– L’homme de gauche aime le peuple,
– l’homme de droite aime l’ordre,
– le centriste aime son nombril,
– le gaulliste aime la France,
– le Frontiste aime la patrie,
– l’écolo croit aimer la nature.
Mais le « macroniste », lui,
n’aime qu’Emmanuel Macron !
Voici une excellente étude sociologique et psychologique du « macroniste » standard publié par Jérôme Leroy dans les colonnes de Causeur.fr :
Cet intéressant document (ci-contre), dont on a charitablement caché le nom de l’émetteur, est un statut Facebook d’un gentil macroniste. Il n’est ni pire ni meilleur que beaucoup d’autres du même genre que l’on trouve en abondance sur les réseaux sociaux mais aussi dans les propos des sectateurs de l’Élu. Mais il est tout de même très révélateur de la façon dont la figure du militant politique s’est désormais dégradée en celle de fan pour chanteur à minettes.
Laissons de côté le ton. Son agressivité bovaryste, son hystérie sectaire sont reconnaissables à la ponctuation forte et à l’hyperbole constante du vocabulaire, comme quelqu’un qui parlerait avec ce qu’on appelait dans mon enfance « une voix de crécelle. »En fait, on reconnait le macronien à l’oreille, dès les premières mesures avec un peu d’entrainement, beaucoup plus qu’à l’allure car il ressemble tantôt à un cadre dynamique en veste « fitée » tantôt à une mère de famille dynamique en lunettes, la quarantaine souriante des hôtesses d’accueil, des directrices d’école maternelle et des psychiatres qui sont en train de signer en vous regardant avec bienveillance votre certificat d’internement à la demande d’un tiers.
Le macroniste n’est pas en marche, il est en manque
A part l’encadrement des macronistes, constitué par des routiers cyniques, par des médiatiques vieillissants qui se veulent modernes alors qu’ils sont proche du gâtisme et par des politiques opportunistes hâtivement repeints aux couleurs de La République En Marche (LREM), le macroniste de base cherche dans la politique ce qu’il n’a pas trouvé ailleurs: de quoi remplir sa vie.
Il ne s’agit pas d’un idéal militant sanctifié par l’histoire ou la tradition familiale comme chez les gaullistes, les communistes, les démocrates chrétiens, les socialistes d’avant la mue hollandiste, non il s’agit d’un produit de consommation populiste, un genre de menu McDo de la semaine, aux graisses consolantes, au moelleux régressif. Il s’agit d’une pure idéologie du marketing qui permet de masquer que nous avons à faire à une bonne vieille révolution conservatrice néo-libérale, une reprise en main technocratique des intérêts du capital derrière un jeunisme qui tiendrait lieu de tout. On est macroniste de la veille, la conversion a été brutale, façon Claudel derrière son pilier de Notre-Dame et encore Claudel s’était-il mis à croire en Dieu qui existe depuis deux mille ans et des poussières, alors que Macron n’existe que depuis avant-hier.
Le macroniste n’aime pas le conflit
Non, ce qui est inquiétant, ici, c’est le fond. Le fond qui existe à peine mais suffisamment pour faire peur. L’émetteur de ce statut nous indique en effet que « la politique autrement! » (point d’exclamation), c’est « sans clivage et sans idéologie partisane ».Diable, on aurait cru précisément que la démocratie, c’était la conflictualité, qu’il fallait une majorité et une opposition et que précisément, on avançait grâce au « clivage ». Qu’en dehors de périodes exceptionnelles ou sur des dossiers très précis, mais rares, on ne pouvait pas s’entendre, on ne devait pas s’entendre même car on aura beau faire, on ne mettra jamais tous les Français d’accord, et c’est heureux, sur leur rapport au travail, à l’amour, sur leur perception de l’avenir, sur les inquiétudes, les peurs, les espérances qui sont les leurs. Cela les empêchent-ils d’être pourtant Français, et d’appartenir à une communauté de destins, de participer à « un plébiscite renouvelé chaque jour » comme disait Renan ? Certainement pas. Ça, c’est ce que Macron veut faire croire.
On notera d’ailleurs l’expression « idéologie partisane ». Pour le macroniste, l’idéologie, c’est comme l’enfer chez Sartre, c’est toujours les autres. Le macroniste, lui, n’a pas d’idéologie, il est pragmatique. Or le pragmatisme étant un simple aménagement de ce qui existe, il est de fait une idéologie puisqu’il se satisfait d’une société inégalitaire vivant dans une économie de marché de plus en plus dérégulée. Mais non, déjà, dire cela, c’est « partisan » donc faux dans l’imparable logique du fan macroniste.
Le macroniste est né de la dernière pluie
Pour le reste, on ne fera pas de mauvais procès à l’auteur du statut en lui faisant remarquer que l’expression « France Nouvelle » a de fortes connotations d’extrême droite: le macroniste de base contrairement à ses chefs, est en général assez inculte politiquement, sinon il ne trouverait pas Jupiter très nouveau puisqu’il a un programme qui date de Reagan.
On conclura pour finir que pour notre ami, les années 1970 représentent la plus haute antiquité, voire s’apparentent à la mythologie revue par Sophocle, puisqu’il n’aime pas son « papa », comme n’importe quel victime d’un Œdipe mal résolu.
Jérôme Leroy pour Causeur.fr
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