Emmanuel Macron est probablement très intelligent …
Une belle machine analytique très performante !
Mais il manque cruellement d’intelligence relationnelle.
Il est conscient de sa valeur, voire de sa supériorité intellectuelle, mais présente une incapacité réelle à se projeter dans ses interlocuteurs et à mesurer l’impact de ses propres paroles sur eux. Quand il pense qu’il a raison – et ça lui arrive plus qu’à son tour ! – il n’imagine pas qu’on puisse ne pas être d’accord avec lui.
D’où son mépris pour les corps intermédiaires, les syndicats, les élus locaux, etc … D’où sa tragique gestion de l’affaire Benalla. D’où son incompréhension totale face au mouvement des Gilets jaunes ! D’où, la colère qui monte, face à son mauvais management de la réforme des retraites …
Dernièrement, cette incapacité relationnelle lui a valu une forte humiliation infligée par le Parlement européen avec le rejet de la candidature Boulard à la Commission européenne.
Emmanuel Macron a avoué cette incapacité en indiquant qu’il ne comprenait pas la décision du Parlement !
Pourtant, nous sommes nombreux à avoir compris !
Dans un édito percutant, au micro d’Europe1, Catherine Nay a tenté, avec force arguments, d’expliquer au président le pourquoi de cette gifle. Vous pouvez l’écouter ici.
Voici la synthèse des propos de Catherine Nay :
82 voix contre et 29 voix pour, ça s’appelle une torgnole ! Et au lieu de faire profil bas, le président, mauvais joueur, s’en est pris à la présidente de la Commission.
Pour comprendre le rejet de Sylvie Goulard, il faut remonter au péché originel : l’élection de madame Ursula Van der Leyen pour laquelle il s’est battu et a fait pression sur Angela Merkel et cela, au détriment des « Spitzenkandidaten », ce système qui veut que les partis du Parlement européen présentent chacun leur candidat à la présidence de la Commission.
En l’occurence, c’est le PPE, parti de droite conservateur qui aurait dû avoir la présidence : Martin Weber. Mais Macron s’y est opposé.
Donc, ce vote contre Sylvie Goulard est un rappel du rapport de force ! Le PPE compte 187 élus et Emmanuel Macron n’a cessé de l’humilier, en refusant que ses élus y siègent.
Concernant le cas « Boulard », beaucoup l’avait mais en garde, dont François Bayrou qui disait : « Goulard, ça ne passera pas ! » mais le président ne voulait rien entendre !
C’est l’éthique de Madame Goulard qui était en cause, pour avoir employé indûment un assistant parlementaire basé en France et donc participait à une système d’emplois fictifs du Modem. En plus elle avait été rémunérée pendant trois ans par un institut d’études américain appartenant à un financier controversé.
C’est pour ces raisons-là qu’elle avait démissionné en 2017 de ministre des armées. Les parlementaires européens disaient :
« Quoi, elle ne peut plus être ministre mais elle pourrait être commissaire européen ! »
Et c’est ça qui n’est pas passé !
Il y avait un autre handicap pour elle, c’est que la commission juridique venait d’éliminer la commissaire roumaine pour un emprunt industriel et un commissaire hongrois, lui, qui n’avait pas de casseroles, mais dont Stéphane Séjourné, député européen machiniste, se flattait, dans les couloirs, d’avoir obtenu la peau ! De plus, les machinistes ont été très actifs pour dézinguer les Hongrois de tous les postes subalternes dans les 22 commissions, d’où une réputation d’arrogance et d’où des vengeances !
Si tout le monde crédite Macron de convictions européennes sincères, il démontre jusque là une absence de savoir-faire. Disons qu’il n’a pas la main verte dans ces choix de personnes. D’abord Nathalie Loiseau, qui conduisait la liste, n’était pas une flèche et a fait preuve de trop de maladresse pour obtenir la présidente de son groupe Renew Europe. Après cela, il y a le flop Sylvie Goulard, dont personne ne niait les compétences, même si l’on jugeait que son périmètre obtenu par la France était trop vaste : la marché intérieur, la défense, l’espace et je ne sais quoi encore … Et puis il y a la petite Amélie de Montchalin, jeune ministre des Affaires européennes, qui passe son temps à donner des leçons et qui a lu, dans l’écher de Madame Goulard, une collusion entre les Républicains et le Rassemblement national !
Les répliques étaient mal ajustées, ce qui crée une vraie défiance.
Catherine Nay pour Europe1.
Excusez du peu ! Si Macron ne comprend toujours pas, on ne peut plus rien pour lui …
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