Agnès Thill, député de l’Oise, croyait en Macron.
Jusqu’à ce que, à l’occasion du débat sur l’extension de la PMA, à laquelle elle était opposée, elle soit exclue de LREM.
Désormais « citoyenne libre », elle raconte « la face cachée du “nouveau monde” » dans un livre.
J’avais déjà dénoncé l’exclusion d’Agnès Thill :
Le « sectarisme en marche » ne veut voir qu’une tête !
Dans une interview, Agnès Thill dévoile à L’Incorrect le vrai visage de Macron.
Qu’est-ce qui vous a séduit chez Emmanuel Macron au point que vous ayez choisi de le rejoindre pour la campagne présidentielle de 2017 ?
Je ne voulais ni de Hollande, ni de Sarkozy, ni de Hamon. À ceux qui lui reprochaient d’être socialiste, Macron répondait qu’il s’était émancipé de Hollande. Ça me plaisait, mais c’était la première arnaque, parce qu’en réalité, ils sont bien les mêmes. Ensuite, il parlait rassemblement et dépassement des clivages. Le pays allait très mal, donc je trouvais très bien qu’on se retrousse tous les manches pour le relever. Il disait qu’il prendrait toutes les bonnes idées, d’où qu’elles viennent, ce que je trouvais intelligent. Mais ils se sont fait rattraper par le système : aujourd’hui, si une proposition vient d’ailleurs, ils ne la prennent pas. Ses belles paroles m’ont séduite, moi et beaucoup d’autres, mais ce n’était que du mensonge, que de la tchatche !
Avez-vous vu une évolution entre Macron candidat et Macron président ?
Finalement, il reste identique à lui-même : il aligne les belles paroles ! Il dit ce que l’auditoire veut entendre, quitte à dire une chose et son contraire dans la même phrase. Avec ce « en même temps », tout le monde y trouve ce qu’il aime. Résultat : on se trouve dans un parti où il y a Aurélien Taché et Agnès Thill. C’est incompatible. Finalement, le clivage gauche/droite ne peut pas être dépassé car ce ne sont pas du tout les mêmes idéologies. Si c’est pour le remplacer par un clivage progressistes/populistes, alors ce n’est pas un progrès : c’est retrouver une lutte des classes qu’on avait réussi à anéantir. Ils ont tellement échoué à réduire la fracture sociale qu’ils classent les gens dans des cases : religion, race, genre ou orientation sexuelle.
Quelles relations entretient-il avec les députés de sa majorité ?
Une relation à la fois affective et culpabilisante. De temps en temps, il les voit pour essayer de les rebooster et voilà, ils l’ont vu… En réalité, il ne marche qu’à l’affectif. Et puis il entretient une espèce de lien de culpabilité, en leur faisant comprendre qu’ils sont là grâce à lui. Aujourd’hui, j’en viens à dire qu’il est là grâce à nous. Il tient les gens par les mots, ce qui fonctionne encore parce qu’il y a beaucoup de néophytes en politique dans la majorité. En ce qui me concerne, la magie des mots est tombée.
À quel moment vous êtes-vous rendu compte de la duplicité du « en même temps » macronien ?
Au moment du débat sur l’extension de la PMA, à laquelle j’étais opposée, et où on m’a empêchée de parler. J’ai été exclue non pas parce que je votais contre – j’avais le droit – mais parce que je le disais dans les médias ! Ces gens-là vont dire « Je suis Charlie » alors qu’ils bâillonnent la liberté d’expression ! Quand on ne peut pas exprimer une opinion, la démocratie est en danger. On ne doit penser qu’une seule chose : comme eux.
Le président a-t-il joué un rôle dans votre exclusion ?
Je pense qu’il ne s’en est pas mêlé. Mais justement, il n’a rien fait pour que je reste non plus. J’ai été exclue et il n’est jamais venu à moi. Sur la loi bioéthique, dans ma grande naïveté, je croyais ce que beaucoup disaient : le groupe est sectaire, mais Macron est quelqu’un de bien. En réalité, il en partage l’idéologie, même s’il fait croire que non. Il avait d’ailleurs dit à la présidente des Associations familiales catholiques (AFC) : « Votre problème, c’est que vous croyez qu’un père, c’est forcément un mâle ». Mais il sait très bien parler et arrive à mélanger une chose et son contraire, de sorte que je croyais qu’il n’y était pas totalement favorable.
Que nous dit cette exclusion de son rapport à l’altérité idéologique et au débat démocratique ?
Il n’y a pas de débat. On lapide les gens sans autre forme de procès. Sur le plan personnel, ç’a été une mise à mort politique et professionnelle, et ils le savent très bien. Il dit qu’il faut nommer le réel, mais il est le premier à dé-nommer le réel. Qui dit « incivilités » pour nommer des meurtres ? Qui dit que le père peut être une grand-mère ? Il est le premier à tout modifier, à « changer de regard » comme il dit. À force de dénommer les choses, on construit effectivement un monde sans racines dont on peut tout faire. Et quand on ment aux gens, ils ne se mettent pas à croire en des mensonges : ils ne croient plus en rien du tout.
Propos recueillis par Rémi Carlu pour L’Incorrect.
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