Pendant des décennies, la gauche a tout fait, avec l’aide de la majorité des médias qui la soutiennent, pour imposer sa vision biaisée du clivage droite-gauche.
Pour elle, tout est si simple :
– La gauche c’est le progressisme, les avancées sociales,
– La droite, c’est le conservatisme, les régressions sociales.
Rien ne m’énerve plus que d’entendre qualifier la droite de conservatisme ! Défendre, coûte que coûte, des avantages acquis creusant les inégalités, c’est ça le vrai conservatisme. Alléger le droit du travail pour rendre plus fluide l’économie en vue de réduire le chômage, c’est ça le vrai progressisme !
Voici l’édito d’Yves de Kerdrel paru dans Valeurs actuelles qui nous engage, à droite, à assumer pleinement nos valeurs de droite :
Que la droite serait convaincante si elle nous disait comment effectuer un rassemblement des Français, sans lequel redresser le pays ne sera pas possible !
Il y a cinq ans et demi, lorsque l’honneur m’a été fait de prendre la direction générale de cette maison et de ce prestigieux journal, la droite était au trente-sixième dessous. Les électeurs qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy en mai 2012 étaient orphelins. Le parti de droite, qui s’appelait alors l’UMP, était en pleine implosion à la suite d’un match entre François Fillon et JeanFrançois Copé. Et tous les ténors du parti ne parlaient que du besoin de faire un devoir d’inventaire.
Près de soixante-dix mois plus tard, et alors que l’auteur de ces lignes s’apprète à rendre les rênes de cette belle maison construite il y a un demi-siècle par Raymond Bourgine, la droite n’est pas en meilleur état. Laurent Wauquiez est une sorte de président fantôme d’un parti désormais nommé Les Républicains. Il pratique une direction solitaire, renonçant à croire aux bienfaits de l’intelligence collective. Mais surtout, le principal parti d’opposition, s’il se manifeste au sein des deux Assemblées et dans les médias, ne semble pas se précipiter à concevoir un nouveau projet de société.
Plutôt que de rassembler tous ceux qui, en France, sont attachés à la défense de certaines valeurs immuables, des pierres angulaires de notre civilisation, et à tout ce qui fonde notre patrie façonnée par des rois, des héros, des savants, des industriels et des artistes, la droite – notre droite – prend un malin plaisir à exclure. À décourager les bonnes volontés plutôt qu’à les réunir. Et à prononcer des anathèmes à l’égard de ceux qui seraient tentés de regarder vers un avenir teinté de libéralisme, comme à l’endroit de ceux qui, à tort ou à raison, regardent avec les yeux de Chimène les projets et les initiatives de Marion Maréchal. Peut-être, un jour, les conservateurs qui rayonnent dans ce pays façonneront des idées, les conditions d’un sursaut, voire un programme de réarmement moral. Car, si Emmanuel Macron s’occupe avec soin de toutes les réformes économiques dont notre pays a tant besoin, il laisse hélas de côté tout le champ sociétal, tout ce qui relève de l’anthropologie et tout ce qui fait de vous, de moi, de vos amis, collègues et parents, des Français, héritiers de cette fameuse « âme française » dont parlait le général de Gaulle et que notre chroniqueur Denis Tillinac a si bien décrite.
Que la droite serait enfin forte si elle s’efforçait de porter haut des valeurs plus actuelles que jamais, au lieu de s’enfermer dans des mesures de sous-chef de cabinet !
Que la droite serait enfin convaincante si elle nous disait comment effectuer le rassemblement de tous les Français, sans lequel un redressement du pays ne sera pas possible ! Que la droite nous parle enfin de ce qui fait vibrer chacun de nous : la restauration des valeurs fondamentales que sont la famille, le travail, la propriété, la responsabilité individuelle, le respect du droit, de la patrie, et surtout celui de la vie, de toute une vie humaine.
En 1163, le roi Louis VII s’était rendu sur l’île de la Cité, où avaient lieu de grands travaux. En arrivant sur place, il aperçut trois tailleurs de pierre très concentrés. Demandant au premier ce qu’il faisait, il s’entendit répondre : « Je taille une pierre. » Le roi posa alors la même question au deuxième tailleur de pierre. Et ce dernier de répondre : « Moi, Monseigneur, je travaille pour nourrir toute ma famille. »À ce moment, le monarque observa le troisième tailleur de pierre, toujours concentré sur son travail. Prudemment, le roi s’avança vers lui et lui demanda ce qu’il faisait. Arrêtant de frapper sur son burin, le tailleur se redressa et regarda fièrement le roi : « Moi, Monseigneur, je bâtis une cathédrale ! » C’est tout ce que les Français attendent aujourd’hui : qu’on leur explique comment ils sont capables de rebâtir ensemble la cathédrale France. Car, comme l’écrivait Bernanos : « La France est le pays des cathédrales, des philosophes, des saints, des héros et des fous. »
Yves de Kerdrel pour valeurs actuelles.
Pour info : la carte des principales idéologies :
Suivre @ChrisBalboa78