Dans mon tout récent article : « Profs ? Coupables ou victimes ? », j’avais mis à contribution mon épouse dont le passage dans l’éducation nationale fut l’occasion de mesurer, de l’intérieur et dans la réalité quotidienne, l’étendue du désastre de 30 ans d’abandon de notre école aux pédagogistes gauchisés.
Cet article a inspiré un intéressant commentaire de Suzanne qui nous a livré le témoignage de son mari.
L’état dramatique de notre école méritait bien un deuxième article sur le sujet :
Épouse d’un ex enseignant (Lycée technique), ayant pris sa retraite 2 ans avant l’échéance, que puis-je rajouter ?
Mon conjoint adorait son métier, était aimé de ses élèves (il y a d’ailleurs d’anciens élèves qui viennent lui dire bonjour lorsque nous en rencontrons dans les grands magasins de la ville où il enseignait).
Mais il n’en pouvait plus !
- Il n’en pouvait plus de ces réunions débiles où un type venait leur expliquer comment enseigner, avec des méthodes totalement à côté de la plaque, ceci dans un langage abscons.
- Il n’en pouvait plus d’avoir à se battre (au figuré, hein!!!) pour tenter de faire rentrer dans la tête de ses élèves un tout petit peu de connaissances.
- Il n’en pouvait plus d’avoir, les jours d’examen à téléphoner aux parents pour leur rappeler que c’était le jour dudit examen et que leur rejeton devait être présent (avec une fois une maman qui lui répondit que son fils dormait et qu’elle n’osait pas le réveiller, de peur de se faire taper dessus !)
- Il n’en pouvait plus des fôtes d’orthographe, des copies écrites style SMS, obligeant à lire les dites copies à voix haute.
Et là, je puis vous dire, qu’on est loin de pouvoir mettre en place l’écriture inclusive … Mon conjoint en est plié en deux de rire d’avance !
Déjà, qu’un jour à la question de « expliquez un cas d’électrocution par contact indirect en électricité », il a lu dans une copie « cékankon touche 1 fille avec la main et que la main et ejecté »
Je ne suis pas certaine d’avoir « bien » tout orthographié. Je me rappelle seulement que tous les profs avaient bien ri du terme « fille » pour « fil » (électrique, bien sûr!)
Ce n’est pas beau ? Je ne suis pas sûre que ce pauvre gamin ait voulu faire de l’humour. 🙂
- Il n’en pouvait plus des séances d’harmonisation des notes du bac, ressemblant à une foire aux enchères!
C’était : « Qui veut mettre un point – voire 2 ! – à l’élève X ? »
Et lorsque tous les enseignants, chacun dans leur matière, refusaient, c’était : « Bon M Y, vous mettrez 1 point de plus à sa copie de maths » (ou de français, ou de technique….)… Monsieur Z, vous aussi »
Il fallait – et il faut encore – arriver au pourcentage de réussite au bac imposé par le ministère. - Il n’en pouvait plus de craindre d’avoir « stigmatisé » ou « brutalisé » un élève sans s’en rendre compte, bien qu’il ait pris, comme tous ses collègues, une assurance spéciale (par l’intermédiaire d’un syndicat… Comme quoi, les syndicats servent parfois à quelque chose) lui permettant de pouvoir se défendre, éventuellement devant un tribunal !
Vous vous rendez compte où nous en sommes ?
Il faut également savoir que, dans une classe (lycée technique, je le rappelle) lorsque par hasard, il y a un bon élève, il se fait taper dessus, injurié, dévalorisé par tous les autres. Ce n’est pas la mode d’être bon élève, figurez vous!
Alors je vois mal comment il serait possible de faire un « enseignement progressif » et se baser sur des « pré-requis » que de toute façon ils n’ont pas et ne veulent pas acquérir !
Il y a beaucoup d’enseignants dans ma famille proche. C’est ainsi que l’une de mes sœurs s’est vue agressée par des gamins (en primaire, ici, et non en lycée) qu’elle essayait de séparer alors qu’ils se bagarraient pendant la récré (elle savait que s’ils avaient des blessures, elle serait réprimandée).
Elle a été appelée par la directrice qui lui a formellement interdit de prendre des ITT (ma sœur avait été blessée), mais plutôt un congés maladie… pour ne pas stigmatiser ces petits…
Une autre de mes sœurs a été interpellée à la sortie de l’école par un père. Celui-ci lui a dit « vous avez mis zéro à la dictée de mon fils. La prochaine fois, je vous casse la gueule ».
(c’était du temps où il y avait encore des notes. Je ne me souviens plus du nombre de fautes, mais cela touchait à l’extraordinaire)
Je pourrais écrire un livre !
Alors je ne sais pas si les enseignants sont coupables. Je sais seulement qu’ils sont des doubles, voire des triples victimes !
- Victimes des élèves et de leur famille (et ils ne peuvent rien faire, car au moindre geste ou parole, ils seraient menés devant les tribunaux !)
- Victimes des directeurs, proviseurs et autres supérieurs,
- Victimes des Inspections académiques, des ministres mêmes, qui disent une chose dans les médias et une autre chose au niveau du terrain.
J’ajouterai : pour beaucoup (cela n’a pas été le cas dans ma famille), victimes de la justice qui prend toujours parti pour le pauvre petit chéri au détriment de l’enseignant.
Vous comprenez mieux pourquoi, je suis tentée de prendre comme réalité la caricature écrite par « Jenifer cagole » sur le site de M Brighelli, plutôt que les parlottes et les beaux discours de M Blanquer dans les médias mainstream !
Suzanne pour « A droite, fièrement ! »
Merci à Suzanne pour ce témoignage qui sent le vécu !
Juste une petite remarque à Suzanne que je trouve toujours très sévère à l’encontre de Jean-Michel Blanquer.
Laissons-lui sa chance ! Ce qu’il dit est iconoclaste et même révolutionnaire – à gauche, ils diront réactionnaire ! – dans ce monde sclérosé de l’éducation nationale. Nous vérifierons que les actes suivent les paroles. Mais beaucoup des mesures idéologiques et mortifères prises par Najat Vallaud-Belkacem ont déjà été abrogées.
C’est un excellent début !
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