Madame la Directrice …

Publié par le 6 Juin, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Madame la Directrice …

Ne l’appelez plus Marion Maréchal Le Pen !

Mais seulement Marion Maréchal
ou bien Madame la Directrice !

Puisque la jeune femme en rupture avec le Front national pardon, le Rassemblement national, vient de créer une école de sciences politiques située à Lyon. Voici un article paru dans Valeurs actuelles qui révèle ce qui se cache derrière ce nouveau projet de Marion Maréchal :

Les élites ont failli et les résultats électoraux sont absents. En bon disciple d’Antonio Gramsci, Marion Maréchal sait que les victoires culturelles précèdent les victoires politiques. Elle lance donc son académie de sciences politiques.

Madame la directrice ne sera plus que « Maréchal ». Elle a discrètement retiré « Le Pen » sur les réseaux sociaux, suscitant de nombreuses réactions. Elle le savait, mais s’en moque. C’était le moment : « Je bascule dans la société civile, c’est cohérent de me départir de mon nom politique. » D’aucuns y voient la première pierre d’un retour programmé et l’acte fondateur d’une stratégie mijotée à l’abri des regards … Elle s’en amuse : « Ce serait bien la première fois de ma vie que je mijote quelque chose …  »

Dans le recoin d’un luxueux salon de l’hôtel Bristol, Marion Maréchal semble bien loin des manigances que lui prête la presse politique. Elle admire le cadre du lieu de rencontre. C’est son rendez-vous précédent qui l’a choisi, patron d’une compagnie aérienne à qui elle pourrait bien envoyer des étudiants de son lssep (Institut de sciences sociales, économiques et politiques) dès l’année prochaine. Elle ne fait que ça, ne parle que de ça. Il y a un an, en  refermant la porte de l’Assemblée nationale, elle expliquait vouloir lancer un projet entrepreneurial. « Là-dessus, je suis cohérente », répond-elle à ceux qui tentent de soutirer une confession d’intrigante. Une école, donc ? De son propre aveu, la démarche n’est pas très originale. Sciences Po est née sur les cendres de la défaite de 1870, les Écoles des hautes études internationales et politiques (HEIP) sur les décombres de l’affaire Dreyfus. « Chaque fois que les élites ont failli, il y a eu des créations d’écoles pour former une nouvelle élite », commente-t-elle. Électoralement, la voie est bouchée. Mais l’ancienne députée est trop jeune pour se résigner. Elle assume donc ce « projet politique »· Et précise : du politique, non de la politique.

Certains l’appellent déjà « l’école des fachos ». Elle soupire : « Je serais ravie d’offrir quelques heures de cours d’histoire des idées politiques aux ignorants qui en sont encore là. » Les mieux élevés déclinent en « Sciences Po de droite ». « Ah, parfait, donc Sciences Po est officiellement de gauche ! » sourit-elle. Mais derrière les boutades, persiste la suspicion d ‘une école de formation de ses futures équipes électorales. Elle le sait, et réfute inlassablement : « Nous ne voulons pas former uniquement des hommes politiques, mais aussi des gens capables d’oeuvrer dans l’entreprise, les médias, la culture … » Bref, tenter une « modeste alternative » aux grandes écoles françaises « sclérosées par une pensée toute faite, devenues des moules pour élites impuissantes, sans capacité de discernement et peu soucieuses du cadre national ».

« Je suis latout et le handicap de cette école »

Dans sa ligne de mire, les business schools et les Instituts d’études politiques, qu’elle qualifie volontiers de « sous-business schools ». Maréchal le jure, l’lssep n’est pas un projet militant, et n’a pas pour vocation d’enseigner un rapport doctrinal à la réalité. Quatre valeurs ont été définies comme socle de l’école : excellence, engagement, enracinement et éthique. Socle de droite, diront certains … Elle lâche prise : « Je ne vais pas non plus m’excuser ! »

Le discours est rodé, reste à convaincre. Même très intéressés, certains timorés attendent de voir le projet grandir avant de s’engager, d’autant que la directrice – rien n’y fera – est une Le Pen. « Je suis l’atout et le handicap de cette école », glisse une Marion Maréchal lucide. Handicap d’un passé récent de femme politique, qui la rend désormais « tributaire d’une presse politique plus qu’éducative ». Mais atout, car le coup de projecteur est sans équivalent.

Quelques téméraires ont déjà bravé la pression médiatique. Sur le site Internet de l’école, noms et pedigrees des membres du conseil pédagogique sont accessibles. Des étrangers, notamment l’universitaire américain théoricien du « paléo-conservatisme » Paul Gottfried, le spécialiste russe de civilisation française Oleg Sokolov ou l’Anglais Raheem Kassam, patron du média alternatif Breitbart (elle espère d’ailleurs annoncer prochainement trois partenariats avec des universités étrangères). Des Français aussi, tous professeurs d’université ou spécialistes de l’enseignement supérieur. Président honoraire de l’école, Patrick Libbrecht, ancien de Danone et Materne, « incarne l’alliance de l’entreprise et de la politique » qu’entend promouvoir l’école. Où sont les femmes ? « Je me demande aussi », plaisante la jeune directrice. Toutes celles qui ont été démarchées ont refusé. Elle ne désespère pas, mais refuse de s’apitoyer : « Je ne vais pas non plus céder à l’air du temps, si je n’ai que des hommes, qu’ils répondent à mes attentes et aux besoins des étudiants, c’est très bien comme ça. »

