J’ai tenté, à plusieurs reprises, de faire la part des choses entre le diable Vladimir Poutine et l’ange Zelinski.
Pas facile quand, entre les médias et les réseaux sociaux, les premiers voir le noir profond et les seconds le blanc immaculé ! Alors qu’en vérité, tout est gris !
Je viens de tomber sur un article d’Arnaud Guyot-Jeannin qui, dans Boulevard Voltaire, trace cette voie moyenne, la seule qui, selon moi, peut mener à la paix.
Je suis moins optimiste que lui quant à la capacité de l’Europe à vraiment exister en politique internationale. Pour le moment, l’émotion a ressoudé l’Europe mais dès que les canons se seront tus et que les intérêts économiques et géostratégiques reprendront le dessus, il n’est pas sûr que l’unité de l’Europe perdure longtemps.
Ni Poutine, ni OTAN … Europe indépendante !
Pour une troisième voie européenne, toujours et encore !
Vladimir Poutine a menti. Il a trahi Soljetnitsyne. La Russie a envahi l’Ukraine (lire notre article « Pour une troisième voie russo-ukrainienne », 12 février 2022). Après les bombardements de l’OTAN sur la Serbie en 1999, nous pensions, nous Européens, ne plus connaître ce genre de conflit sur notre continent, bien que nous sachions que le tragique balise l’histoire des hommes.
Nous ne pouvons que déplorer l’agression d’un peuple frère. Témoigner notre solidarité française et européenne au peuple ukrainien, qui vit un martyre, est le moins que l’on puisse faire. Pour autant, diaboliser Poutine ne sert à rien, sinon à ajouter de la guerre à la guerre. Tout doit être tenté pour éviter la montée aux extrêmes ! Ce serait faire, d’ailleurs, le jeu des atlanto-mondialistes qui souhaitent des frappes de l’OTAN sur l’Ukraine. En France, l’exemple est donné par un Bernard-Henri Lévy qui s’agite, s’exaspère, s’hystérise et se conduit, comme à son habitude, comme un supplétif de l’OTAN, c’est-à-dire des Américains – en bon néo-conservateur français qu’il est -, au point de traiter Poutine de « djihadiste ». La confusion lexicale est à son comble. Si nous l’imitions, nous pourrions lui retourner le compliment, puisqu’il est toujours prompt, depuis une terrasse de Saint-Germain-des-Prés, à jouer les va-t-en-guerre en s’engageant pour des causes qui ne l’engagent pas, sauf à arborer son gilet pare-balles devant les caméras de télévision.
Il faut se défier de tout manichéisme. Le Bien et le Mal sont des catégories morales qui ne répondent pas à nos intérêts. Or, notre seul souci, à nous Européens, est l’indépendance de l’Europe, et non sa vassalisation par la Russie poutinienne ou par l’Occident américano-centré. Mathieu Bock-Côté affirmait, il y a peu, mais avec un certain sens du tempo : « Entre les rodomontades guerrières des nostalgiques de la guerre froide qui rêvent de reprendre une grande croisade démocratique contre les Russes grimés an méchants de jadis, et la fascination d’un trop grand nombre pour le virilisme poutinien, l’Europe peine à trouver sa voix et, plus encore, sa politique » (Le Figaro, 29-30 janvier 2022). Il ajoutait à juste raison : « Comment jeter un regard critique sur la Russie sans reproduire servilement celui des États-Unis, qui ne peuvent s’empêcher de toujours étendre leur zone d’influence et qui, objectivement, rêvent d’enserrer et d’encercler la Russie, sans se rendre compte qu’on n’humilie pas un grand pays sans en payer le prix ? […] On pourrait se demander si les Américains ont un souci minimal de la psychologie des peuples ou s’ils continuent, étrangement, à croire que la planète entière rêve de les imiter pour reproduire leur modèle de société, comme le croyaient encore, au début des années 2000, ceux qu’on appelait alors les néoconservateurs. » Tout cela est dit et bien dit.
