Pour en finir avec la laïcité malheureuse

Publié par le 28 Déc, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Pour en finir avec la laïcité malheureuse

Président du Conseil régional des Pays de Loire depuis 2015, Bruno Retailleau est également président du groupe Les Républicains au Sénat.

Il est une des figures montantes au sein des Républicains. Il livre, dans le dernier numéro de Valeurs actuelles, une réflexion sur la laïcité :

Le 9 décembre dernier, le 112 ème anniversaire de la loi de 1905 a été fêté dans un silence assourdissant, alors qu’elle est fragilisée par les abandons et les compromissions.

Prière de rue à Clichy

Notre pays vient de célébrer le 112e anniversaire de la loi de 1905. Dans le plus grand silence, malgré l’actualité brûlante. Contrairement à ce qui avait été annoncé, le président de la République a repoussé le discours qu’il avait prévu. Et pour cause. Comme candidat, Emmanuel Macron s’était fait l’avocat d’une laïcité « ouverte », prenant ses distances avec ceux qui, tel Jean-Pierre Chevènement, appelaient les musulmans à une plus grande discrétion dans l’espace public. Comme président, il a dénoncé la « démission » de la République face à la radicalisation. Inclusive ou combative : à quelle  laïcité communie le macronisme ? Aux deux sans doute, au nom de cette politique de « l’en même temps » qui promet tout mais ne règle rien. Certes, la loi de séparation fut d’abord une loi de conciliation, entre mise à distance des religions et reconnaissance du religieux. L’entreprise était délicate. Mais les liens anciens de la France avec le christianisme, les liaisons secrètes entre la laïcité républicaine et le « rendez à César ce qui est à César », l’intelligence des fidèles comme celle des responsables publics, tout cela permit de trouver, vaille que vaille, un équilibre civique.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Un nouveau chapitre s’est ouvert avec un islam aujourd’hui tenaillé par l’islamisme. Car il est temps de nommer les choses : de la burqa au burkini en passant par les prières de rue, force est de constater que les atteintes à la laïcité sont essentiellement l’oeuvre du fondamentalisme musulman. En résulte chez nos concitoyens un sentiment d’insécurité culturelle d’autant plus fort que ces assauts s’accompagnent d’une offensive laïciste qui confond cultuel et culturel, comme l’illustre l’affaire des crèches de Noël. La confusion est à son comble, entretenue par les tenants de l’islamo-gauchisme qui, d’Edwy Plenel à une partie de La France Insoumise, ne cessent de jouer avec le feu communautariste au risque d’entretenir la flamme islamiste.

À force d’abandons et de compromissions, c’est donc une laïcité malheureuse qui célèbre aujourd’hui son 112 ème anniversaire. Nous ne la sortirons pas de son malheur en vidant l’espace public de toute référence à nos racines, mais en faisant entrer dans la République ceux qui, aujourd’hui, s’obstinent à rester sur son seuil.

Par la loi bien sûr, afin de prendre en compte des situations que n’avait pas prévues le législateur en 1905. Nicolas Sarkozy le fit à travers la loi sur la burqa. Nous devrions le faire à notre tour, en rendant obligatoire la constitution d’associations cultuelles pour la gestion des mosquées ou en créant un délit d’atteinte à la laïcité dans les services publics. Des propositions qu’Emmanuel Macron serait bien inspiré de mettre en oeuvre s’il ne veut pas que son silence renforce la désespérance de nos compatriotes devant des provocations trop souvent impunies.

Mais la loi seule ne suffira pas. Garantie par le droit, la laïcité se transmet par le coeur, car elle délimite les frontières d’un espace affectif : cet espace, c’est notre communauté nationale, l’espace commun de ceux qui croient au ciel et de ceux qui n’y croient pas. Voilà pourquoi notre laïcité française est fille de notre identité française. Faire accepter la première, c’est faire en sorte que chacun s’assimile à la seconde. Là est le véritable enjeu. Or, comment faire respecter la règle commune si l’évocation de notre héritage n’est que le prétexte à d’incessantes déplorations ? Comment envisager un avenir commun si nous n’avons plus en partage que l’individualisme et le consumérisme ? Il nous faut rebâtir un destin collectif et le socle d’une nouvelle unité nationale. Pour faire respecter la laïcité, faisons d’abord aimer la France; voilà ce que je souhaite qu’Emmanuel Macron dise aux Français, s’il parvient un jour à sortir de son ambiguïté.

Bruno Retailleau pour Valeurs actuelles.

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