A l’approche de l’ouverture de la campagne pour les présidentielles 2022, je me propose de relayer ici les programmes et les priorités des candidats de droite.
Il faudra me faire violence pour présenter le programme de Xavier Bertrand, tant je ne crois pas en sa sincérité quand il tente de droitiser son programme.
Aujourd’hui, je reprends les priorités de Laurent Wauquiez telles qu’il vient de les exprimer dans cette interview parue dans Le Figaro Magazine.
Comme Nicolas Sarkozy, dans cette présidentielle, Laurent Wauquiez part avec des handicaps dont le moindre n’est pas la détestation qu’il suscite dans les médias. Tous ceux qui assume un positionnement clairement à droite deviennent systématiquement des cibles pour la presse. Agressivité qu’il subira d’ailleurs de la part des dirigeants de son propre parti !
Rappelez-vous comme au lendemain des régionales, la presse n’avait de compliments que pour la victoire de Xavier Bertrand et ignorait superbement celle pourtant plus nette de Laurent Wauquiez.
Voici les points forts de l’interview de Laurent Wauquiez :
Après deux années de silence, l’ancien président des Républicains reprend la parole à la veille de l’élection présidentielle, en exclusivité dans Le Figaro Magazine. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes assure vouloir jouer «collectif» et précise les trois priorités de la droite pour gagner en 2022: le travail, l’argent public et l’immigration.
Emmanuel Macron relie la période actuelle « à la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance » et se dit confiant. Partagez-vous cette comparaison et son optimisme ?
Cette allusion m’a beaucoup fait sourire. Elle m’a rappelé un souvenir de mes études, mon premier cours de littérature en première, c’était aussi la première fois que j’étais assis derrière celle qui est aujourd’hui ma femme. Nous avions face à nous un colosse, un professeur qui faisait partie de ces sentinelles qui n’avaient pas abdiqué le fait de transmettre en refusant la dictature du nivellement par le bas héritée de la période Mitterrand-Lang. Il avait commencé son cours par un livre: Pour en finir avec le Moyen Âge. Écrit par Régine Pernoud, il rappelait tout ce que la France devait à cette période. Une époque qui a été capable de produire tout à la fois Notre-Dame de Paris et l’Agneau mystique de Van Eyck qui inscrit les racines chrétiennes au cœur de la civilisation européenne n’est sûrement pas une époque qu’il faut renier. La Renaissance ne fait pas table rase du passé. C’est l’inverse. C’est une période pendant laquelle Ronsard, Du Bellay, Louise Labé vont puiser la source de leur créativité dans la redécouverte de la culture antique. « Mignonne, allons voir si la rose …», fameux sonnet, est en réalité inspiré d’un poète latin. La Renaissance nous dit donc que si on veut construire sa vitalité on ne peut le faire en détruisant son histoire ni ce que l’on est. Quand le président de la République parle de « déconstruire l’histoire de France », quand il dit qu’il « n’y a pas de culture française », il n’est pas dans la compréhension profonde de ce qu’a été la Renaissance.
Quel est le danger de cette métaphore ?
Le vrai danger, c’est de faire croire que cette Renaissance va succéder toute seule, naturellement, au Moyen Âge, sans le moindre effort. Je ne le crois pas et je considère même très dangereux de le faire croire. Ma conviction, c’est que la prochaine élection présidentielle sera un rendez-vous de civilisation. Ma conviction, c’est que la Renaissance ne viendra pas toute seule. Ma conviction, c’est qu’aujourd’hui on n’est pas du tout dans une époque de Renaissance, mais dans une potentielle époque de déconstruction de la France. La question qui se pose pour nous est donc : comment réparer la France ? Comment faire en sorte que la France reste la France, qu’elle retrouve son énergie et sa vitalité dans la réaffirmation de ce qu’est notre civilisation ? […]
À quand faites-vous remonter ce déclin de la France ?
Pour moi, il commence, et Georges Pompidou l’avait très bien compris, en 1968. Après Mai 68, on substitue, à la volonté de transmettre des repères et des valeurs, une démarche de déconstruction avec pour seul horizon le consumérisme. La seconde étape du déclin est le décrochage économique enclenché par François Mitterrand avec une succession de décisions absurdes comme la retraite à 60 ans, quand tous les autres pays faisaient l’inverse, la mise en place du système de l’assistanat avec le RMI, la spirale diabolique de la dette publique. La gauche l’a fait, la droite a été incapable de le corriger. Il y a vingt ans, la France avait moins de dette, moins de chômage, et un excédent commercial supérieur à l’Allemagne. Aujourd’hui, nous avons le plus faible niveau de travail par habitant dans l’Union européenne, le plus d’impôts de l’OCDE, nous avons détruit le plus d’emplois industriels, le déficit commercial le plus important en Europe et les résultats parmi les pires de toute l’Europe en enseignement des mathématiques et de la lecture. Toute l’histoire de ma famille et de mon engagement, c’est le refus du déclin. Je viens d’une famille d’entrepreneurs dans les tanneries et le textile, qui se sont battus jusqu’au bout face à la concurrence chinoise ; mes grands-parents me disaient: «Si tu fais de la politique, fais-le pour arrêter le déclin.»