Il n’empêche que Vladimir Poutine a franchi la ligne rouge : celle d’entraver la liberté des peuples, et singulièrement celle des Ukrainiens. Est-il tombé dans un piège américain ? Prend-il sa revanche sur les bombardements ukrainiens de 2014 dans le Donbass ? Est-il un national-communiste appliquant un impérialisme mortifère hérité de l’ex-Union soviétique et de « la Grande Guerre patriotique » qui a vu, quand même, Staline être l’allié d’Hitler jusqu’en 1941 ? N’appelle-t-il pas à une « dénazification » – on croyait les nazis morts depuis 1945 – pour entériner sa propagande belliciste dans une Ukraine où des néo-nazis folkloriques ne représentant qu’eux-mêmes (procéder à une telle reductio ad hitlerum rappelle la vieille propagande stalinienne qui, il est vrai, sévit toujours de nos jours en Occident) ? À toute ces questions, il est difficile de pas ne pas répondre par l’affirmative, tant Poutine paraît rompu à une stratégie discursive du temps du communisme soviétique, à l’instar du président des États-Unis Joe Biden qui semble avoir perdu la mémoire en osant parler du « monde libre » pour désigner son pays et les forces de l’OTAN.
Face à la Russie poutinienne et à l’impérialisme otanien, une troisième voie européenne peut et doit se faire jour en engageant des négociations entre Ukrainiens, Russes et Européens. Kiev a vocation à être une zone neutre (trait d’union entre l’Ukraine et la Russie). Seule la voie diplomatique peut faire cesser la guerre et ouvrir sur un traité de paix entre les parties concernées. C’est aussi une condition pour l’Europe de retrouver sa liberté et sa puissance contre tous les impérialismes. Ni Poutine, ni OTAN, Ukraine autonome… Europe indépendante !
Arnaud Guyot-Jeannin pour Boulevard Voltaire.
Au moment de poster cet article, j’apprends que l’Union européenne lance l’examen des candidatures de l’Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie pour intégrer l’Europe !
Est-ce vraiment la meilleure manière d’amener Vladimir Poutine à la table des négociations ?
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7 Réponses à “Ni Poutine, ni OTAN !”
L’Europe, combien de divisions ? Peu de divisions militaires, beaucoup de divisions politiques. Penser que l’Europe pourrait parler d’une seule voix me paraît illusoire. Les intérêts sont trop divergents. Ceux de l’Allemagne ne sont pas les nôtres, ceux de l’Espagne ne sont pas ceux de la Pologne. Une Ukraine autonome, je veux bien, mais quid de minorités russophones à qui on interdit de parler leur langue maternelle ? Quand Bismarck, qui était quand même une autre stature que nos politiques, a voulu prussianiser les minorités polonaises du jeune empire allemand, il s’y est cassé les dents. Une solution à la suisse est inenvisageable tant les passions se sont exacerbées. Si nous avions une politique indépendante, nous pourrions peser, mais notre poids actuel est celui d’une plume qui vole au vent.
Entièrement d’accord avec l’article « Ni Poutine, ni OTAN ! ».
Je suis gênée de voir BHL se rendre ridicule avec ses envolées lyriques d’un autres temps. De plus, hors de France, ce grand philosophe n’est pas connu du tout. IL peut continuer ainsi pendant longtemps, ses propos n’ont aucune portée.
Ce « grand philosophe » que vous citez est toujours ridicule et ses prises de positions souvent indignes d’un penseur moderne. L’engouement qu’il suscite m’étonne toujours et son seul courage est de ne jamais craindre le ridicule.
Bien sur ni la Russie, ni l’OTAN*
Néanmoins, il serait souhaitable que ce genre d’infos soient lues par beaucoup, ne serait ce que pour réfléchir, vérifier, comparer avec les infos données par les médias français.
Impossible pour moi de vérifier, je ne parle pas le russe.
je vais tacher de joindre deux amies le parlant couramment (dont une ayant longuement vécu en Russie.)
J’espère donc que les traductions sont bonnes.
https://reseauinternational.net/larmee-ukrainienne-utilise-les-civils-comme-boucliers-humains-pour-se-proteger-de-larmee-russe/
Je pense que cela approche beaucoup de la vérité lorsque l’on constate que ce petit pays (l’Ukraine) tire sur ses voisins depuis 8 ans environ, info confirmée par des médias étrangers (non russes, je tiens à le préciser, mais notamment allemands)
L’Ukraine et ses néonazis : On peut trouver des informations sur l’existence des ces groupes néonazis dans le bataillon Azov et également sur le bataillon Aïdar et leurs exactions dans l’est de l’Ukraine : voir par exemple : https://ripostelaique.com/macron-et-si-nous-parlions-de-la-brigade-azov.html
L’Ukraine n’est pas aussi blanc que nous le raconte les medias, elle a sa part dans les consequences de cette guerre comme l’europe qui a joué dans le flou.
Après avoir vu le documentaire d’Anne-Laure Bonnel sur le Donbass, la réconciliation de cette région avec le reste de l’Ukraine me semble quasiment impossible.
https://www.youtube.com/watch?v=6Oh-IE2zmJc