Houlette empêchée de se choisir un successeur chargé d’assurer l’intérim
La PNF s’est montrée agacée de ne pas avoir pu se choisir un successeur, chargé d’assurer l’intérim au moment de son départ, en juin 2019, comme c’est normalement l’usage pour tout chef de juridiction ou haut magistrat. « La procureure générale (Catherine Champrenault, NDLR) en a décidé autrement, contre mon avis », a-t-elle taclé. Ajoutant : « Je ne pense pas personnellement que ce soit une bonne chose : c’est un intérim qui a été fait par deux avocats généraux, qui étaient dédiés au contentieux économique et financier à la cour d’appel de Paris. »
« Finalement, conclut-elle, à travers cet intérim, ils avaient accès à toutes les procédures du Parquet national financier et ils [auraient] pu, si on leur avait demandé, renseigner [la hiérarchie, NDLR] sur tous les actes d’enquête. Je ne pensais pas que c’était opportun. » En effet, c’est là l’essentiel de son propos : la suspicion sans cesse lancée sur les procureurs dès lors que ces derniers sont amenés à enquêter sur des affaires sensibles, concernant le pouvoir politique.
Des remontées d’informations incessantes dans l’affaire Fillon
Et l’ancienne procureure de livrer son expérience personnelle dans l’affaire Fillon. Si Éliane Houlette a affirmé que la pression des journalistes était difficile à gérer – « Mais bon, ça, on peut s’en dégager, moi je n’avais pas de contacts avec eux et je ne lisais plus les journaux » –, c’est surtout la « pression du parquet général » qui l’a marquée. Les demandes incessantes pour qu’elle fasse remonter les informations le plus vite possible sur les derniers actes d’investigation, des demandes qui lui étaient parfois adressées pour « les actes de la veille », et qu’elle devait synthétiser « avant 11 heures le lendemain ».
« Les demandes de précisions, de chronologie générale – tout ça à deux ou trois jours d’intervalle –, les demandes d’éléments sur les auditions, les demandes de notes des conseils des mis en cause … Les rapports que j’ai adressés, je les ai relus avant cette audition [devant la commission de l’Assemblée nationale, NDLR]. Il y a des rapports qui étaient circonstanciés, qui faisaient dix pages, précis, clairs, voilà », soutient la magistrate. Qui ajoute : « On ne peut que se poser des questions [sur ce qui est fait de ces informations, NDLR]. C’est un contrôle très étroit… »
Le parquet général demande à ouvrir une information judiciaire
Éliane Houlette évoque également une réunion lors de laquelle on lui aurait demandé d’ouvrir une information judiciaire contre François Fillon, alors que les investigations avaient jusque-là lieu dans le cadre d’une enquête préliminaire.
Selon nos informations, cette réunion s’est tenue le 15 février 2017 à Paris. « J’ai été convoquée au parquet général – j’y suis allée avec trois de mes collègues, d’ailleurs – parce que le choix procédural que j’avais adopté ne convenait pas. On m’engageait [sic] à changer de voie procédurale, c’est-à-dire à ouvrir une information judiciaire. J’ai reçu une dépêche du procureur général en ce sens », a-t-elle dit devant la représentation nationale.
Si Éliane Houlette assure avoir d’abord résisté – « Ce sera quand je l’aurai décidé et quand j’aurai des éléments pour le faire » –, elle avoue avoir finalement été elle-même rapidement convaincue qu’il fallait ouvrir une information judiciaire, ce qu’elle fera le 24 février 2017. Selon nos informations, un nouveau désaccord éclatera alors quant aux termes employés dans le communiqué de presse.
Hasard du calendrier, c’est en effet en pleine affaire Fillon, en février 2017, que le Parlement vote définitivement la réforme de la prescription pénale. La loi prévoit que la justice financière ne pourra plus enquêter sur des faits remontant à plus de douze ans, ce qui pourrait être très favorable à François Fillon. Le PNF va alors publier un communiqué justifiant l’ouverture d’une information judiciaire par l’adoption de cette réforme, ce à quoi va tenter de s’opposer – sans succès – le parquet général, qui ne voulait pas en faire mention. « La libre communication d’un procureur fait partie de son indépendance », clame Mme Houlette.
« Je n’ai pas le sentiment que nous faisions cause commune »
L’ancienne magistrate affirme qu’« aucun des gardes des Sceaux [Christiane Taubira, Jean-Jacques Urvoas, François Bayrou, Nicole Belloubet] ou leurs collaborateurs immédiats ne [l]’ont interrogée ou [l]’ont incitée à agir ou à ne pas agir dans des dossiers particuliers ». Mais elle dénonce les « très, très nombreuses demandes » du parquet général, lequel s’ingère « au quotidien dans l’action publique ».
« J’ai gardé toutes les demandes, elles sont d’un degré de précision ahurissante […] Je les ai ressenties comme une énorme pression », précise-t-elle. Avant de conclure : « Je n’ai pas eu le sentiment que nous faisions cause commune. »
Mais que disait la même Eliane Houlette en juin 2019 ?
Cette femme n’a aucune éthique !
Conclusion
Oui, nous avons bien affaire à un scandale d’état ! Mais ne nous y trompons, madame Eliane Houlette n’est qu’une comparse, qu’un rouage dans une machination politique qui a changé le cours de l’histoire.
Mais alors qui sont les vrais commanditaires de madame Houlette ? Une idée ? On peut commencer par poser la bonne question :
Malheureusement, on est presque certain que, dans la République bananière qu’est devenue la France, cette affaire n’aura aucune suite judiciaire …
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