Comment la France peut-elle surmonter ce déclin ?
Il faut un changement complet d’approche. Il faut en finir avec les programmes qui comprennent des centaines de mesures, se concentrer sur quelques priorités simples avec quelques repères, quelques valeurs de bon sens mais appliquées de manière extrêmement déterminées. Il y a pour moi trois priorités fondamentales:
– Le travail. C’est la valeur cardinale d’un pays. Il faut le revaloriser. Ce ne sont pas les Français qui ont perdu le sens du travail, c’est le travail qui a perdu son sens avec le développement de l’assistanat. Il faut faire l’inverse. Je me bats depuis des années, j’ai été attaqué pour avoir dénoncé le « cancer » de l’assistanat, je n’ai jamais lâché sur ce sujet. C’est le mal central de notre pays. Pour le corriger, il faut plus de liberté à l’intérieur de notre pays et plus de protection à l’extérieur. Il faut favoriser une logique de souveraineté et de travail permettant de valoriser ce qui est produit en France.
– L’argent public. Il n’y a pas d’argent magique, encore moins de « quoi qu’il en coûte ». On ne peut pas parler de développement durable si la première chose que l’on fait est de laisser une dette énorme à nos enfants. En cinq ans, dans notre région, on a montré qu’on était capable de faire des économies. On a fait d’Auvergne-Rhône-Alpes la région la mieux gérée de France: aucune augmentation d’impôts, une baisse très importante des dépenses de fonctionnement. Il ne peut y avoir de baisse de la fiscalité sans baisse de la dépense publique. Il n’y a pas de miracle.
– L’immigration. L’issue est très claire: il faut arrêter l’immigration le temps d’assimiler ceux qui sont chez nous. Si on continue à accueillir chaque année des records de réfugiés, d’immigration clandestine, sans réagir, il sera impossible d’intégrer. J’insiste sur un point: tout ceci n’est pas insurmontable. Cela nécessite juste de se concentrer sur quelques sujets, de faire preuve de bon sens et de détermination. Nous avons montré dans nos régions que c’était possible de le faire, sans mettre le pays à feu et à sang.
Comment restaurer l’autorité de l’État ?
Il y a une très belle phrase de Saint-John Perse qui dit: « La démocratie, plus qu’aucun autre régime, exige l’exercice de l’autorité. » C’est profondément juste. Quand on se pose cette question, quand on a arrêté un délinquant, c’est déjà trop tard. L’autorité, ça veut dire qu’on ne cède pas face aux zadistes. L’autorité, ça veut dire qu’on ne négocie rien sur l’autorité du professeur. L’autorité, ça veut dire qu’on ne va pas en Algérie pour s’excuser de l’histoire française. L’autorité, ça veut dire qu’on ne commémore pas Napoléon ou Colbert avec une pince à sucre en s’excusant d’honorer les héros de notre mémoire. L’autorité, ça veut dire que l’État ne renonce pas à appliquer ses propres lois et ne démissionne pas face aux activistes pro-immigration clandestine. L’autorité, ça veut dire qu’on ne laisse pas les puissances étrangères financer les mosquées sur notre territoire. Tout abandon, toute concession lézarde l’édifice de l’autorité. C’est un ensemble qui permet de donner du poids à la parole politique, de lui donner du crédit, de l’autorité. Tout petit recul se traduit à l’arrivée par des fissures que l’on n’arrive plus à colmater. Le sursaut commence par assumer le mot même d’autorité. Or, en ce moment, l’extrême gauche, les Verts et parfois même la République en marche veulent substituer à ce terme celui de résilience. Moi je crois à l’autorité. […]
Comment faire revenir l’électorat de droite parti chez Macron voire chez Le Pen ?
La droite doit faire très attention. La question n’est pas de prendre des postures de tactiques politiciennes en essayant de draguer un coup LREM, un coup le RN. Il faut se situer au niveau de l’engagement que je rappelais : le rendez-vous de civilisation de la présidentielle de 2022. Les électeurs attendent de la droite qu’elle porte l’intégralité de ses idées. Vous savez à quel point je me suis toujours battu sur cette ligne : la droite doit arrêter de renoncer à ce qu’elle est. La droite française est attendue sur l’économie et sur le régalien. Je ne suis pas intéressé en soi par le fait que la droite gagne cette présidentielle. Si c’est pour proposer un quinquennat radical-socialiste, ça n’a aucun intérêt ; nous ne ferons que descendre une marche de plus dans l’histoire du déclin français. Les derniers présidents de la République ont été élus par opposition à leur adversaire:Hollande contre Sarkozy, Macron contre Le Pen. Il est temps de retrouver un président de la République élu sur la base d’un projet. Pour moi, ce projet est très clair: il faut réparer la France. […]
Que dites-vous à Xavier Bertrand qui ne veut pas entendre parler de cette primaire ?
