Nicolas Sarkozy avait fait un premier pas vers le service minimum dans les transports qui s’avère largement insuffisant en cas de grève d’ampleur.
Alors que les syndicats donnent dans le jusqu’au-boutisme et sont en grande partie déconsidérés dans la population, ne serions-nous pas dans un créneau de tir idéal pour aller plus loin dans la règlementation du droit de grève dans les transports publics ?
C’est cette question légitime que s’est posée, cette semaine, Guillaume Roquette dans son édito du Figaro Magazine :
Les forcenés
Par leur recours abusif à la grève, les cheminots se sont discrédités aux yeux du pays.
Au moins ne cachent-ils rien de leur objectif : provoquer le maximum de nuisances. « Il faut taper là où ça fait mal, c’est-à-dire perturber les grands départs », expliquait sans honte la semaine dernière un responsable du syndicat SUD de la SNCF. Jusqu’au bout, les forcenés de la CGT et de SUD continueront donc à pourrir la vie de millions de Français avec leur grève. Malgré le vote au Parlement, à une majorité écrasante, de la loi réformant – enfin – l’entreprise publique. Malgré les 400 millions d’euros que ce conflit a déjà coûté aux contribuables. Malgré la réprobation écrasante de l’opinion, opposée à 75 % à la poursuite du mouvement.
Face à ce jusqu’au-boutisme, la question de l’interdiction du droit de grève est légitime.
La règle s’applique d’ailleurs en Allemagne pour les agents publics. Et chez nous, le recours à la grève est encadré, voire prohibé, dans la police, les tribunaux ou les hôpitaux afin de garantir le service public. Les cheminots, qui affirment en être les plus ardents défenseurs, démontrent, eux, combien ils le méprisent en perturbant systématiquement le trafic ferroviaire pour imposer leur moindre revendication. A défaut de leur interdire la grève (aucun gouvernement n’osera), on pourrait au moins la rendre un peu plus démocratique: il est anormal qu’une petite minorité du personnel de la SNCF dispose d’une aussi grande capacité de nuisance.
On devrait imposer aux cheminots un vote à la majorité (et à bulletins secrets pour éviter les manoeuvres d’intimidation dont sont victimes les non-grévistes depuis le début du conflit) avant qu’ils aient le droit de bloquer les trains. A tout le moins, il faudrait commencer par instaurer un vrai service minimum que Nicolas Sarkozy, en son temps, n’a pas réussi à mettre en place. Car autant la limitation du droit de grève (reconnu par la Constitution) peut faire débat, autant le droit des usagers à pouvoir se déplacer ne devrait souffrir aucune contestation. D’ailleurs, la continuité du service public est, elle aussi, un principe à valeur constitutionnelle. Qu’attend-on pour la mettre en oeuvre ?
La période serait d’autant plus propice que les cheminots se sont discrédités aux yeux du pays par un recours abusif à la grève. Depuis le début du mouvement, ils savent pertinemment que le gouvernement ne reviendra pas sur son projet et leur bras de fer n’obéit qu’à une logique d’ opposition politique au pouvoir. Les Français ne se sont d’ailleurs pas trompés, qui se sont montrés majoritairement hostiles au conflit dès son commencement. On est bien loin de la « grève par procuration» de 1995.
Une nouvelle fois, les syndicats ont démontré avec cette crise à la SNCF qu’ils privilégiaient la défense de leurs propres intérêts, se fichant comme d’une guigne du préjudice qu’ils pouvaient causer au pays. Pour faire cesser cette situation, il n’y a qu’une solution : mettre un terme à leur financement public. Si nos syndicats devaient vivre des cotisations de leurs adhérents, ils essaieraient d’être un peu plus représentatifs, et se préoccuperaient davantage des Français.
Guillaume Roquette pour le Figaro Magazine.
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