Ceux qui lisent ce blog depuis suffisamment longtemps savent que je porte un véritable culte à Pierre Desproges.
Dans plusieurs articles, je me suis demandé comment des humoristes comme Coluche, Thierry Le Luron et donc aussi Pierre Desproges auraient pu survivre à notre époque où la dictature des minorités sévit et où la liberté d’expression est attaquée constamment.
De nombreux sketchs ne passeraient plus aujourd’hui à la télévision comme celui qui commençait ainsi :
« On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle … Vous pouvez rester … »
Pour perpétuer le souvenir de ce maitre humoriste je vous propose un texte qui ferait sans doute s’étrangler Sandrine Rousseau, et la vidéo d’un sketch qui serait probablement dénoncé par les déjantés de la Nupes.
Comment aborder une jolie femme ?
Pourquoi aborder une femme laide ?
Il y a un seul cas où il est convenable d’aborder une femme laide. C’est pour lui demander si elle ne connaît pas l’adresse d’une jolie femme. C’est tout ce qu’il y a à dire sur ce sujet.
Pour aborder une jolie femme, il faut à tout prix éviter les lieux communs de la drague, qui vont de: « Vous habitez chez vos parents ? » à: « Vous venez souvent ici ? » en passant par: « T’en as déjà vu des comme ça ? » La jolie femme, très courtisée, est bien évidemment sur-saturée de ces invites qui frisent la vulgarité. Naguère, quand j’étais
encore plus jeune et encore plus beau qu’aujourd’hui, j’abusais de ces formules toutes faites : je n’y ai gagné que déboires et coups de pied dans des endroits que la morale réprouve. Je pense notamment au jour où j’ai dragué une louloute à l’hôpital Cochin. Elle était dans un poumon d’acier. « Vous venez souvent ici ? » risquai-je.
Tout cela est d’une platitude navrante. Visez plus haut, plus noble, plus chic. Wolfgang Amadeus Mozart, qui fut un grand séducteur, au point que même à Francfort on l’appelait « la Saucisse de Salzbourg», était en outre un être exquis et raffiné, lui aussi. (Je dis lui aussi, parce que moi-même, si je ne me retenais pas …) Pour aborder une femme, comme pour aborder la musique, il recherchait la pureté, l’élégance et nul aussi bien que lui ne savait atteindre la grandeur à travers la simplicité et la grâce. La première fois qu’il aborda Élizabeth Maria-Josepha von Grossen-Furstenberg, qui allait devenir sa femme sous le nom de Nénette Mozart, il lui dit simplement :
Madame, la flûte enchantée c’est moi !
Eh hop, les voilà partis vers leur destin, les yeux dans les yeux et la zigounette dans le pilou-pilou. Pour l’anecdote (car cela n’a rien à voir avec le sujet grandiose qui nous préoccupe aujourd’hui), savez-vous pourquoi ses parents avaient eu l’idée incongrue de le prénommer Wolfgang Amadeus ? Quand il était petit, Mozart avait un prénom normal, comme tout le monde. Il s’appelait Jean-Edern Mozart. C’était un enfant extrêmement turbulent, sale et désordonné. Il aimait particulièrement patauger dans la gadoue en sifflant La Marche turque. Après quoi il rentrait se vautrer sur les luxueux fauteuils des galeries von Barbès de Salzbourg de la maison familiale. Chaque fois, sa mère, excédée, lui criait: « Fous le camp ou mets des housses, Mozart. » Cette sainte femme avait un fort accent autrichien, comme cela arrive encore assez souvent, surtout en Autriche, « Fous le camp mets des housses » devint « Wolfgang Amadeus ». Je souligne la parfaite authenticité de cette magnifique leçon d’étymologie : je la tiens de JeanYanne !
Jean-Sébastien Bach fut également un grand séducteur au point que, jusqu’à Salzbourg, on l’appelait « la Saucisse de Francfort ». Bien qu’il fût aussi peu doué pour les choses de l’amour qu’une nageuse est-allemande pour Le Lac des cygnes, Jean-Sébastien Bach savait trouver le mot juste pour aborder les dames. Un jour, alors qu’il écrivait une toccata sur ses genoux dans le parc floral de Achtung-die-Gonessen (en français : Garges-les-Gonesses), une magnifique blonde parfumée s’assit sur le banc, à côté de lui, et se mit à chantonner d’une voix douce le « Kleine Becasse ist meine cousine » de
Chantal Goya. Cette voix qui montait vers le ciel comme un léger cristal bouleversa Jean-Sébastien Bach. Il se tourna vers elle et dit : « Je ne sais pas pourquoi cette mélodie me fait penser à Chopin. » La jeune fille tomba aussitôt dans ses bras, puis rentra chez elle en criant :
Maman, ça y est, j’ai eu mon Bach du premier coup.
De nos jours, une façon très originale d’aborder une femme dans un lieu public consiste à s’esbaudir frénétiquement à la vue de son de bébé ou de son chihuahua: « Oh! Le beau toutou ! Oh! On est un beau toutou ! Oh Limignoumignou ! Vous aboyez chez vos parents ? » Bientôt, la dame, bouleversée par tant d’humour raffiné, est prête à fondre.
ne vous reste plus qu’à lui dire :
Madame, venez donc chez moi, je vous montrerai mon teckel. Il n’a pas de pattes, mais si tu voyais ses roues arrière !
Plus subtile encore, la technique d’abordage dite de Jean Gabin, pour la simple raison qu’il en fut l’inventeur. Jean Gabin, qui fut un chaud lapin, avant de devenir un lapin froid (hélas, quel malheur !), poussait la difficulté dans la drague jusqu’à n’aborder que des filles accompagnées de leurs parents. Il entrait dans un salon de thé de sa démarche de moissonneuse-batteuse, se plantait les mains dans les poches devant une table où papa-maman-fifille sirotaient le thé au citron. Il allumait une Gauloise en dodelinant du chef. Regardait la mère. Puis le père. Puis disait à la fille :
T’as de beaux vieux, tu sais.
J’espère que vous saurez tous tirer profit de ce petit cours d’une grande rigueur scientifique. Sinon, hélas, il ne vous restera plus qu’à aller draguer sur les bancs de l’Association des femmes battues. (Evidemment, elles ne sont pas très belles. Sinon, elles ne seraient pas battues. Un gentleman ne frappe pas une fleur, merde quoi !) Alors
là, pour draguer, une seule méthode, dite « méthode Louis XIV » car le Roi-Soleil l’utilisait fréquemment quand il chassait le boudin dans la galerie des Glaces. Il regardait les courtisanes au fond des yeux au (les femmes et la France se draguent pareil), puis il triait les belles des moches, et disait aux courtisans:
Mes amis, servez-vous: les mignonnes c’est pour vous; les tas, c’est moi !
Pierre Desproges.
Et voici la vidéo d’un sketch dont voici la première phrase d’anthologie :
Mes idées sont trop originales pour susciter l’adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes, inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide !
@sbouze #pierredesproges #paradoxes #sakharov #humouroupashumour #bombeh #prixnobeldelapaix #certains ♬ son original – Bulle
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Une réponse à “Pierre Desproges serait mis à l’index
par notre ministre de la propagande !”
« Mes amis, servez-vous: les mignonnes c’est pour vous; les tas, c’est moi »
Avec des calembours de ce genre, Pierre Desproges avait incontestablement un humour de chansonnier..