Non, la drague n’est pas un délit !

Publié par le 13 Jan, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Non, la drague n’est pas un délit !

Pas facile pour un homme, depuis l’affaire Weinstein, d’entrer dans le débat sur le harcèlement des femmes.

Il était relativement mal vu de risquer la moindre remarque sur l’exagération de ces dénonciations médiatiques.

Il aura fallu le courage d’une centaine de femmes, emmenée par Catherine Deneuve pour que le débat s’équilibre un peu. Mais on assista alors à un déchainement de certaines féministes radicalisées contre ces femmes accusées de traitrise à leur genre !

Cette semaine, Guillaume Roquette, dans le Figaro Magazine, a salué le courage de ces femmes à contre-courant total de la vague médiatique. Voici sa chronique :

Merci Mesdames. Après trois mois de dénonciation incessante des violences sexistes, tout individu mâle de plus de 12 ans finissait par passer pour un agresseur en puissance. Mais voilà que des femmes ont pris la plume cette semaine pour suggérer qu’on était peut-être allé un peu trop loin. Avec un courage bienvenu, Catherine Deneuve, l’excellente Elisabeth Lévy (directrice du magazine Causeur) et plus de cent autres rappellent dans une tribune collective que la drague n’est pas un délit ni la galanterie une agression.

Guillaume Roquette

Il était temps. La détestable affaire Weinstein, du nom de ce producteur hollywoodien qui considérait ses actrices comme de la viande fraîche, a d’abord provoqué des dénonciations salutaires, mais elle a vite servi de prétexte aux militantes féministes pour justifier un déferlement de haine inédit envers le sexe opposé. Tout y est passé : le prétendu modèle patriarcal, les inégalités salariales, le libertinage ou la division des tâches ménagères devenaient aussi répréhensibles que des agressions sexuelles.

Toute femme un peu sexy était forcément victime de « l’injonction à séduire » imposée par les hommes. Dans un emballement victimaire, toute critique envers une femme était désormais associée à du sexisme, certaines responsables politiques comme Anne Hidalgo usant désormais systématiquement de cet argument.

Curieusement, notre société qui se flatte tant d’être libérée a versé du jour au lendemain dans un puritanisme inédit. On a vu un ministre anglais démissionner pour avoir posé une main – en 2002 … – sur le genou d’une journaliste (un tel acte méritait sans doute une claque si l’intéressée en jugeait ainsi mais sûrement pas de mettre fin à une carrière). Ou encore la fondatrice des Miss France exiger que l’on arrête toutes affaires cessantes les défilés de candidates en bikini ! Et comme une fois qu’on a passé les bornes, il n’y a plus de limites, chaque jour apporte son nouveau délire. Dernier en date, la réécriture de la fin de Carmen à l’Opéra de Florence pour que ce soit don José qui tue la jeune gitane et non l’inverse, « car il est inconcevable qu’on applaudisse le meurtre d’une femme ». A ce rythme-là, on dénoncera bientôt à la police les amateurs d’échecs ou de belote : comment peut-on supporter qu’un roi vaille davantage qu’une reine ?

Catherine Deneuve et ses courageuses camarades parviendront peut-être à mettre un coup d’arrêt à cette hystérisation générale. Il faut le souhaiter car l’affaire n’est pas anodine : à vouloir opposer hommes et femmes comme des ennemis irréductibles, à réécrire les oeuvres d’art pour satisfaire aux nouveaux maîtres censeurs, on fabrique mine de rien une tyrannie douce qui pourrait nous rendre tous malheureux. On aimerait que d’autres intellectuels, responsables politiques, et pourquoi pas ministres (on peut toujours rêver) en appellent à leur tour à un peu de sens commun.

Ce qui se passe sous nos yeux n’est pas seulement ridicule, c’est aussi inquiétant.

Guillaume Roquette pour le Figaro Magazine.

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