Terminons cette journée par un peu d’humour. Qui n’en a pas besoin après les crises qui s’enchainent les unes aux autres sans qu’on voie le bout du tunnel …
Avec ce terrible sentiment, à chaque fois, que le pouvoir macronien fait le strict inverse de ce qu’il faudrait faire !
Je laisse la plume à Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, qui confesse ses péchés auprès de la prêtresse verte, Sandrine Rousseau :
Je reconnais que j’ai pêché …
Lettre à Sandrine Rousseau
Pardonnez-moi, ma sœur, parce que j’ai pêché.
C’est ainsi que les catholiques entament leur discussion avec le prêtre, lorsqu’ils s’agenouillent au confessionnal. Vous ne portez ni soutane, ni col romain, et pourtant, le besoin se fait ressentir, lorsque l’on s’adresse à vous, chère Sandrine Rousseau, de se prosterner devant vous, et à travers votre divine personne, de courber l’échine devant le nouveau clergé écolo-bobo-culpabilisateur qui entend réformer nos vies. Voilà donc ma confession.
Cet été, j’ai cuisiné au barbecue.
C’est arrivé trois fois. Une côte de bœuf, en juillet, quelques saucisses, deux semaines plus tard, et un travers de porc, à la fin du mois d’août. J’ai conscience que c’est peu et trop à la fois. Je croyais bêtement régaler tout le monde mais j’ai compris en vous écoutant qu’en soufflant sur ces braises, mon paradis s’envolait, que je perpétuais un système abject de soumission de la femme, que j’étalais à la face des victimes – mes sœurs, ma mère, mes amies – mon virilisme. Mea culpa.
Je confesse également avoir déjà voyagé en jet privé.
Une fois, une seule fois. C’était en août 2016, je devais effectuer un aller-retour express au Cap Nègre pour y interviewer Nicolas Sarkozy, qui y résidait en vacances. Le vol était horriblement cher, mais très rapide. Je sais que la Chine et l’Inde polluent infiniment plus que moi et que l’empreinte carbone de mon vol a probablement été avalée par la respiration d’un seul ficus Ikéa ; malgré tout, j’ai honte, j’ai fauté.
Et puis enfin, j’ai travaillé.
Je sais, vous avez prévenu, le travail est une valeur de droite et nous devrions revendiquer le droit à la paresse. Mais je l’ai fait, sciemment, sans honte. J’ai résisté longtemps, avant de craquer, parce que la paresse paie peu et qu’elle épanouit encore moins. La première fois, ce furent des vendanges. Fatigantes, certes, mais quand un étudiant ajoute 500 euros dans son budget de l’année, c’est la vie qui change. J’ai rechuté quelques temps plus tard mais très peu, en donnant quelques cours particuliers, et en me jurant à chaque fois de ne pas recommencer. J’ai fini par sombrer, à l’aube de mes 22 ans, sans doute tenté par l’envie de trouver un logement et de ne pas infliger à mes parents la charge d’une bouche – carnivore, donc – trop longtemps. N’est pas Tanguy qui veut.
Egrenant la liste de mes péchés, je réalise tout de même, grande prêtresse, que j’ai commis quelques bonnes actions. Enfant, j’accompagnais mon père pour de longues balades à vélo dans la forêt. J’ai grandi à la campagne, trait des vaches, nettoyé des fosses à purin, parfois monté à cheval. J’ai eu la chance d’être scout, une véritable école de vie, et y ai appris à faire du feu, à dormir sous la tente ou à la belle étoile ; je connais les arbres, les plantes, les champignons. J’aime la nature, les bêtes, et l’ordre quasi-éternel qui régit nos rapports.
Vous voyant face à moi, dans ce confessionnal, je me demande si un homme de ma génération, dont le pays est responsable de 1 % des émissions de CO2 sur la planète, a véritablement des leçons à recevoir de la part d’une responsable politique ayant grandi en ville, prof de fac n’ayant jamais plongé ses mains dans la terre, n’ayant jamais caressé un mouton, élue députée dans la neuvième circonscription de Paris, celle des tours immenses du chinatown de la capitale, professant sa haine des hommes, chérissant la guerre des sexes, et confiant sa foi en les « femmes qui jette des sorts », c’est-à-dire les sorcières.
Non, grande prêtresse, je n’irai donc pas au terme de cette confession et plutôt que de vous demander l’absolution, je préfère détourner la prière d’usage : je promets de recommencer et, surtout, de ne pas faire pénitence. Profitez bien de vos graines de lin et de votre tartare de soja, et n’oubliez pas qu’on ne parle pas la bouche pleine, ça nous fera des vacances. Je retourne à mon barbecue.
Geoffroy Lejeune
Directeur de la rédaction de Valeurs actuelles
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