Après l’hystérie déclenchée, toutes gauches confondues, par les propos d’Emmanuel Macron tenus à la Conférence des Evêques de France, le calme semble revenu.
Certains observateurs tentent de définir ce qui se cache derrière ce discours très clivant du chef de l’Etat.
Hier, je suivais un débat sur LCI durant lequel Françoise Degois et Jean-Luc Mano n’arrivaient pas à comprendre le propos d’Emmanuel Macron quant au lien abimé entre la République et l’Eglise. A aucun moment ils n’ont pu imaginer que le passage en force de Taubira et de Hollande sur le mariage pour tous avait pu laisser des traces dans la communauté catholique. On a compris pourquoi en fin d’émission quand ils ont avoués, tous deux, leur aversion pour la Manif pour tous.
Je vous propose le point de vue de Nicolas Beytout paru hier dans l’Opinion qui me parait des plus pertinents :
Pourquoi Emmanuel Macron veut remettre l’église au centre du village
« La laïcité n’a certainement pas pour fonction de nier le spirituel ». En une heure d’un discours dense prononcé devant la Conférence des Evêques de France, et en quelques phrases politiquement incorrectes, Emmanuel Macron a remis le sujet de la laïcité au centre du débat politique. Et provoqué une déferlante de réactions courroucées de la part des défenseurs intransigeants de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat. C’était prévisible.
Alors pourquoi ? Quel besoin avait-il d’affirmer que « les politiques ont profondément méconnu les catholiques de France », et qu’il lui revenait dès lors de « réparer » ce « lien (…) abîmé »? Candidat à l’élection présidentielle, le chef de l’Etat avait certes déclaré qu‘il avait « une réflexion permanente sur (sa) propre foi ». Il avait révélé avoir choisi de se faire baptiser à 12 ans. La profondeur de son discours et les références multiples à la sémantique catholique ne laissent donc aucun doute sur son engagement : Emmanuel Macron est croyant. Mais, ajoutait-il alors, il n’en faisait pas « un élément de revendication ».
S’il déplace aujourd’hui cette limite, c’est vraisemblablement pour des raisons politiques. La première, la plus évidente, est son besoin de parler à une France inquiète devant la montée de l’islam, un pays bousculé dans ses traditions, une population qui ne reconnaît plus ses villages et ses clochers, se sent décrochée et échappe aux politiques ou se réfugie dans les extrêmes.
Mais s’il parle à « la part catholique de la France », c’est aussi parce qu’il a devant lui un chantier difficile : l’organisation de l’islam en France. S’occuper des musulmans sans envoyer de signe aux chrétiens, un déséquilibre que ses prédécesseurs ont installé.
C’est cet « en même temps » que le président de la République semble avec raison vouloir restaurer.
Nicolas Beytout pour l’Opinion.
A lire aussi, en contrepoint, cette analyse de Philippe Kerlouan parue sur Boulevard Voltaire : « Quand Emmanuel Macron flatte les évêques pour mieux les étouffer« .
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