Voici l’édito de François d’Orcival paru la semaine dernière dans valeurs actuelles :
Enfin, « trop, c’est trop » …
La tolérance à l’égard du communautarisme, de la société « multiculturelle », de l’islamisme vole en éclats. Maintenant, on entre dans le dur.
Les illusions se dissipent enfin. Mais il aura fallu chez les Anglais, comme chez nous, à Notre-Dame de Paris, des actes d’une incroyable sauvagerie, perpétrés à la veille d’élections législatives, pour en venir là. L’un des trois djihadistes de Londres était donc d’origine pakistanaise; il avait 27 ans, il était connu des services de police et du MIS, le service de renseignement intérieur. Un profil identique à ceux de nos djihadistes, tous fichés par nos services, interrogés et suivis par eux, puis abandonnés, et qui surgissent de leur anonymat pour tuer avant d’être eux-mêmes tués. Et ça va continuer comme ça ?
Dimanche 4 juin, au lendemain du troisième attentat commis sur le sol britannique en moins de trois mois, à la voiture bélier, à la bombe, au couteau, le Premier ministre, Theresa May, qui jouait son sort aux élections de ce jeudi 8 juin, finit par dire : « Trop, c’est trop. » Elle ajoute, elle qui a été ministre de l’Intérieur de David Cameron : « Bien que des progrès significatifs aient été accomplis ces dernières années, il faut être franc, il y a eu beaucoup de tolérance à l’égard de l’extrémisme dans notre pays. » Et elle condamne ce communautarisme auquel s’était si bien habituée la société britannique -un débat « embarrassant » dit-elle …
Embarrassant en effet, quand il faut reconnaître la réalité de tant de quartiers ghettos, vivant à part selon leurs couturnes, l’existence de ces tribunaux islamiques appliquant la charia, celle de ces puissants réseaux afghans ou pakistanais qui font la loi, jusqu’à couvrir, durant une quinzaine d’années, des centaines de viols commis dans la ville de Rotherham. On s’en accommodait au nom de la société « plurielle », « multiethnique », « multiculturelle ». Et il n’y avait eu, depuis l’attentat du métro de Londres en 2005, qu’un seul attentat mortel motivé par l’islamisme – faisant une unique victime.
Les Londoniens sont allés plus loin : au mois de mai 2016, ils ont élu un maire d’origine pakistanaise, avocat travailliste, défenseur des droits de l’homme et de militants islamistes, Sadiq Khan. Et la classe politico-médiatique de s’exclamer: voici que, pour la première fois, une capitale de l’Union européenne se donne un maire musulman – quel merveilleux exemple de société « multiculturelle » ! C’était un mois avant le Brexit. Depuis, Londres n’est plus une capitale de l’Union, son maire pleure les victimes de la terreur islamiste, tout en répétant que sa ville est « la plus sûre du monde »··· Mais pourquoi le « Londonistan » attire-t-il à ce point ces centaines de milliers de migrants qui traversent le continent pour atteindre la Manche ?
Les bougies, les concerts, les messages de solidarité
consolent mais ne font pas une politique.
Les Britanniques ont pratiqué le communautarisme en croyant y trouver la paix sociale : ils ont couvé des actes de guerre civile. Les Français ont cru que l’intégration les préserverait du communautarisme, en fermant les yeux sur « L’apartheid social » des cités, ils y ont découvert les convertis de la terreur. « Les récentes attaques qui nous ont visés, disait Theresa May dimanche dernier, ne sont pas reliées entre elles par des réseaux au sens classique; elles le sont autrement – par l’idéologie diabolique de l’islamisme extrémiste qui prêche la haine et le sectarisme. Une idéologie selon laquelle nos valeurs occidentales de liberté, de démocratie, de droits de l’homme sont incompatibles avec l’islam. » Combien de tués et de blessés à vie aura-t-il fallu pour le comprendre ?
Le djihadisme n’en a jamais fini. Il a son propre projet politique, n’hésite pas à intervenir sur le calendrier électoral des « croisés ». La lente destruction du « califat » en Irak et en Syrie ne suffira pas à l’asphyxier: les islamistes sont en train de reconstituer leurs refuges ailleurs, en Libye et en Afghanistan. Mais c’est aussi chez nous que cela se passe.
Et depuis des années. D’un côté comme de l’autre de la Manche,
on est maintenant entré dans le dur.
François d’Orcival pour Valeurs actuelles.
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