Alors que le nouveau monde s’écroule …
… et qu’il s’avère pire encore que l’ancien …
Alors que les barbouzes règnent en maître à l’Elysée et font le coup de poing dans les manifs de rue …
Alors que la com de l’Elysée s’enfonce …
… et que la « Macronie » est tétanisée …
Alors que Gérard Collomb est sur un siège éjectable …
Nous aurions grand besoin de sourire … Et je viens de trouver, sur le site de l’Express, un article plein d’humour, sous la plume de Christophe Barbier, dont on ne connaissait pas ce talent :
La coupe d’immonde
Chaque jour, un nouvel épisode, mi-réel, mi-rêvé,
de la vie d’Emmanuel Macron à l’Elysée.
Avertissement : le roman du président est une fiction. Mais toute ressemblance avec des personnages et des situations réelles n’est pas totalement fortuite…
15 juillet, 13H15
« Ça commence bien … » En route pour l’aéroport, d’où il doit s’envoler pour Moscou, Emmanuel Macron prend connaissance de la note sur les incidents cocasses qui ont émaillé le défilé du 14 juillet. L’avion qui a émis un panache rouge au lieu de bleu quand la Patrouille de France a survolé les Champs-Elysées était piloté par un militant de La France Insoumise: il l’a fait exprès ! Quand aux deux motards entrés en collision place de la Concorde, devant la tribune présidentielle, l’un a été contrôlé avec 2,5 grammes d’alcool dans le sang, l’autre n’avait plus qu’un point sur son permis.
15 juillet, 20H15
« Mais où est Kanté ? », demande le président de la République. « Aux toilettes …, murmure Didier Deschamps. Il a une gastro depuis hier … » Quelques minutes plus tard, le milieu de terrain réapparaît, grimaçant. Emmanuel Macron l’embrasse sur le crâne. « Je ne sais pas si je le mérite, pour ce match, Monsieur le président. » « Aujourd’hui, tous les Français s’appellent N’golo », réplique Macron.
15 juillet, 21h35
– « C’est qui, cette blondasse ? », fulmine Brigitte Macron dans la voiture qui file vers l’aéroport de Moscou.
– « Mais, Bibi, c’est la présidente de la Croatie ! »
– « C’est pas une raison pour te laisser peloter comme ça par cette folle lubrique ! Elle s’est frottée contre toi, on aurait dit une nuit de noces ! »
– « C’est le foot, c’est l’Europe, c’est la fraternité … »
– « T’avais quand même pas besoin de lui prendre la main pour entrer dans le vestiaire ! »
– « Mais elle est venue féliciter les vainqueurs, c’est classe, non ? »
– « Elle est surtout venue reluquer des hommes à moitié nus. Et te tripoter encore un peu ! Même qu’elle était toute mouillée ! »
– « Mais c’était la pluie, ça ! »
« Ne réplique pas, Biquet ! On règlera ça à Paris. »
16 juillet, 13h46
Aleksandar Vucic, le président serbe, entre dans le bureau d’Emmanuel Macron les deux bras tendus vers l’avant:
– « Bravo ! Bravo ! Bravo la France ! Et surtout merci ! »
– « Merci ? Pour quoi donc ? »
– « Merci d’avoir piétiné cette équipe de monstres sanguinaires, merci d’avoir humilié cette nation de vampires et d’anthropophages, merci d’avoir écrasé l’ennemi fondamental de la grande Serbie ! Merci ! »
Tout en subissant l’accolade de son homologue, Emmanuel Macron songe à la paix dans les Balkans…
16 juillet, 19h02
« C’est quoi ce zbeul ? On n’a pas jobé comme des oufs pour planter le 20h. Faut vous bouger le cul de bus, là. Je dois vendre du Jupiter champion du monde. Rien à battre des péquenots qui grillent au soleil depuis des plombes. Vous me fendez le barbecue et vous vous radinez fissa au Château. » Sibeth N’diaye raccroche au nez d’Alexandre Benalla, qui se tourne vers les Bleus en train de changer de véhicule en haut des Champs-Elysées. « Samuel, NG, Kylian, on se dépêche, le président vous attend … »
16 juillet, 20h55
En échange d’un dab pour Instagram, Emmanuel Macron a demandé une faveur à Paul Pogba: rester seul avec la Coupe du Monde dans le bureau présidentiel. Il s’approche du trophée, le caresse, le soulève, globe posé dans le creux de sa main gauche, puis le brandit vers le plafond en mimant la clameur de la foule… Soudain, on toussote derrière lui: c’est Kylian Mbappé, qui était resté sur le balcon à saluer les enfants rassemblés dans le jardin de l’Elysée.
