J’avais pointé le côté bien-pensant appuyé de la plupart des palmarès des César, ces dernières années, dans un récent article en proposant un scénario ad hoc pour remporter le César 2019 (Un scénario gagnant pour le prochain César).
Jean-Paul Brighelli est un enseignant et essayiste bien connu. Il est l’auteur de nombreux ouvrages qui font autorité dans le domaine de l’Education nationale (C’est le français qu’on assassine, La fabrique du crétin, Tableau noir, Voltaire ou Le jihad, etc …)
Il tient également un blog abrité par Causeur.fr dont un article démontre que les César ne sont qu’une pale copie des fameux Oscar de Hollywood tant il est vrai que les pires choses inventées aux USA nous dégringolent dessus quelques années plus tard ! Voici cet excellent article :
Vous rappelez-vous Ed Wood (1924-1978), l’inénarrable réalisateur de Plan 9 from Outer Space (1959), un nanar drolatique qui traîne la réputation d’être le pire film jamais produit — mais aujourd’hui culte, justement à ce titre ? Vampira (Maila Nurmi, 1922-2008) y jouait — et Bela Lugosi pendant une courte scène. Mythique. Si mythique qu’en 1994, Tim Burton, fasciné par la poésie qui se dégage de ces navets si sincères dans leurs trucages apparents et leurs scenarii impossibles, réalisa en noir et blanc un très beau film à la gloire de Wood, où Johnny Depp interprète avec conviction le rôle du « plus mauvais metteur en scène de l’histoire du cinéma » (dixerunt les critiques Michael et Harry Medved dans leur livre The Golden Turkey awards, 1980).
Eh bien, la Forme de l’eau, qui vient de recevoir les Oscars du Meilleur film et du Meilleur réalisateur (sans rire — et en face il y avait ce pur chef d’œuvre qu’est Three Billboards) après avoir été Lion d’or à Venise, est un navet bien pire que les pires productions d’Ed Wood. Parce qu’au lieu de se contenter de raconter une histoire, aussi farfelue fût-elle, il prétend faire penser.
Ah mon dieu, préservez-moi des films à message.
Ce film est un exemple-type de l’inclusion rider, cet addendum que les plus crétins des acteurs et actrices (y compris Frances McDormand, qui a profité de son Oscar de meilleure actrice, dimanche dernier, pour s’en faire le promoteur) voudraient faire ajouter à tous les contrats désormais : une expression inventée en 2016 par deux femmes, une spécialiste de communication, Stacy Smith, et une avocate des droits civiques, Kalpana Kotagal. Il s’agit d’une clause visant à établir une juste représentation des femmes et des minorités dans les films.
The Shape of Water est splendidement dans les clous du politiquement correct:
- L’héroïne est muette (clause « handicapés »),
- sa copine est noire (clause « minorités visibles »)
- et obèse (clause « je suis bien dans mon corps de Big Beautiful Woman »),
- son copain est probablement homosexuel (clause « transgenre »),
- l’objet de leur affection est un migrant (clause « vivre ensemble »),
- et les méchants sont non seulement tous des hommes (clause « finissons-en avec l’oppression masculine »)
- mais de surcroît des WASP exemplaires (clause « vive la diversité »)
- et militaires par dessus le marché (clauses « objection de conscience » et « fraternité mondialisée »).
Le migrant, parlons-en. Il sort tout droit — une influence avouée par Guillermo del Toro — de la Créature du lagon noir, de Jack Arnold (1954), autre nanar impérissable.
Soixante ans après, et malgré les progrès techniques, le costume de la Bête est tout aussi caoutchouteux. Jugez vous-mêmes !
Mais la créature agressive de la guerre froide, contexte commun aux deux films (l’action de Shape of Water se situe elle aussi durant les années 1950, et les Russes tentent de percer le secret des Américains) est remplacée ici par un gentil amphibien qui se nourrit d’œufs durs et quoique dépourvu de pénis (il a l’entre-jambes de Ken — bien fait pour lui !) copule avec l’héroïne sourde, l’amour étant le langage universel, bla-bla-bla. D’où quelques scènes déshabillées, de face et de dos, dont personne ne comprend l’utilité. Et une séquence de comédie musicale d’un kitsch absolu — et même pas drôle malgré cela.
Il est si sympa, le gentil monstre, et il dispose de pouvoirs si supérieurs à tous ceux des super-héros, qu’il fait repousser les cheveux sur le crâne chauve de l’artiste (forcément incompris) qui seconde l’héroïne — et vit avec elle dans une chasteté qui en dit long sur ses choix personnels.
Comme il s’agit d’un conte de fées, tout se termine bien : la créature est invulnérable aux balles, et peut à son gré guérir sa bien-aimée. Départ aquatique pour l’Amérique du Sud. On imagine les enfants qu’ils auront ensemble, jolis métis d’amphibien et de nunuche. Vive l’exogamie !
Cela faisait longtemps que je n’avais pas vu un film aussi nul. Je n’en aurais pas parlé, si tous les médias ne s’accordaient pour prétendre que c’est un chef d’œuvre de poésie, et un must cinématographique. Eh bien, évitez le chef d’œuvre, contournez le must, et consolez-vous en allant voir le dernier Woody Allen, Wonder Wheel, qui est un vrai grand film, comme l’a remarqué Samuel Piquet sur Causeur.
PS : Je venais de boucler cette chronique quand je me suis aperçu que Gil Mihaely, pour Causeur encore, avait lui aussi exécuté ce navet pitoyable. Les grands esprits, etc.
Jean-Paul Brighelli pour Causeur.fr
Alors là on ne peut que se gausser :
César petit bras !
On voit ce que produit la puissance d’Hollywood quand elle se met au service du politiquement correct ! On est aux taquets partout !
Ayons tous une pensée émue pour tous ces bobos vivant outre-atlantique, toutes ces élites autoproclamées, tous ces médias, qui enragent de voir Donald Trump à la tête de leur pays, un homme qui représente leur exact contraire idéologique ! Mais Donald Trump n’est-il pas tout simplement, le « monstre » créé par des décennies de bons sentiments et de mépris du peuple par ces mêmes élites ?
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