A l’image de Libération, qui, droit dans ses bottes, assume de représenter la bien-pensance, et donc affirme sa certitude d’être « du côté du Bien », Bernard-Henri Lévy court les plateaux télévisés et prêche l’accueil des migrants (en France, mais pas chez lui ! Ça n’est pas bien adapté !)
Sur Europe1, dimanche dernier, il a donné une leçon de morale à ce qu’il appelle (péjorativement ?) les « populations européennes. »
Il a affirmé, sans sourciller :
« On ne peut pas parler de crise des migrants. Le solde migratoire de l’Europe, comme disent les démographes ou les économistes, est nul. La balance est à zéro. Cette histoire de migrants ne tient pas ! »
Il faut être imbu de sa personne, comme ce philosophe de plateaux de télévision, pour affirmer devant les Français qu’il n’y a pas de crise migratoire ! L’Europe est sur le point d’exploser sur la question migratoire mais BHL, lui, ne voit pas de crise !
Avant de revenir sur ce soi-disant solde migratoire nul qu’invoque BHL, il faut citer d’autres propos encore plus graves, tenus dans la même émission. On y perçoit tout le mépris que le philosophe nourrit contre le peuple :
« Je crois que ce n’est pas un ras-le-bol mais un affaiblissement spirituel, une sorte d’affaissement intérieur des populations européennes. Quand on n’est pas capable de supporter autrement que comme une menace d’invasion un bateau fantôme qui croise au large des côtes européennes, c’est que ça ne va pas à l’intérieur. Je constate une espèce de fatigue, de lassitude démocratique dans nos pays. »
Les mots sont forts : « affaiblissement spirituel, affaissement intérieur. » Dieu merci, nos élites, BHL en tête, restent dignes et ne s’affaiblissent pas !
Quid du solde migratoire en Europe ?
C’est Michèle Tribalat, une démographe reconnue, qui a répondu à Bernard-Henri Lévy, dans un article de son blog, dans la rubrique « Fake News des élites ». Voici quelques éléments de cet article concernant le solde migratoire européen :
Pour Michèle Tribalat, le solde migratoire est un « piètre indicateur de l’immigration étrangère » :
Une autre façon de se faire une idée de l’évolution récente consiste à examiner le taux d’accroissement de la population née sur place et de celle née à l’étranger.
Mais bien évidemment, les bien-pensants trouveront cette façon d’analyser la démographie européenne discriminante et non politiquement correcte !
Le graphique ci-dessous donne le taux d’accroissement de la population totale, de celle née dans le pays, de celle née à l’étranger (y compris dans un autre pays de l’UE) et de celle née en dehors de l’UE.
Ainsi, en 2016, on relève que :
- La population globale a augmenté de 0,2 %
- Le nombre des européens nés en Europe a baissé de 0,3 %
- Le nombre des européens nés en dehors de l’Europe augmenté de 4,8 %
En 2016, la population immigrée a progressé
24 fois plus vite que la moyenne de la population !
La population née à l’étranger ne varie que sous l’effet de la mortalité, des entrées et des sorties (qui composent le solde migratoire). Manifestement, on est loin d’une situation qui pourrait correspondre à un solde migratoire nul.
C’est particulièrement vrai pour l’Allemagne où la population née à l’étranger a augmenté de 10% en seulement une année (2016) alors que la population des natifs diminuait d’un peu plus d’1% (graphique ci-dessous).
En Allemagne, en 2016, la population immigrée a progressé
23 fois plus vite que la moyenne de la population !
En conclusion
Comment doit-on juger les propos de Bernard-Henri Lévy ?
A l’évidence avec la plus grande sévérité, car de deux choses l’une :
- soit BHL est de bonne foi en utilisant l’argument du solde migratoire nul et dans ce cas il fait preuve d’une ignorance crasse en matière de démographie,
- soit il utilise sciemment un chiffre qu’il sait non significatif mais qui lui permet de diaboliser tous ceux qui s’alarment de la non-maîtrise de l’immigration en Europe.
M’interdisant de mettre en doute les capacités intellectuelles de notre philosophe « national », je ne peux que choisir la seconde option. BHL n’est qu’un représentant parmi d’autres de la bien-pensance qui considère qu’il est de son devoir de mentir au peuple parce que c’est pour le bien du peuple.
Seules les élites (de gauche), représentantes distinguées du camp du bien, détiennent la vérité. Elles sont donc adeptes du conseil de Bertold Brecht :
« Puisque le peuple vote contre le Gouvernement,
il faut dissoudre le peuple. »
Avec le glissement à droite généralisé des peuples européens qui portent de plus en plus les populistes au pouvoir on peut penser que …
… Le peuple a commencé à dissoudre les élites !
* Graphiques repris de l’article du blog de Michèle Tribalat
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