1877, lorsque le président Mac-Mahon avait refusé de nommer un gouvernement correspondant au choix des électeurs. Dans la campagne électorale qui avait suivi, le républicain Gambetta avait eu cette fameuse phrase : « Quand le peuple aura tranché, le Président devra se soumettre ou se démettre. »
Quand le peuple italien aura tranché, en septembre prochain, le leader de la Ligue, Salvini, pourrait alors reprendre au mot près la phrase de Gambetta. Mais qui sera Mac-Mahon ? Le président italien, Mattarella ? Le président de la Commission, Jean-Claude Juncker ? L’euro, qui ne supporterait pas une défection italienne ? L’Union tout entière, qui s’est longtemps forgée sans les peuples mais qui, depuis plusieurs années, se fait contre les peuples ?
Le mot « démocratie » n’a plus le même sens pour tous. La vieille définition (« gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ») n’a plus la faveur des élites européennes. Elles lui préfèrent les analyses de JürgenHabermas, qui établit la démocratie non plus comme le pouvoir de la majorité, mais …
… comme la protection des minorités par un subtil agencement
de contre-pouvoirs judiciaires, technocratiques ou financiers.
Cette oligarchie a la réalité du pouvoir qu’elle impose aux peuples au nom de l’Etat de droit.
C’est cette conception de la démocratie – antidémocratique – qui est en jeu dans ce bras de fer italien après le critiques acerbes contre la « démocratie illibérale » en Hongrie et les sanctions annoncées contre la Pologne. C’est toujours la même bataille entre démocratie et oligarchie, entre peuples et élites, entre de vieilles nations et une fédération européenne sans fédérateur ni cohérence.
Le combat de trop ?
Eric Zemmour pour le Figaro Magazine.
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