16 juillet, 21h43
– « Qu’elle est belle, cette coupe, glisse Macron à Noël Le Graët. Quand je pense aux grands joueurs qui l’ont soulevée … »
– « Pas celle-ci, corrige le président de la Fédération Française de Football. C’est une copie. La vraie arrive par convoi sécurisé mercredi soir et elle sera dans un coffre à la banque. »
18 juillet, 23h47
« J’ai du mal à imaginer ma vie quotidienne sans toi, mais tu comprends bien qu’on ne peut plus nous voir ensemble. Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. On se retrouvera. » Le président raccroche. À l’autre bout du fil, Alexandre Benalla réprime un sanglot. Il n’a même pas eu le temps de dire à Emmanuel Macron que, bien sûr, il ne raconterait jamais rien.
19 juillet, 8h52
Le décompte de la caméra est enclenché. Bruno Roger-Petit va s’exprimer pour la première fois comme porte-parole de la présidence, afin de clore l’affaire Benalla. Tel un pilote d’avion avec sa check-list, il détaille tout ce qu’il doit faire : froncer les sourcils, pousser sur les talons, pour se grandir tous les trois mots, ne pas sourire, marteler les fins de phrase pour qu’elles ne souffrent pas discussion. Et surtout, ne pas jeter ses feuilles en l’air à la fin du discours.
19 juillet, 9h27
Bruno Roger-Petit croise Ismaël Emelien au rez-de-chaussée de l’Elysée. « T’as vu ma vidéo ? C’est pas si compliqué, la com de crise. Dans une heure, on n’en parle plus de l’affaire Benalla. »Le conseiller spécial du président hausse les épaules et s’éloigne. « Dis pas merci, surtout ! », lance « BRP ».
19 juillet, 19h53
Emmanuel Macron sourit. « Très jolie, la Dordogne. Et puis paisible. La douceur de vivre, quoi … Et ici, quoi de neuf ? »Devant lui, ses principaux collaborateurs, tous affairés à chercher leur reflet à la pointe de leurs chaussures. « Ah! Bruno, j’ai vu ta vidéo. Pas mal, cette volonté de nous faire revivre les grandes heures de la télévision de RDA. »
20 juillet, 13h19
Ilham ALIYEV grignote par petits bouts son morceau de pain. « Pourquoi tu t’embêtes à envoyer tes collaborateurs cogner dans les manifs ? », dit-il d’une voix molle à Emmanuel Macron. Le président français, intrigué, regarde son homologue d’Azerbaïdjan. « Tu laisses les blindés faire le travail, les services secrets t’amènent les suspects et tu t’amuses pendant les interrogatoires. Il suffit d’une cave bien équipée … »
20 juillet, 22h34
Brigitte Macron passe avec minutie sur ses ongles de pied un coton imbibé de dissolvant. « Biquet, tu peux pas faire ça à Alexandre. Qui va sortir le chien à 6h quand on est à la Lanterne ? Qui va aller chercher des croissants quand on est au Touquet ? Qui va m’agrafer mes robes avant les dîners officiels ? »
Christophe Barbier pour l’Express.
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