S’asseoir ensemble, débattre ensemble, gagner ensemble, ça n’est pas une option, c’est un devoir pour tout le monde.
Quelles leçons avez-vous tirées des résultats du premier tour des régionales et départementales ?
Elles ont montré qu’il y avait une immense attente à droite. Et un espoir de ne pas enfermer la démocratie française dans un faux choix, coincée entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Elle impose donc une grande responsabilité à tous les élus de la droite. Dans ma région Auvergne-Rhône-Alpes, je n’ai pas seulement voulu gagner, j’ai voulu gagner sur un cap clair. Avec des valeurs assumées, sur la sécurité, sur la bonne gestion de l’argent public, sur le travail, sur le refus du communautarisme. J’ai voulu que ces valeurs se traduisent en paroles tenues et en actes. Ce résultat montre aussi la force d’une politique qui se construit à partir du terrain dans une capacité à faire avancer vraiment les choses, par contraste avec un pays étouffé par un centralisme parisien. Gagner une élection n’est pas un but. Gagner avec une vision politique, une capacité à montrer que la politique est encore capable de faire des choses, voilà ce qui compte.
Comment expliquer l’abstention élevée malgré les enjeux ?
Il faut être lucide. En même temps qu’il y a une immense attente, il y a un immense doute. Celui-ci s’explique par un effondrement moral de la politique. L’écrivain russe Gogol parlerait d’âmes mortes: des politiques trahissent, changent de conviction, se vendent pour des postes. À l’approche de scrutins, des personnalités opèrent des virages surprenants sur le plan des idées: au lendemain des municipales, certains se sont remis à peindre en vert la totalité de leur programme ; à l’approche de la présidentielle, certains bombent le torse sur la sécurité et l’immigration, les mêmes qui, il y a trois ou quatre ans, fustigeaient le moindre propos un peu lucide sur ces questions. La réponse à l’abstention passe par des personnalités solides et constantes. C’est sans doute une des leçons que j’ai apprises dans les épreuves: dans ces moments, il y a toujours la tentation de se renier, de se soumettre aux nouvelles modes médiatiques, d’aller un peu plus dans le sens du vent. J’ai appris au contraire l’importance d’être dans la défense de ses idées, dans la durée et dans le maintien de ses convictions. Ce que Churchill disait très bien: «de la constance, dans la victoire comme dans l’adversité». C’est cette colonne vertébrale qui manque aujourd’hui à la politique.
Propos recueillis par Carl Meeus pour Le Figaro Magazine.
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5 Réponses à “Travail, argent public, immigration :
les 3 priorités de Laurent Wauquiez”
C’est le meilleur candidat pour la droite.
Pour moi aussi c’est le meilleur !
xavier bertrand peut aller a goche ou chez macron…
Si L Wauquiez ne se presente pas, E Zemmour le remplacerait assez bien.
D’ailleur a l’approche des elections presidentielles, la pseudo justice s’occupe de E Zemmour, et bien d’autre tous du parti LR, mais aucun des autres parti de goche et « progressiste »…
la pseudo justice toujours prete a detruire les chances de la droite.
Ces animaux politique utilisent les leviers de la pseudo justice pour reduire les chances de la vraie droite, elle ne s’attaquera pas a x bertrand le tout mou qui coulera tout seul, pour que MLP puisse repasser le 1 er tour et refaire un debat nul contre lui…
Zemmour est un observateur et un chroniqueur de talent, mais il en faut beaucoup plus pour gagner une élection. Son entrée en lice ferait perdre un peu plus la droite, et les voix qu’il glanerait manqueraient au candidat de droite …
On a un tout petit espoir, ne le gâchons pas !
« la droite doit arrêter de renoncer à ce qu’elle est » enfin le genre de discours qu’on veut entendre !
J’ai été agréablement surpris par cet entretien de Laurent Wauquiez. Malheureusement ça risque d’être un tandem Pécresse Bertrand que les caciques de LR choisiront …
Bertrand fait traîner pour que la primaire ne soit plus possible, et que le choix soit celui d’un petit comité. Et comme il est franc maçon, l’issue pour moi, ne fait aucun doute.
N’oublions jamais que ceux qui forment ce tandem sont partis car Wauquiez avait des idées trop à droite.
« à l’approche de la présidentielle, certains bombent le torse sur la sécurité et l’immigration, les mêmes qui, il y a trois ou quatre ans, fustigeaient le moindre propos un peu lucide sur ces questions. »
Voilà un tacle viril mais correct pour les girouettes de la droite molle qui tentent une nouvelle acrobatie en espérant retomber sur les jambes avec l’aide de sondages, d’interviews et de soutiens mediatico-judiciaires.
Sur ceux qui nous sont exposés actuellement, seuls Wauquiez ou Retailleau pourraient recevoir mon vote mais uniquement sur un programme clairement à droite.
Je crains bien que ces deux conditions soient inatteignables…