La France est-elle devenue une république bananière ?
La gauche et les progressistes ne jurent que par l’Etat de droit et pourtant une décision importante a récemment été prise par le gouvernement, sans consultation de la représentation nationale, ni a fortiori, des Français.
Nicole Belloubet, prenant prétexte du coronavirus, a réalisé le rêve le plus fou de Christiane Taubira : vider les prisons, et ceci, en osmose parfaite avec sa devise :
« la prison n’est pas la solution, elle est le problème ! »
Dans un temps record, sans que l’opposition ait le temps de s’organiser, et dans l’indifférence générale des médias, Nicole Belloubet a libéré 13 500 détenus soit 20 % des détenus !
Est-il démocratique et conforme à la séparation des pouvoirs que l’exécutif puisse massivement aller à l’encontre des décisions d’une justice déjà laxiste et sans que le pouvoir législatif ait été consulté ?
Voici un communiqué de l’Institut pour la Justice qui dénonce cette décision :
Chère Madame, cher Monsieur,
Depuis quelques jours dans de nombreux journaux, la ministre de la Justice brandit comme une victoire la diminution du nombre de détenus dans les prisons.
13 500 détenus en moins depuis le 16 mars, ce qui fait passer le taux d’occupation des prisons de 119% à 98%.
En 2 mois, pour faire face soi-disant à la crise sanitaire du coronavirus, des milliers de libérations anticipées auront été permises.
Parmi ces 13 500 libérations, Stéphane Bredin, le directeur de l’administration pénitentiaire nous explique « qu’une petite trentaine » sont des détenus radicalisés.
Mais rassurez-vous, « ces détenus radicalisés bénéficient tous d’un suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation ».
Il faudrait donc se réjouir que notre ministre ait profité d’une crise sanitaire pour « vider les prisons ». Christiane Taubira en rêvait, Nicole Belloubet a trouvé l’occasion pour le faire.
Il faudrait même féliciter Nicole Belloubet, d’avoir écouté scrupuleusement le contrôleur des lieux de privation de liberté – une ancienne présidente du Syndicat de la Magistrature – alors qu’elle n’a même pas daigné accuser réception de la pétition de l’IPJ ! Malgré la période de confinement, nous lui avons envoyé toutes les signatures reçues (plus de 27 000 aujourd’hui) avec un argumentaire détaillé pour s’opposer aux libérations anticipées.
Aucune réponse. Pas même une réponse polie et laconique pour nous expédier.
Ce silence s’apparente à du mépris pour ceux qui demandent une autre politique pénale et qui font part de leurs inquiétudes.
Et la suite nous inquiète encore plus. La ministre ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle veut maintenir ce nombre de détenus en systématisant les libérations anticipées.
Voilà comment les choses sont présentées dans Les Échos : « Il s’agit de faire en sorte que “les fins de peine, mettons les 3 ou 4 derniers mois, puissent être traitées en dehors des établissements pénitentiaires, à domicile, comme cela a été le cas pendant la période de confinement”, a détaillé Nicole Belloubet. »
« La “prolongation” de ce dispositif, voire sa “pérennisation“, ne devrait pas être réalisée par voie législative. “C’est un peu compliqué de l’emprunter maintenant, pour des questions de procédure parlementaire”, a commenté la ministre. Plus simplement, sa démarche sera explicitée par voie de circulaire adressée dans les prochains jours à l’ensemble des procureurs. »
Voilà, il y avait déjà les réductions automatiques de peine, les réductions supplémentaires de peine, il y a maintenant les libérations anticipées. Et bien sûr, toutes ces réductions s’additionnent pour raboter au maximum la durée de la détention.
Au mépris des victimes et de la société.
Et le législateur n’aura pas son mot à dire.
Je ne vous cache pas qu’il y a quelques jours, en lisant cela, je me suis dit « à quoi bon ? ». Nous nous activons, nous travaillons sérieusement pour envisager des solutions concrètes aux problèmes de la délinquance et de la justice, nous mettons du monde à contribution, nous vous demandons de nous aider pour porter nos actions.
Et malgré cela, nous ne recevons même pas de réponse du ministère de la Justice qui préfère balayer d’un revers de la manche ceux qui émettent des avis divergents.
Alors, je tiens à m’engager auprès de vous aujourd’hui pour vous dire que jamais nous ne renoncerons à notre combat. Nous allons tout mettre en œuvre pour être entendus, dans les semaines et les mois à venir.
Nous refusons la politique pénale du gouvernement et comptons bien le mettre au pied du mur pour les prochaines élections présidentielles dans 2 ans. Il faudra rendre des comptes. Nous serons là pour les réclamer.
Nous allons répondre au mépris par l’action. L’IPJ va être le caillou dans la chaussure de Nicole Belloubet. Notre association va peser dans la campagne électorale qui va démarrer dans quelques mois.
Je compte sur vous pour rester à nos côtés.
Avec tout mon dévouement,
Laurence Havel
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