Dans cette période un peu anxiogène,
un peu d’humour ne nuirait pas !
A l’heure, où le coronavirus s’annonce à nos frontières, où le retraitovirus congestionne l’Assemblée nationale et où le macronavirus dévaste le pays depuis presque trois, ans, je vous propose ce matin un texte plein d’humour de Jean-Pierre Pélaez, auteur dramatique, publié hier sur Boulevard Voltaire.
Week-end tragique à la télé : le monde médiatique ébranlé !
Suite à la divulgation de son one-man-show à caractère pornographique, l’auteur-interprète Griveaux montait à la tribune et annonçait le retrait de sa candidature.
Entre tragédie classique, vaudeville et conte cruel à la Maupassant, les télévisions ne pensaient plus qu’à ça ! Et, certes, ce n’était pas la mort tragi-comique du Président Félix Faure, victime lui aussi de sa concupiscence effrénée, et dont Clemenceau, dans une splendide oraison funèbre, avait dit : « Il a voulu vivre César, il est mort Pompée ! » Mais quand même, cette mort politique d’un candidat à la mairie de Paris en avait toute la résonance.
Donc, tout commençait en tragédie. Sur BFM TV, c’était la consternation. On voyait les visages défaits de Ruth et d’Apolline, qui ne parvenaient pas à cacher leur détresse. On aurait dit des amoureuses éconduites ou des amantes déçues. Apolline triomphait dans le rôle d’Hermione :
« Où suis-je ? Qu’a-t-il fait ? Que va-t-il faire encore ?
Et d’où vient ce complot qui tous nous déshonore ?
Errante et sans dessein, sur BFM TV,
J’accuse et j’invective au lieu d’interviewer…
Le nigaud ! Mais s’est-il rendu compte un instant
Dans quel abîme sombre il plongerait son camp ? »
Car le lendemain – pardon d’être grivois, mais circonstances obligent -, c’est l’avocat du Russe honni qui, à son tour, recevait sa branlée de la même Apolline. Carrément accusé d’être l’instigateur de tout ça. Plus Bourdine que Bourdin, qu’elle remplaçait, Apolline déchaînait son courroux mythologique de déesse médiatique ulcérée et le plaideur avait du mal à en placer une : c’était un soliloque apollinien que le malheureux dionysiaque devait endurer, à tel point qu’il en était réduit à saisir le CSA !
Sur un autre plateau, c’était le très ancien et très anarchiste Cohn-Bendit, devenu défenseur du système et sa bien-pensance, aujourd’hui bien recasé, comme son copain Goupil, bien au chaud dans ses pantoufles de petit-bourgeois, qui se déchaînait contre le peuple populiste des réseaux sociaux : il ne supportait plus le pauvre, on le voyait au bord de la crise de nerfs… Ah ! qu’on puisse se gausser ainsi du grivois, il ne l’admettait pas, lui, le grand libérateur sexuel des écrans et des braguettes …
Tragédie sur les plateaux, comédie de boulevard sur les réseaux sociaux. Et l’on voyait bientôt s’opposer les deux France : celle de la caste médiatique qui s’indignait du franchissement de la ligne rouge et des atteintes à la vie privée des hommes publics, et celle du peuple, des réseaux sociaux et des gilets jaunes qui rigolait, se fendait la pêche et la poire et chantait des chansons de corps de garde, en écho à ce déballage dans la caste !
Il est vrai que « ce cochon de Griveaux », comme aurait dit Maupassant, avait fait fort.
D’un côté, sur les plateaux, visages graves et saintes colères, mais dés lors que l’on allait sur Internet ou dans les cafés du coin, ce n’était que grivoiseries, gauloiseries et gaudrioles à la santé du Griveaux !
Et cet épisode ridicule durait plusieurs jours. Un vrai calvaire en direct ! Heureusement, Ruth et Apolline retrouvaient enfin le sourire avec les larmes de Buzyn, soudain promue candidate respectable et débarrassée du coronavirus, de la réforme des retraites et des grèves des hôpitaux. L’espoir luisait à nouveau, à tel point que certains esprits complotistes en venaient à imaginer que tout cela serait un coup de la Macronie pour se défaire d’un Griveaux qui ne décollait pas.
Il y a des gens qui, en toutes circonstances, même les plus tragiques, ont vraiment l’esprit mal tourné !
Jean-Pierre Pélaez pour Boulevard Voltaire.
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