– Quand François Fillon se fait offrir des costumes de luxe, on lui ferme l’Elysée.
– Quand François Bayrou bénéficie d’emplois fictifs, il est chassé de la Place Vendôme.
– Et quand François de Rugy se vautre dans les ors de la République, on le limoge.
Je vous jure que je n’ai rien contre les François !
Mais quand des fonds destinés à la lutte contre la radicalisation sont détournés pour financer des vidéos à destination des enfants avec l’objectif d’améliorer l’image de l’islam, que doit-on faire ?
Ne devrait-on pas forcer à la démission les responsables politiques de ce détournement de fonds publics ? Un détournement aggravé par le viol de la neutralité de l’Etat garantie par la loi de 1905 sur la laïcité !
C’est l’objet de la chronique suivante de Barbara Lefebvre parue dans Valeurs actuelles dans laquelle elle s’en prend, d’une part à ce détournement mais aussi aux libertés prises dans ces vidéos avec la réalité de l’islam. :
L’islam (encore !) expliqué à ma fille
Où l’on apprend que France Télévisions utilise nos deniers pour réaliser des vidéos pédagogiques visant à donner aux petits Français une bonne image de l’islam.
Vivrons-nous bientôt à Océania, ce territoire imaginé par Orwell où règne la pensée unique ? L’écosystème idéologique actuel semble propice aux principes de gouvernance du parti unique de 1984 : la double pensée (valider intellectuellement deux pensées contradictoires) et la négation du réel. On peut s’interroger en apprenant que France Télévisions et le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR, présidé par le Premier ministre) comptent user des deniers publics pour coproduire une série enfantine de dix films d’animation sur l’islam à visée « pédagogique » en novlangue progressiste, rééducative en langage courant. Il s’agira de « chasser les idées reçues sur l’islam », titre avec conviction le Monde. Nos enfants seraient soumis à un discours orienté et négatif sur l’islam qu’il convient de contrer urgemment.
En effet, après les nombreux attentats commis au cri d’« Allahu akbar», des Français juifs assassinés sur l’autel du combat contre le Sheitan (Satan) et les appels au djihad depuis la Syrie de nos ressortissants soldats du califat après des carrières de « salafistes quiétistes » dans les cités, il était indispensable que nos enfants apprennent le credo:
« Cela n’a rien à voir avec l’islam !»
Las, l’été annonce le retour des militantes « racisées islamoféministes » vêtues de leur burqa aquatique, deux parlementaires découvrent l’entrisme ravageur de l’islam politique dans nos services publics, un sondage Ifop sur la tolérance envers l’homosexualité montre que 63 % des personnes dites « musulmanes » la perçoivent comme « une maladie » ou« une perversion sexuelle » (contre 20 % chez les catholiques pratiquants et 10 % chez les sans religion). Il va en falloir des « vidéos pédagogiques » pour surmonter la tension interne dans l’esprit de nos enfants face à tant de contradictions. Mais la dissonance cognitive d’État du « et en même temps » progressiste se projette sur le long terme : on ne reformate pas les mentalités en un claquement de doigts. Orwell l’a brillamment exprimé. Hélas, le conte orwellien devient notre réalité:
« Ce que le Parti tient pour vrai est la vérité. »
Et voici donc le conte écrit par Ismaël Saidi, donnant son nom à la série les Voyages d’Ismaël produite par Les Batelières Productions en partenariat avec France Télévisions et le CIPDR. Reconnaissons-lui de l’audace : le pilote de la série questionne en cinq minutes ce que le Coran dit des juifs. Les deux personnages sont Ismaël et sa fille Lina, qui lui demande franchement: « Papa, c’est vrai que le Coran dit que les juifs sont des singes et des porcs ? » L’objectif étant de démentir la vulgate antijuive islamique. Pour répondre à ses interrogations, elle retourne dans le passé -l’Arabie au temps de Mohamed – sur les ailes d’« un pigeon islamologue » (sic) qui l’aide à relire le Coran « dans son contexte ».
Or, en islam, on apprend au croyant que le Coran ne relève d’aucun contexte historique: il est de toute éternité, car il est la parole inaltérée d’Allah descendue pour éclairer et effacer théologiquement les révélations précédentes, la Torah et les Évangiles étant pour le dogme islamique des falsifications de la parole divine. Cet outrage envers Allah servit à justifier, après les conquêtes, la domination des juifs et des chrétiens dans le monde musulman, à défaut de réussir à les convertir. Si M. Saidi voulait plonger aux racines de l’islamisme – ce qui est apparemment son projet – , il aurait dû mieux instruire son pigeon voyageur et s’intéresser aux hadiths et aux traités de jurisprudence religieuse médiévaux. Ceux d’oulémas encore très respectés comme Ibn Hanbal, Muslim, al-Boukhari, al-Tirmidhi, Ibn Taymiyya. Certes, cela aurait rendu l’opération de rééducation intellectuelle plus difficile.
Le Coran n’est pas un guide de conduite du quotidien ni un livre de philosophie, c’est une belle poésie épique sans chronologie. En revanche, la sunna, les hadiths, la jurisprudence des oulémas – ces docteurs de la loi musulmane qui servent à éclairer le divin Coran – organisent la pensée et la vie des croyants.
C’est dans ce millefeuille de la tradition islamique que se sont constitués les fleuves de haine qu’il revient d’abord aux musulmans de déconstruire, pas à nous.
Pourtant, plus la menace islamiste et la pression de cette contre-civilisation sont fortes, plus les Occidentaux promeuvent l’islam de leur rêve. À défaut d’un « islam des Lumières »introuvable, ils fantasment un islam progressiste digne des Mille et Une Nuits. Ce serait cocasse si la situation n’était pas mortifère : nous essayons de persuader les musulmans eux-mêmes que l’islam de tolérance fut toujours une réalité tangible. La charia et le djihad sont des inventions d’islamistes, leur disons-nous. Non, ce sont des piliers théologiques, répondent les musulmans. Mais nul n’est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Une production des « Voyages de David »et des « Voyages d’Augustin »? Improbable, nos enfants ne méritent pas d’être instruits des bienfaits des civilisations juive et chrétienne, leurs racines.
Barbara Lefebvre, professeur d’histoire et essayiste, pour Valeurs actuelles.
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