Le Figaro, Causeur et la revue Éléments seront représentés. Ivan Rioufol, Cil Mihaely et François Bousquet ont accepté de donner une conférence dans l’école. Pour leur épargner l’embarras médiatique en plein lancement, le nom des professeurs a, en revanche, été gardé secret. « Quand vous êtes prof à HEC, vous n’êtes pas responsable de HEC, argumente l’ancienne députée. C’est pareil chez moi. Mais comme c’est moi, les médias se jetteraient dessus comme des rapaces. » Les noms qu’elle tait pour le moment – une cinquantaine – ont souvent été des candidatures spontanées : « Beaucoup espèrent remettre en cause le magistère de la gauche dans le supérieur ! » Elle avoue avoir été surprise de trouver autant de répondant : « Même dans les rangs du public, j’ai découvert que des gens font le même constat que moi. Mais ils sont hors radars, couchés au sol. » Les professeurs sont des universitaires, journalistes, intellectuels ou chefs d’entreprise.

« Casser l’enfermement sociologique de Sciences Po et de HEC »

Sur le fond, tout est pensé pour permettre l’émergence d’une nouvelle génération. Les étudiants suivront les cours des trois pôles pédagogiques. D’abord, les sciences économiques, politiques et sociales, « avec un retour en force des enseignements classiques : philosophie, histoire et lettres » qui font parfois défaut ailleurs, et une option latin. Pour le reste, ce sera comme partout : fiscalité, finance publique, droit, géopolitique, fonctionnement des institutions … Afin d’inscrire les étudiants « dans une logique de responsabilité », une large partie des cours (dispensés ici par des praticiens et non des « professeurs purs et durs ») portera sur le management général. Sur cette partie, les étudiants pourront obtenir un diplôme d’État. Enfin, le pôle « direction de projet », pour se former aux outils de l’entreprise, à la stratégie financière, la comptabilité, les business plans, la communication … « Former les manageurs intermédiaires de grosses boîtes, HEC le fait très bien, explique Maréchal. Nous, nous voulons des jeunes qui soient à l’initiative de nouveaux projets au service de la société et de ceux qui la composent. »

L’Issep n’est pas l’Unef. Le mot « sélection » n’intimide personne. Mais pour dénicher ces talents, l’école ne veut pas recruter de « bêtes à concours ». « Les intelligences scolaires, c’est bien, mais là encore, les grandes écoles les gèrent parfaitement », argumente la directrice qui recherche en priorité des « personnalités dont on perçoit la capacité d’esprit critique et d’initiative »· Lors du recrutement, qui commencera en juin, les épreuves écrites ne pèseront rien face à l’entretien de motivation. Comme les membres du conseil pédagogique, les premiers étudiants prendront un risque en choisissant l’Issep. « Je n’oublie pas que ce sont les parents qui paient et qu’ils auront inévitablement le réflexe de la sécurité, démine Marion Maréchal. Mais j’espère aussi que les étudiants sauront montrer leur envie d’un enseignement différent et de qualité. » Elle rêve déjà d’une hétérogénéité « salvatrice ». Ou pour être plus clair :  » Il faut qu’on arrive à casser cet enfermement sociologique de Sciences Po et de HEC. »

Sciences Po en grève contre la sélection à l’entrée des universités … On croit rêver dans ce temple de la sélection et de l’élitisme !

Elle cultive sa différence en tous points. Mais sait qu’un seul critère jugera de sa réussite : « l’employabilité des étudiants ». Elle démarche donc des entreprises pour envoyer en stage la quinzaine d’étudiants attendus en septembre prochain (elle en espère une centaine à terme). « Les grandes écoles ont comme partenaires privilégiés des entreprises insérées dans une économie financiarisée et transnationale, et chantres d’une mondialisation heureuse. » Elle prône exactement l’inverse : réaliste sur la mondialisation de l’économie, elle compte cependant rassembler des entreprises « enracinées qui tiennent compte de leur environnement social et culturel ». Une vingtaine de sociétés répondant au profil sont déjà partenaires de l’Issep, et n’ont « pas du tout peur de prendre les étudiants ».

Avec la décontraction de celle qui ne mesure pas l’intérêt qu’elle suscite, Marion Maréchal cite Victor Hugo : « Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue. » Dévore la fin de son croissant. Et tempère : « C’est un pari … mais je pense qu’il y a une attente ! Si nous sommes assez crédibles et professionnels, il n’y a pas de raison. »

Charlotte d’Ornellas et Bastien Lejeune pour Valeurs actuelles.

On ne peut que lui souhaiter bonne chance en admirant son courage dans ce contexte français de sectarisme intellectuel où le politiquement correct règne partout !

Les victoires culturelles précèdent les victoires politiques …

La création de cette école est un premier pas dans la reconquête culturelle que doit opérer la droite.

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